PARIS (Reuters) - Deux anciens adeptes de la communauté biblique Tabitha's Place ont exposé mardi à l'Assemblée nationale leurs six années passées reclus dans un château des Pyrénées-Atlantiques, avec leurs enfants, éduqués en dehors du système scolaire et non suivis médicalement.
Devant la commission d'enquête parlementaire sur les sectes, le couple, Michel et Anne-Marie, a raconté les longues journées de travail au rythme des saisons, les repas frugaux, l'absence de médicaments, la surveillance constante et le "compte en banque qui se vide au fur et à mesure".
"Ils disaient que c'était la foi qui les animait, mais c'est une très bonne idée de business en se servant de la naïveté de gens comme moi", a expliqué le père, qui a pris la décision de rejoindre la communauté en décembre 1998. "Tout était très subtil, en douceur, avec des gens qui ont toujours le mot Dieu à la bouche".
Les parents ont surtout été interrogés sur la situation de leurs quatre enfants, dont la petite dernière est née au château de Sus-Navarrenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, où Tabitha's Place est installée depuis le début des années 80.
La commission, dirigée par le député UMP du Rhône Georges Fenech, doit rendre le 19 décembre un rapport sur "l'influence des mouvements sectaires et les conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs".
Elle a réalisé pour cela une trentaine d'auditions, notamment d'anciens membres du Soka Gakkai, un mouvement bouddhiste prosélyte répertorié comme secte par plusieurs rapports parlementaires.
Le 21 novembre, des membres de la commission se sont rendus dans les Pyrénées-Atlantiques pour une visite surprise, découvrant 18 enfants en âge d'être scolarisés, ne connaissant ni internet, ni Zidane, ni Johnny Hallyday. Au total, la communauté compterait 120 membres, dont une soixantaine d'enfants mais les responsables de Tabitha's Place, également appelée "Ordre apostolique", n'ont pas fourni de chiffres exacts.
Ses membres ont eu plusieurs fois maille à partir avec la justice, notamment pour soustraction aux obligations légales des parents (refus de scolarisation et de vaccination). En 2001, un couple a été condamné à douze ans de réclusion criminelle pour avoir laissé mourir leur enfant de 19 mois. Il souffrait d'une malformation cardiaque et a été découvert en état de malnutrition avancée.
"ENFANTS PURS (...) À L'IMAGE DU CRUCIFIÉ"
"Le but de Tabitha's Place n'est pas de faire (des enfants) des citoyens mais des disciples de Yashuah", le nom hébreu de Jésus, a expliqué le père de famille, coordonnier-bottier avant d'être enrôlé. "Ils doivent être dans la soumission totale (...) des enfants purs, sans péché (...) des disciples à l'image du Crucifié".
On leur apprend notamment qu'ils "mourront avec joie" et à chaque "désobéissance", ils sont "corrigés" avec une baguette en osier.
Les membres de la commission ont voulu savoir pourquoi ils étaient restés si longtemps au détriment de l'éducation de leurs enfants, à qui des membres ont enseigné des rudiments de français et de mathématiques mais seulement l'histoire de l'Ancien Testament - "Cela a été très dur pour eux d'apprendre l'existence des hommes préhistoriques", a rapporté le père.
"On vivait comme si on était dans un pays étranger, on nous disait que la société autour était le mal personnifié, Satan etc... Vous n'avez pas envie de mettre vos enfants au monde dans les ténèbres", a avancé la mère de famille, qui a accouché sans assistance médicale, perdant deux litres de sang et mettant des mois à s'en remettre.
"Les croyances des uns et des autres, ce n'est pas notre problème. Notre problème c'est le problème citoyen et républicain que pose les enfants", a expliqué le rapporteur de la commission, le député PS des Ardennes, Philippe Vuilque, promettant une "réaction à la hauteur" dans le rapport à venir.
La commission envisage notamment de mieux encadrer, en accentuant les contrôles, la scolarisation à domicile, "qui ne doit pas être interdite parce qu'elle est vitale pour les enfants handicapés", a-t-il ajouté.
Les parents, qui étaient arrivés dans la communauté pour un "séjour de quatre jours", n'ont trouvé le courage de s'enfuir qu'à l'été 2004, rescolarisant leurs enfants en Bretagne.
Leur fils "parle parfois d'envie de vengeance", deux de leurs filles font des cauchemars où un avion militaire vient enlever tous les enfants sauf elles, un "comportement de bêtes traquées" que leur père attribue aux "litiges incessants avec l'inspection académique".
