23 mars 2005

Un éléphant qui vrombit comme un camion

PARIS (AFP) – Les éléphants d'Afrique sont capables d'apprendre et d'imiter des sons comme... le vrombissement d'un camion ou les cris de leurs cousins d'Asie, révèlent Peter Tyack, de l'université de Vienne, et ses collègues, dans la revue Nature de jeudi.
Dans le cadre de l'étude dirigée par le zoologiste autrichien, les scientifiques ont analysé des exemples d'imitation vocale chez deux éléphants de savane d'Afrique vivant dans des milieux complètement différents.
Le premier, Mlaika, est une femelle adolescente de dix ans qui fait partie d'un groupe d'éléphants orphelins gardés en semi-captivité dans le Parc national de Tsavo, au Kenya. Elle passe la nuit dans un enclos situé à trois kilomètres de la route Nairobi-Mombassa.
Les sons qu'elle émet sont "sensiblement différents" des cris habituels de l'espèce et ressemblent au vrombissement de camions, assurent les chercheurs, qui ont comparé aussi bien les enregistrements des deux bruits que leurs spectrogrammes.
Le deuxième éléphant, Calimero, est, lui, un mâle de 23 ans qui a partagé 18 années de sa vie avec deux éléphants d'Asie femelles au zoo de Bâle, en Suisse.
A la différence des éléphants d'Afrique connus pour leur barrissement, ceux d'Asie communiquent surtout par une sorte de "gazouillement". Or, indique Peter Tyack et ses collègues, Calimero a adopté la "langue étrangère" de ses voisines au point d'exclure presque totalement tout autre son.
Selon les scientifiques, il s'agirait du premier cas connu de ce genre d'imitation vocale chez un mammifère terrestre autre qu'un primate. Outre les singes, cette capacité est propre aux oiseaux et aux mammifères marins, auxquels elle permettrait de renforcer et de maintenir des liens individuels au sein de groupes sociaux complexes.
De toute manière, les vocalisations des éléphants sont plus variées que l'on ne pensait il y a encore quelques années et vont de cris aigus à des grondements profonds, dont deux tiers sont émis à une fréquence trop basse pour être audibles par l'homme.
Les pachydermes communiquent aussi en martelant le sol avec les pieds, provoquant des vibrations perceptibles à plus de 30 kilomètres de distance pour avertir apparemment leurs congénères d'un danger éloigné.


Le dernier paragraphe permet d’expliquer comment les éléphants ont pu échapper aussi facilement au tsunami de décembre : les piétinements affolés de leurs congénères les ont prévenus à plus de 30 kilomètres à la ronde, en quelques minutes.