Par Philippe ALFROY(AFP) - Nicolas Sarkozy devrait revenir jeudi, lors de ses voeux aux corps religieux, sur la place de choix qu'il réserve à la religion dans la société et sur sa conception de la laïcité, dans la foulée de deux discours très polémiques prononcés à Rome puis Ryad.
Après avoir vanté le mois dernier devant des dignitaires de l'Eglise catholique les "racines chrétiennes de la France", le président français a une nouvelle fois exalté lundi l'héritage "civilisateur" des religions, cette fois en Arabie saoudite devant des dignitaires du très rigoriste régime saoudien, à chaque fois dans des termes inédits pour le chef d'un Etat laïque.
Les convictions du nouveau locataire de l'Elysée sur l'importance de la religion ne constituent pas une surprise. Dès 2004, celui qui était alors le ministre de l'Intérieur, et des cultes, les avaient "rodées" dans un livre d'entretiens (La république, les religions, l'espérance) avec le père dominicain Philippe Verdin et le philosophe Thibaud Collin.
En recevant le 20 décembre le titre de chanoine honoraire de l'église romaine de Saint-Jean de Latran, Nicolas Sarkozy a donc pris ses distances avec la conception de la "laïcité à la française", incarnée par la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Insistant sur les "racines chrétiennes de la France", le président lui a clairement préféré une laïcité dite "positive", c'est-à-dire "qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas les religions comme un danger, mais un atout". Sans craindre de choquer, il a critiqué une laïcité "épuisée" et menacée par "le fanatisme", allant jusqu'à juger de l'intérêt de la République d'avoir "beaucoup d'hommes et de femmes" qui "croient" et qui "espèrent".
Même si Nicolas Sarkozy a pris soin de préciser qu'il n'était pas dans ses intentions de "modifier les grands équilibres" de la loi de 1905, ses propos ont, sans surprise, suscité des réactions courroucées.
Le premier secrétaire du PS, François Hollande, a vu dans la "laïcité positive" du chef de l'Etat "une vieille rengaine de la droite la plus cléricale", et le numéro un du MoDem François Bayrou, qui ne cache pas sa foi catholique, un retour à une religion "opium du peuple".
Les cendres de la controverse à peine refroidies, Nicolas Sarkozy a récidivé lundi à la faveur de son séjour en Arabie saoudite, devant les 150 membres du Conseil consultatif (Majlis ach-Choura) du royaume. A côté de propos convenus dénonçant l'intégrisme, "négation de l'Islam" et réaffirmant sa volonté d'éviter "le choc des civilisations", le président a une nouvelle fois franchi les limites observées par ses prédécesseurs sur le sujet en rappelant les "racines religieuses" du monde.
"Dans le fond de chaque civilisation, il y a quelque chose de religieux", a-t-il assuré, estimant que "c'est peut-être dans le religieux que ce qu'il y a d'universel dans les civilisations est le plus fort".
Le discours du chef de l'Etat a même pris des accents de sermon lorsqu'il a évoqué "Dieu qui n'asservit pas l'homme mais qui le libère", "Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme" ou encore "Dieu qui est le rempart contre l'orgueil démesuré et la folie des hommes", pour regretter que son message ait "souvent été dénaturé".
A un député de gauche qui s'inquiétait de ces propos, la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a rappelé mardi qu'il n'était pour l'heure pas question de "réformer" la sacro-sainte loi de 1905.
Après avoir vanté le mois dernier devant des dignitaires de l'Eglise catholique les "racines chrétiennes de la France", le président français a une nouvelle fois exalté lundi l'héritage "civilisateur" des religions, cette fois en Arabie saoudite devant des dignitaires du très rigoriste régime saoudien, à chaque fois dans des termes inédits pour le chef d'un Etat laïque.
Les convictions du nouveau locataire de l'Elysée sur l'importance de la religion ne constituent pas une surprise. Dès 2004, celui qui était alors le ministre de l'Intérieur, et des cultes, les avaient "rodées" dans un livre d'entretiens (La république, les religions, l'espérance) avec le père dominicain Philippe Verdin et le philosophe Thibaud Collin.
En recevant le 20 décembre le titre de chanoine honoraire de l'église romaine de Saint-Jean de Latran, Nicolas Sarkozy a donc pris ses distances avec la conception de la "laïcité à la française", incarnée par la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Insistant sur les "racines chrétiennes de la France", le président lui a clairement préféré une laïcité dite "positive", c'est-à-dire "qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas les religions comme un danger, mais un atout". Sans craindre de choquer, il a critiqué une laïcité "épuisée" et menacée par "le fanatisme", allant jusqu'à juger de l'intérêt de la République d'avoir "beaucoup d'hommes et de femmes" qui "croient" et qui "espèrent".
Même si Nicolas Sarkozy a pris soin de préciser qu'il n'était pas dans ses intentions de "modifier les grands équilibres" de la loi de 1905, ses propos ont, sans surprise, suscité des réactions courroucées.
Le premier secrétaire du PS, François Hollande, a vu dans la "laïcité positive" du chef de l'Etat "une vieille rengaine de la droite la plus cléricale", et le numéro un du MoDem François Bayrou, qui ne cache pas sa foi catholique, un retour à une religion "opium du peuple".
Les cendres de la controverse à peine refroidies, Nicolas Sarkozy a récidivé lundi à la faveur de son séjour en Arabie saoudite, devant les 150 membres du Conseil consultatif (Majlis ach-Choura) du royaume. A côté de propos convenus dénonçant l'intégrisme, "négation de l'Islam" et réaffirmant sa volonté d'éviter "le choc des civilisations", le président a une nouvelle fois franchi les limites observées par ses prédécesseurs sur le sujet en rappelant les "racines religieuses" du monde.
"Dans le fond de chaque civilisation, il y a quelque chose de religieux", a-t-il assuré, estimant que "c'est peut-être dans le religieux que ce qu'il y a d'universel dans les civilisations est le plus fort".
Le discours du chef de l'Etat a même pris des accents de sermon lorsqu'il a évoqué "Dieu qui n'asservit pas l'homme mais qui le libère", "Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme" ou encore "Dieu qui est le rempart contre l'orgueil démesuré et la folie des hommes", pour regretter que son message ait "souvent été dénaturé".
A un député de gauche qui s'inquiétait de ces propos, la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a rappelé mardi qu'il n'était pour l'heure pas question de "réformer" la sacro-sainte loi de 1905.
Spectaculaire renversement sémantique: les religions, connues jusqu'à présent pour leur intolérance, leurs croisades, leurs Inquisitions et leurs justifications de tous les crimes commis par les états au cours des siècles (dont l'esclavage et les crimes colonialistes) sont maintenant présentées comme "civilisatrices".
En ne critiquant que les excès des religions, on oublie que le germe de l'intolérance est présent même chez les "porteurs sains", comme en témoigne le tollé religieux contre la publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.
En ne critiquant que les excès des religions, on oublie que le germe de l'intolérance est présent même chez les "porteurs sains", comme en témoigne le tollé religieux contre la publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo.