AFP - La hausse des prix à la pompe suscite l'espoir des passionnés de la communauté des «pantoneurs» qui, comme Fabrice Donzeau, un sapeur-pompier français, ont bricolé leur moteur pour le «doper à l'eau» selon le procédé franco-américain dit «G-Pantone».
M. Donzeau, originaire d'Excideuil dans le sud-est de la France, a déjà équipé deux voitures et une tondeuse à gazon. L'installation consiste à «faire chauffer de l'eau par les gaz d'échappement avant de la réinjecter dans le moteur afin d'obtenir un mélange gazeux» à base de vapeur d'eau et d'essence, censément plus efficace que le carburant sous forme liquide.
Bilan du procédé, breveté en 1998 par un ingénieur américain, Paul Pantone, puis amélioré par un Français, Antoine Gillier -d'où le nom de «moteur G-Pantone»-: 30% de consommation en moins et une teneur de CO2 dans les gaz d'échappement inférieure à ce que l'on observe à la sortie d'un véhicule équipé de pot catalytique, soutiennent les utilisateurs.
Bernard Gay, garagiste à Marsac-sur-l'Isle, est formel: «Ca marche». Ayant testé une 2CV équipée par M. Donzeau, il garantit qu'effectivement, les rejets polluants diminuent. Formel, donc, mais prudent: «Je n'ai pas installé le système sur mes propres véhicules. Et je ne sais pas ce que ça donnerait avec des moteurs modernes...»
Sur le site internet de référence des «pantoneurs», qui affiche presque deux millions de connexions depuis 1999, les plans de montage sont en libre accès et au moins 200 expérimentations sont recensées, décrites, photographiées: les maîtres mots sont empirisme et solidarité.
Machines agricoles, voitures, camions, groupes électrogènes, tondeuses à gazon, pelles mécaniques, motos et même un hélicoptère, aucun moteur à explosion n'échappe aux velléités expérimentales de cette communauté discrète, qui échange principalement par internet.
Mais alors, pourquoi un système à ce point économique, simple, efficace -et surtout légal, selon le bricoleur périgourdin, car «on ne touche pas à l'intégrité du moteur"- n'est-il pas encore produit et distribué à l'échelle industrielle, voire monté en série ?
Pouvoir du «lobby pétrolier», pressions des fabricants de pots catalytiques, mauvaise volonté des constructeurs automobile ou des gouvernants, répond M. Donzeau.
Chez Renault, en réalité, on est moins catégorique.
«L'adjonction d'eau au carburant» peut effectivement permettre de «réduire la pollution dans les gaz d'échappement», indique le constructeur dans un communiqué, relevant d'ailleurs que plusieurs procédés techniques de ce type sont déjà exploités par les constructeurs automobile.
«En revanche le moteur Pantone n'a jamais prouvé de gain de consommation en carburant», affirme le constructeur. En effet, aucune démonstration scientifique n'est jamais parvenue à expliquer de manière irréfutable une baisse de consommation.
«Si ça ne marche pas, qu'on vienne m'expliquer pourquoi je consomme 60% de moins avec ma tondeuse!», s'exclame Fabrice Donzeau, qui, en véritable pèlerin, parcourt derrière son engin comices, foires bio et autres rassemblements de vieilles mécaniques, afin de convaincre le public de l'efficacité du procédé G-Pantone.
Chez les adeptes du moteur Pantone, la théorie du complot est aussi fort populaire. Car qu'est-ce qui peut empêcher un entrepreneur indépendant et motivé de créer sa propre entreprise, sinon un complot mondial ?