14 mars 2007

Quand les académiciens débattent du réchauffement

LE MONDE

L'Académie des sciences française est une institution singulière. C'est, au monde, un des derniers lieux de savoir où l'on doute encore de la cause principale du changement climatique. Un débat sur la question se tenait, mardi 13 mars à l'Institut, opposant la communauté des climatologues à des géophysiciens proches de Claude Allègre, principalement Vincent Courtillot et Jean-Louis Le Mouël. Pour ces derniers, d'autres causes que les émissions humaines de gaz à effet de serre doivent être examinées pour expliquer le réchauffement actuel.

Lesquelles ? Une multitude de paramètres externes peuvent être invoqués : variations de l'activité solaire, de l'intensité du rayonnement cosmique, des mouvements d'oscillation de la Terre sur le plan de son orbite, etc. Jean-Louis Le Mouël a ainsi tenté de corréler des indices d'activité de notre étoile - comme, par exemple, la surface des taches solaires - aux changements de température survenus au cours des XIXe et XXe siècles. Sans toutefois, à aucun moment, pouvoir mettre en lumière un lien entre le Soleil et le changement noté depuis la fin des années 1980... Le géophysicien de l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP) a également argué du fait que les variations de l'éclairement du Soleil - au cours de son cycle de 11 ans - sont de l'ordre de 1 watt par mètre carré (W/m2). Et que, du coup, il n'est pas illégitime de comparer cette influence à celle des émissions humaines de gaz à effet de serre, estimée à 2,8 W/m2.

Ce faisant, M. Le Mouël commet une grossière erreur de calcul. La comparaison qu'il établit vaudrait si la Terre était plate, si, par surcroît, elle montrait toujours la même face au Soleil et si, pour finir, elle en absorbait tout le rayonnement incident. Hélas !, la Terre est ronde. Et elle réfléchit une part de la lumière qu'elle reçoit. Ces deux caractéristiques, notoires, rappelées dans son allocution par le climatologue Edouard Bard (Collège de France), font que la valeur de 1 W/m2 doit être réduite au moins d'un facteur cinq. Et qu'elle devient, du coup, négligeable face aux 2,8 W/m2 imputables aux activités humaines...

Dans son exposé, Hervé Le Treut, directeur du Laboratoire de météorologie dynamique (CNRS) a pour sa part exhibé les courbes de croissance de la température moyenne mesurée sur les quinze dernières années. La concordance de ces mesures avec les prévisions des modèles numériques, tant décriés par les disciples de Claude Allègre, valait tous les discours. "La charge de la preuve est désormais inversée", a déclaré M. Le Treut à ses contradicteurs. Ce que, d'ailleurs, n'a pas nié Vincent Courtillot, directeur de l'IPGP, admettant le caractère "ultra-minoritaire" de l'école qu'il représente.

Stéphane Foucart


Intéressant exemple de discussion sur la charge de la preuve. La théorie des émissions de gaz à effet de serre a atteint un tel degré de consensus que la charge de la preuve s'en est trouvée inversée. C'est maintenant aux opposants de cette théorie d'avancer des arguments convaincants pour dédouaner l'influence humaine. C'est l'application du principe "une affirmation extraordinaire exige une preuve extraordinaire". Simplement, c'est maintenant l'innocence de l'humanité qui paraît extraordinaire, alors que cétait l'inverse il y a seulement dix ans.

Le Parlement européen blâme un député polonais

NOUVELOBS.COM

Maciej Giertych a été réprimandé pour avoir rédigé une brochure portant le logo de l'institution européenne dans laquelle il explique qu'il "ne peut y avoir d'entente" entre les "civilisations" juive et chrétienne.

Maciej Giertych, le député polonais d'extrême droite qui a publié une brochure antisémite estampillée du logo du Parlement européen, a reçu un blâme, annoncé mercredi 14 mars le président de l'institution Hans-Gert Pöttering.
A l'ouverture de la séance à Strasbourg, le président a déclaré: "J'ai décidé qu'une réprimande devait vous être imposée". Cette sanction est la plus légère prévue par le réglement, le député polonais pouvant encourir jusqu'à dix jours de suspension et la suppression temporaire de ses indemnités de séjour.
"J'ai profondément regretté ce qui constitue objectivement une violation des droits fondamentaux, et de la dignité des droits humains à laquelle souscrit notre institution", a indiqué Hans-Gert Pöttering.
Le Parlement européen, qui condamne toute forme de xénophobie, ne peut être associé à ce qui est écrit dans votre brochure", a-t-il ajouté.

"Pas la position officielle du Parlement européen"

Dans sa brochure éditée en Pologne, Maciej Giertych, membre de la Ligue des Familles polonaises (LPR) qui fait partie de la coalition au pouvoir à Varsovie, explique qu'il "ne peut y avoir d'entente" entre les "civilisations" juive et chrétienne.
Tout en avertissant que "ses vues ne représentent pas la position officielle du Parlement européen", il y affirme notamment que le Juifs "développent des différences biologiques", parce qu'ils "préfèrent volontairement vivre séparés des communautés qui les entourent (...) et forment eux-mêmes des ghettos".
Mardi, quelques eurodéputés ont participé à une petite manifestation d'associations antiracistes qui réclamaient son exclusion.
La libérale belge Frédérique Ries a annoncé qu'elle étudierait les possibilités de porter plainte en Belgique contre Maciej Giertych, afin que la justice d'un Etat membre demande au Parlement la levée de son immunité.


Sans doute ce député est-il un expert en biologie. Son fils est aussi ministre de l'Education en Pologne. On craint le pire.