Audrey Dreillard
Edition France Soir du samedi 25 octobre 2008 n°19937 page
Edition France Soir du samedi 25 octobre 2008 n°19937 page
Selon un rapport remis aux pouvoirs publics, deux personnes sur trois qui exercent des actes d’ostéopathie ne seraient pas aptes à le faire.
C’est la Chambre nationale des ostéopathes qui a tiré la sonnette d’alarme, information révélée par Europe 1 : dans un rapport remis vendredi à Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, ce syndicat montre que deux tiers des personnes qui se disent en France « ostéopathes », ou qui effectuent des manipulations, n’auraient pas suivi le nombre d’heures de formation prévues par la loi. Longtemps considérée comme une pratique alternative, l’ostéopathie n’a réellement été reconnue que très récemment. Les décrets de mars 2007 imposent ainsi un minimum de 2.660 heures de formation pour les étudiants post-bac, tandis que les personnes qui possèdent déjà un diplôme de santé, comme les kinésithérapeutes, doivent suivre au minimum 1.225 heures de formation pour prétendre au titre d’ostéopathe.
Pour Guy Roulier, de la Chambre nationale des ostéopathes, à l’origine du rapport, cette enquête vise à dénoncer certains professionnels qui manipulent des patients alors même que l’insuffisance de leur formation ne leur permet pas d’accéder au titre d’ostéopathe. Un comportement qui peut mettre la santé des patients en jeux. « Il s’agit de garantir la qualité des soins, et de mettre en garde le patient, qui doit être en mesure de savoir à qui il a à faire », explique-t-il, interrogé par France-Soir.
Fraude à l’assurance maladie
La Chambre nationale des ostéopathes souhaite également attirer l’attention du ministère sur un système de fraude à l’assurance maladie. « Une partie de ces praticiens fait des manipulations sous couvert d’actes médicaux, et permet ainsi à leurs patients d’être remboursés par la Sécurité sociale, alors que l’ostéopathie n’est normalement pas remboursée », souligne Guy Roulier, qui estime à au moins 600 millions d’euros le montant de cette fraude.
Comment donc, être sûr de s’adresser à un praticien compétent ? Pour Dominique Blanc, président de l’Union fédérale des ostéopathes, il faut d’abord se tourner vers un ostéopathe exclusif, c’est-à-dire qui consacre 100 % de son temps à cette activité. Par ailleurs, « au moins 4.300 heures de formation nous semblent nécessaires. C’est d’ailleurs le minimum requis pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et par la Fédération européenne d’ostéopathie. Les praticiens qui n’ont reçu que 2.660 heures d’apprentissage font essentiellement du musculo-squelettique, tandis les volets crânien et viscéral sont nécessaires pour bénéficier d’un cursus complet », souligne Dominique Blanc. Une exigence d’ailleurs partagée par Jean Fancello, président du Syndicat national des ostéopathes de France, une des nombreuses organisations professionnels de cette discipline.
Donc les ostéopathes eux-mêmes reconnaissent que deux sur trois sont incompétents, sans bien sûr inclure le fait qu'aucune théorie scientifique n'arrive à justifier leur pratique. En tout, disons qu'il y aurait environ une chance sur dix pour qu'une séance d'ostéopathie soit suivie du moindre effet réel. A peu près autant qu'une autre thérapie gratuite pour la Sécu: l'effet placebo.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire