JEAN-MICHEL BADER
LeFigaro.fr
DEPUIS 3 500 ANS, l'ail (allium sativum) et l'ail sauvage (allium ursinum) sont utilisés pour lutter contre les maladies cardiovasculaires. La première description date du Codex Ebers de l'ancienne Égypte. Depuis deux cents ans, la médecine occidentale s'est emparée des propriétés médicinales de l'ail et plus de 100 études cliniques ont été publiées sur ses effets préventifs dans les maladies cardiaques et vasculaires. Les firmes commerciales font une promotion sans freins de cet effet supposé protecteur contre le cholestérol et ce n'est pas par hasard qu'aux États-Unis, l'ail sous forme de suppléments soit le n° 1 des ventes des épices. L'ail écrasé libère de l'alliine et son enzyme l'alliinase, pour produire l'allicine, principe actif.
Or, une étude publiée aujourd'hui dans les Archives of Internal Medicine, par Christopher Gardner (université de Stanford), met à mal cette croyance. En effet, pendant six mois, près de 200 sujets volontaires âgés de 30 à 65 ans, et ayant une concentration de LDL cholestérol (le « mauvais » cholestérol) « modérément élevée » (130 à 190 mg par dl), ont participé à un essai clinique de l'ail. Six jours sur sept, les participants ont reçu soit de l'ail cru réduit en poudre, soit l'une de deux préparations commerciales d'ail, la Garciline ou le Kyolic 100, soit un placebo.
Première étude d'envergure
La quantité d'ail quotidienne correspondait environ à une gousse de taille moyenne. Tous les mois, la composition des suppléments à l'ail et la concentration sanguine de LDL cholestérol des cobayes humains étaient mesurées. Entre novembre 2002 et juin 2005, 169 sujets de l'étude ont poursuivi le traitement. Ni l'ail cru, ni les deux préparations commerciales ne sont capables de diminuer significativement le LDL cholestérol des sujets de cette étude, la première de cette envergure publiée dans une revue savante. La diminution maximale observée de la concentration sanguine de LDL cholestérol ne dépasse pas les 10 mg par décilitre de sang.
Le « bon » cholestérol (HDL), les triglycérides et le rapport des deux cholestérols, marqueurs de la santé lipidique de l'individu, n'ont pas du tout été modifiés.
Seul effet secondaire notable : une haleine et une odeur d'ail prononcée ont été observées par 28 participants du groupe ayant consommé de l'ail cru.
Pour autant, ce n'est pas la démonstration définitive que l'ail n'a aucune vertu préventive. Pour évaluer l'effet protecteur de tout agent sur le coeur et les vaisseaux, dans de tels essais cliniques, explique un éditorial de la revue américaine, signé du Dr Mary Charlson de l'université Cornell (New York), il faut définir l'objectif primaire ad hoc. « Le LDL est la cible principale mais pas la seule », a-t-elle expliqué au Figaro.
Si les anomalies de la concentration des lipides (comme le cholestérol par exemple) sont des facteurs contributifs importants, ce ne serait pas uniquement le LDL cholestérol qui contribuerait à la plaque d'athérome. « Il faut compter avec l'inflammation, l'hypertension artérielle, l'agrégation des plaquettes sanguines, le diabète, le tabagisme et la génétique », complète Mary Charlson.
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DEPUIS 3 500 ANS, l'ail (allium sativum) et l'ail sauvage (allium ursinum) sont utilisés pour lutter contre les maladies cardiovasculaires. La première description date du Codex Ebers de l'ancienne Égypte. Depuis deux cents ans, la médecine occidentale s'est emparée des propriétés médicinales de l'ail et plus de 100 études cliniques ont été publiées sur ses effets préventifs dans les maladies cardiaques et vasculaires. Les firmes commerciales font une promotion sans freins de cet effet supposé protecteur contre le cholestérol et ce n'est pas par hasard qu'aux États-Unis, l'ail sous forme de suppléments soit le n° 1 des ventes des épices. L'ail écrasé libère de l'alliine et son enzyme l'alliinase, pour produire l'allicine, principe actif.
Or, une étude publiée aujourd'hui dans les Archives of Internal Medicine, par Christopher Gardner (université de Stanford), met à mal cette croyance. En effet, pendant six mois, près de 200 sujets volontaires âgés de 30 à 65 ans, et ayant une concentration de LDL cholestérol (le « mauvais » cholestérol) « modérément élevée » (130 à 190 mg par dl), ont participé à un essai clinique de l'ail. Six jours sur sept, les participants ont reçu soit de l'ail cru réduit en poudre, soit l'une de deux préparations commerciales d'ail, la Garciline ou le Kyolic 100, soit un placebo.
Première étude d'envergure
La quantité d'ail quotidienne correspondait environ à une gousse de taille moyenne. Tous les mois, la composition des suppléments à l'ail et la concentration sanguine de LDL cholestérol des cobayes humains étaient mesurées. Entre novembre 2002 et juin 2005, 169 sujets de l'étude ont poursuivi le traitement. Ni l'ail cru, ni les deux préparations commerciales ne sont capables de diminuer significativement le LDL cholestérol des sujets de cette étude, la première de cette envergure publiée dans une revue savante. La diminution maximale observée de la concentration sanguine de LDL cholestérol ne dépasse pas les 10 mg par décilitre de sang.
Le « bon » cholestérol (HDL), les triglycérides et le rapport des deux cholestérols, marqueurs de la santé lipidique de l'individu, n'ont pas du tout été modifiés.
Seul effet secondaire notable : une haleine et une odeur d'ail prononcée ont été observées par 28 participants du groupe ayant consommé de l'ail cru.
Pour autant, ce n'est pas la démonstration définitive que l'ail n'a aucune vertu préventive. Pour évaluer l'effet protecteur de tout agent sur le coeur et les vaisseaux, dans de tels essais cliniques, explique un éditorial de la revue américaine, signé du Dr Mary Charlson de l'université Cornell (New York), il faut définir l'objectif primaire ad hoc. « Le LDL est la cible principale mais pas la seule », a-t-elle expliqué au Figaro.
Si les anomalies de la concentration des lipides (comme le cholestérol par exemple) sont des facteurs contributifs importants, ce ne serait pas uniquement le LDL cholestérol qui contribuerait à la plaque d'athérome. « Il faut compter avec l'inflammation, l'hypertension artérielle, l'agrégation des plaquettes sanguines, le diabète, le tabagisme et la génétique », complète Mary Charlson.
Un certain nombre de 'croyances de grand-mères' subsistent bien des années après qu'on les ait invalidées par des études scientifiques. A un moment, il faudra bien arrêter de se les répéter.