17 septembre 2008

Une plainte au pénal vise Bouygues Telecom

NOUVELOBS.COM

Une famille de Chevreuse, dans les Yvelines, lie les problèmes de santé de deux jeunes filles à la présence, non loin de la maison, d'une antenne-relais de téléphonie mobile. Elle a porté plainte.

Pour la première fois en France, une plainte au pénal (lire les principaux extraits de la plainte) a été déposée, mercredi 17 septembre dans l'après-midi, au Tribunal de Grande Instance de Paris, visant directement un opérateur de téléphonie mobile, pour "administration de substance nuisible".
L'antenne-relais placée par Bouygues Telecom dans le quartier du Rhodon, à Chevreuse (Yvelines), serait responsable de la dégradation de l'état de santé de Caroline et Juliette Roeland, deux jumelles de 17 ans, selon la famille. "Pour la première fois, nous avons un certificat médical qui lie des problèmes de santé à la présence d'une antenne de téléphonie mobile", explique Me Richard Forget, avocat de la famille Roeland.
Daté du 28 novembre 2006, le premier certificat, qui concerne Juliette, affirme que "les troubles cardiaques que présente (la jeune fille) sont susceptibles d'être en rapport avec la promiscuité d'une antenne de téléphonie mobile – ou aggravés par cette promiscuité". Le second certificat, rédigé le 29 mai 2007, établit que "les troubles présentés par mademoiselle Caroline Roeland sont susceptibles d'être accentués voire provoqués par la présence de champs magnétiques à proximité d'antennes-relais".
La famille n'est pas seule dans son combat d'ailleurs, une bonne partie du quartier du Rhodon s'était mobilisé dès 2000, une fois connu le projet de Bouygues d'implanter une antenne-relais sur une tourelle située dans le jardin d'un particulier. Las. Malgré l'opposition du maire lui-même, l'antenne a commencé à émettre en 2003.
C'est là que les problèmes sont apparus. Les deux jeunes filles ont commencé par faire de la tachycardie, leur rythme cardiaque affichant entre 120 et 130 battements par minute au repos. "Mes filles étaient essoufflées ne serait-ce qu'en montant l'escalier", explique la mère de Justine et Caroline. "Nous avons été voir un premier cardiologue, mais la seule solution qu'il nous a proposée, c'était d'administrer des bétablocants à mes filles, sans chercher les causes de leurs troubles. Nous avons donc été voir un deuxième cardiologue. Je me souviens encore: lorsque dans son cabinet, je lui ai expliqué que nous habitions à proximité d'une antenne-relais, il s'est levé, m'a regardé d'un air martial en me disant: 'Ne cherchez plus, nous avons trouvé où était le problème'".

Bouygues Télécom : "Les antennes ne sont pas dangereuses"

Contactée par le Nouvel Observateur, la responsable des relations extérieures de Bouygues Telecom, Florence Curvale, balaie cette possibilité : "Les antennes-relais ne sont pas dangereuses pour la santé des riverains. A ce jour, tous les groupes d’experts consultés par les autorités sanitaires en France comme à l’étranger arrivent aux mêmes conclusions sur les antennes-relais. "Aucune des 200 études menées à ce jour ne démontre un danger du téléphone mobile pour la santé".
Et de citer un aide-mémoire de l'OMS de mai 2006 et un article du ministère de la Santé, selon lequel "l’hypothèse d’un risque pour la santé des populations vivant à proximité de ces stations ne pouvait être retenue".
Par ailleurs, précise Florence Curvale, "dans un souci de transparence, Bouygues Telecom a fait mesurer, par un bureau de contrôle indépendant certifié COFRAC, le champ électromagnétique ambiant à proximité de l’antenne-relais implantée dans le quartier du Rhodon. Les résultats obtenus sont très faibles: 0,31 V/m".

Au grenier

Ce n'est pourtant pas ce que soutient la famille. L'association Robin des Toits, qui lutte contre les dangers du portable et des antennes-relais, a été contactée pour qu'elle vienne faire des relevés dans la maison. "Les deux chambres des filles affichaient des taux de 2,5 à 3 volts/mètre, bizarrement, c'est dans le grenier que les taux étaient les plus faibles". Depuis, Juliette et Caroline dorment dans cette pièce. Mais les symptômes ne se sont pas arrêtés à la tachycardie. "Difficultés d'endormissement, démangeaisons, mâchoire qui se déboite, mes filles vont de plus en plus mal", explique Roselyne Roeland, "même leur système immunitaire est affaibli. Il n'y pas très longtemps, une de mes filles a été piquée par un insecte, c'est toute sa jambe qui s'est infectée".
Depuis la réforme du code de procédure pénale, il n'est plus possible de déposer directement une plainte avec constitution de partie civile. Tout est donc entre les mains du parquet. "Mais dans trois mois, si rien ne se passe, nous nous porterons partie civile", affirme Me Forget, "il y aura au moins une instruction".
"Nous voulons juste que Bouygues déplace son antenne. Nous habitons à proximité d'un bois, Bouygues pourrait y installer son antenne et respecter ainsi les 300 mètres de périmètre de sécurité que nous réclamons", affirme la mère de famille. Mais comme rien n'a bougé depuis cinq ans, elle a décidé de passer à l'offensive car, "maintenant, nous avons très envie que le scandale éclate".

Christophe Gueugneau


N'ayant jamais réussi à faire valoir leurs points de vue auprès des scientifiques, les associations anti-ondes (attaquant aussi bien fours à micro-ondes, Wifi que téléphonie portable, en oubliant la trop banale télévision) passent au volet juridique, comme si la justice pouvait décider de ce qui est causal dans les 'maladies' prétendues. Comme il est peu probable que le parquet poursuive, ces associations se porteront partie civile, sans plus de résultat.
Quel intérêt ont-elles dans ce cas ?
Simplement, le "buzz" engendré par leur action aura le mérite de ne pas leur couter cher en publicité et aura le même effet auprès de ceux qui pensent qu'il n'y a pas de fumée sans feu (si on en parle, c'est qu'il y a quelque chose, hein?). La victoire scientifique et judiciaire leur étant interdite, il ne leur reste que la victoire médiatique et ils s'en contenteraient bien.
Précisons que la personne qui porte plainte n'est pas une 'victime innocente', mais une activiste anti-ondes.