Devant la commission d'enquête parlementaire sur les sectes, le couple, Michel et Anne-Marie, a raconté les longues journées de travail au rythme des saisons, les repas frugaux, l'absence de médicaments, la surveillance constante et le "compte en banque qui se vide au fur et à mesure".
"Ils disaient que c'était la foi qui les animait, mais c'est une très bonne idée de business en se servant de la naïveté de gens comme moi", a expliqué le père, qui a pris la décision de rejoindre la communauté en décembre 1998. "Tout était très subtil, en douceur, avec des gens qui ont toujours le mot Dieu à la bouche".
Les parents ont surtout été interrogés sur la situation de leurs quatre enfants, dont la petite dernière est née au château de Sus-Navarrenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, où Tabitha's Place est installée depuis le début des années 80.
La commission, dirigée par le député UMP du Rhône Georges Fenech, doit rendre le 19 décembre un rapport sur "l'influence des mouvements sectaires et les conséquences de leurs pratiques sur la santé physique et mentale des mineurs".
Elle a réalisé pour cela une trentaine d'auditions, notamment d'anciens membres du Soka Gakkai, un mouvement bouddhiste prosélyte répertorié comme secte par plusieurs rapports parlementaires.
Le 21 novembre, des membres de la commission se sont rendus dans les Pyrénées-Atlantiques pour une visite surprise, découvrant 18 enfants en âge d'être scolarisés, ne connaissant ni internet, ni Zidane, ni Johnny Hallyday. Au total, la communauté compterait 120 membres, dont une soixantaine d'enfants mais les responsables de Tabitha's Place, également appelée "Ordre apostolique", n'ont pas fourni de chiffres exacts.
Ses membres ont eu plusieurs fois maille à partir avec la justice, notamment pour soustraction aux obligations légales des parents (refus de scolarisation et de vaccination). En 2001, un couple a été condamné à douze ans de réclusion criminelle pour avoir laissé mourir leur enfant de 19 mois. Il souffrait d'une malformation cardiaque et a été découvert en état de malnutrition avancée.
"ENFANTS PURS (...) À L'IMAGE DU CRUCIFIÉ"
"Le but de Tabitha's Place n'est pas de faire (des enfants) des citoyens mais des disciples de Yashuah", le nom hébreu de Jésus, a expliqué le père de famille, coordonnier-bottier avant d'être enrôlé. "Ils doivent être dans la soumission totale (...) des enfants purs, sans péché (...) des disciples à l'image du Crucifié".
On leur apprend notamment qu'ils "mourront avec joie" et à chaque "désobéissance", ils sont "corrigés" avec une baguette en osier.
Les membres de la commission ont voulu savoir pourquoi ils étaient restés si longtemps au détriment de l'éducation de leurs enfants, à qui des membres ont enseigné des rudiments de français et de mathématiques mais seulement l'histoire de l'Ancien Testament - "Cela a été très dur pour eux d'apprendre l'existence des hommes préhistoriques", a rapporté le père.
"On vivait comme si on était dans un pays étranger, on nous disait que la société autour était le mal personnifié, Satan etc... Vous n'avez pas envie de mettre vos enfants au monde dans les ténèbres", a avancé la mère de famille, qui a accouché sans assistance médicale, perdant deux litres de sang et mettant des mois à s'en remettre.
"Les croyances des uns et des autres, ce n'est pas notre problème. Notre problème c'est le problème citoyen et républicain que pose les enfants", a expliqué le rapporteur de la commission, le député PS des Ardennes, Philippe Vuilque, promettant une "réaction à la hauteur" dans le rapport à venir.
La commission envisage notamment de mieux encadrer, en accentuant les contrôles, la scolarisation à domicile, "qui ne doit pas être interdite parce qu'elle est vitale pour les enfants handicapés", a-t-il ajouté.
Les parents, qui étaient arrivés dans la communauté pour un "séjour de quatre jours", n'ont trouvé le courage de s'enfuir qu'à l'été 2004, rescolarisant leurs enfants en Bretagne.
Leur fils "parle parfois d'envie de vengeance", deux de leurs filles font des cauchemars où un avion militaire vient enlever tous les enfants sauf elles, un "comportement de bêtes traquées" que leur père attribue aux "litiges incessants avec l'inspection académique".
Un témoignage de plus sur la nocivité de ces mouvements sectaires.