Selon une étude suisse, les résultats des recherches sur l'effet biologique des téléphones portables sont biaisés par leurs financements.
Les publications scientifiques les plus rigoureuses sur l'impact sanitaire des téléphones portables sont celles qui sont conduites par des équipes associant des experts travaillant pour l'industrie et des experts rattachés à des organismes publics. Celles qui ont une source unique de financement - privé ou public - ont tendance à avoir des biais qui conduisent à minimiser les risques, ou au contraire à les aggraver.
C'est la conclusion d'une enquête conduite par une équipe de chercheurs suisses de l'université de Berne (1). Matthias Egger et ses associés insistent en conséquence sur la nécessité de déclarer de manière très détaillée les sources de financement des études.
L'enquête porte sur les études expérimentales cherchant à mesurer les effets biologiques de l'utilisation du téléphone portable (maux de tête, difficultés d'attention, mesures de bien-être, capacités cognitives, etc.). Les chercheurs suisses ont préféré écarter les études épidémiologiques, la plupart étant financées par des fonds publics et l'utilisation massive de ces petits appareils étant trop récente pour que celles-ci soient suffisamment pertinentes.
Incertitudes
De 1995 à 2005, ils ont recensé 222 études sur cette problématique dans les bases de données Embase et Medline. Aucun effet majeur n'a d'ailleurs été identifié. Après examen, ils n'en ont retenu que 59 susceptibles d'être comparées. Trois personnes de l'équipe ont recherché les biais de ces 59 publications, en se focalisant sur les méthodologies, les informations fournies sur les procédures de sélection des groupes exposés aux radiofréquences et des groupes témoins (non exposés), ainsi que sur la prise en compte des réactions des personnes exposées.
Ces analyses ont été menées en aveugle, sans connaître les auteurs ni la revue où l'étude a été publiée. Parallèlement, deux autres personnes ont décortiqué séparément les titres et les résumés des études, car c'est là où les auteurs exposent de la manière la plus claire leur interprétation des résultats.
Dans un deuxième temps, le tableau critique de ces études a été examiné à la lumière de leurs financements. « Nous avons trouvé que les sources de financement expliquent en grande partie des différences dans les résultats des études », note l'équipe suisse. Les études ayant des financements mixtes (24 %) provenant d'agences publiques, de fondations et d'opérateurs industriels, affichent les meilleurs résultats en termes de qualité, alors que les études ne mentionnant pas leurs sources de financement (37 %) ont les plus mauvais. » Quant à celles qui ont été financées par les industriels (20 %), elles ont tendance à montrer que les radiofréquences n'ont pas d'effets biologiques sur l'homme, tandis que celles qui ont été financées par des fonds publics (19 %) ont tendance à en trouver.
L'hétérogénéité des interprétations entretient une incertitude alors même que les liens entre effets biologiques et risques sanitaires ne sont pas établis. « Le fait de ne pas montrer un risque ne veut pas dire que tout risque est exclu. Même si le risque est minime, cela peut devenir un problème de santé publique, parce que les utilisateurs de téléphone portable sont très nombreux », explique Matthias Egger. Les États-Unis, l'Allemagne, le Danemark, la Hongrie, la Suisse et le Japon ont d'ailleurs décidé de poursuivre des recherches sur cette question. L'OMS (Organisation mondiale de la santé) a également demandé que les effets des radiofréquences sur le système immunitaire, neurologique et neuroendocrinien soient étudiés attentivement. Le financement de ces travaux devra donc être regardé de près.
La question des conflits d'intérêts en matière de téléphonie mobile a fait l'objet d'une polémique en France. Deux expertises de l'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) datant de 2003 et 2005 ont été vivement contestées par des associations, sous prétexte que plusieurs experts requis par l'agence avaient été financés par des industriels. Elles avaient montré que le seul risque avéré des portables, est celui observé dans les accidents de la circulation. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale de l'environnement (IGE), rendu public en septembre 2006, avait recommandé que l'agence mette en place « un dispositif de mise à jour des déclarations publiques d'intérêt des experts qui collaborent aux comités et aux groupes de travail ».
(1) Environmental Health Perspectives, janvier 2007.
Les publications scientifiques les plus rigoureuses sur l'impact sanitaire des téléphones portables sont celles qui sont conduites par des équipes associant des experts travaillant pour l'industrie et des experts rattachés à des organismes publics. Celles qui ont une source unique de financement - privé ou public - ont tendance à avoir des biais qui conduisent à minimiser les risques, ou au contraire à les aggraver.
C'est la conclusion d'une enquête conduite par une équipe de chercheurs suisses de l'université de Berne (1). Matthias Egger et ses associés insistent en conséquence sur la nécessité de déclarer de manière très détaillée les sources de financement des études.
L'enquête porte sur les études expérimentales cherchant à mesurer les effets biologiques de l'utilisation du téléphone portable (maux de tête, difficultés d'attention, mesures de bien-être, capacités cognitives, etc.). Les chercheurs suisses ont préféré écarter les études épidémiologiques, la plupart étant financées par des fonds publics et l'utilisation massive de ces petits appareils étant trop récente pour que celles-ci soient suffisamment pertinentes.
Incertitudes
De 1995 à 2005, ils ont recensé 222 études sur cette problématique dans les bases de données Embase et Medline. Aucun effet majeur n'a d'ailleurs été identifié. Après examen, ils n'en ont retenu que 59 susceptibles d'être comparées. Trois personnes de l'équipe ont recherché les biais de ces 59 publications, en se focalisant sur les méthodologies, les informations fournies sur les procédures de sélection des groupes exposés aux radiofréquences et des groupes témoins (non exposés), ainsi que sur la prise en compte des réactions des personnes exposées.
Ces analyses ont été menées en aveugle, sans connaître les auteurs ni la revue où l'étude a été publiée. Parallèlement, deux autres personnes ont décortiqué séparément les titres et les résumés des études, car c'est là où les auteurs exposent de la manière la plus claire leur interprétation des résultats.
Dans un deuxième temps, le tableau critique de ces études a été examiné à la lumière de leurs financements. « Nous avons trouvé que les sources de financement expliquent en grande partie des différences dans les résultats des études », note l'équipe suisse. Les études ayant des financements mixtes (24 %) provenant d'agences publiques, de fondations et d'opérateurs industriels, affichent les meilleurs résultats en termes de qualité, alors que les études ne mentionnant pas leurs sources de financement (37 %) ont les plus mauvais. » Quant à celles qui ont été financées par les industriels (20 %), elles ont tendance à montrer que les radiofréquences n'ont pas d'effets biologiques sur l'homme, tandis que celles qui ont été financées par des fonds publics (19 %) ont tendance à en trouver.
L'hétérogénéité des interprétations entretient une incertitude alors même que les liens entre effets biologiques et risques sanitaires ne sont pas établis. « Le fait de ne pas montrer un risque ne veut pas dire que tout risque est exclu. Même si le risque est minime, cela peut devenir un problème de santé publique, parce que les utilisateurs de téléphone portable sont très nombreux », explique Matthias Egger. Les États-Unis, l'Allemagne, le Danemark, la Hongrie, la Suisse et le Japon ont d'ailleurs décidé de poursuivre des recherches sur cette question. L'OMS (Organisation mondiale de la santé) a également demandé que les effets des radiofréquences sur le système immunitaire, neurologique et neuroendocrinien soient étudiés attentivement. Le financement de ces travaux devra donc être regardé de près.
La question des conflits d'intérêts en matière de téléphonie mobile a fait l'objet d'une polémique en France. Deux expertises de l'Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail) datant de 2003 et 2005 ont été vivement contestées par des associations, sous prétexte que plusieurs experts requis par l'agence avaient été financés par des industriels. Elles avaient montré que le seul risque avéré des portables, est celui observé dans les accidents de la circulation. Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale de l'environnement (IGE), rendu public en septembre 2006, avait recommandé que l'agence mette en place « un dispositif de mise à jour des déclarations publiques d'intérêt des experts qui collaborent aux comités et aux groupes de travail ».
(1) Environmental Health Perspectives, janvier 2007.
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