29 juin 2005

Rice en voudrait à l'Iran à cause d'un échec amoureux avec un Iranien

TEHERAN (AFP) - La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, en veut à l'Iran parce qu'elle n'a toujours pas digéré d'avoir été abandonnée par un petit copain iranien alors qu'elle était étudiante, selon un député conservateur iranien.
"La véritable raison de l'hostilité de Rice contre l'Iran est qu'elle a été abandonnée par son petit copain iranien, originaire de Qazvin (150 km à l'ouest de Téhéran), alors qu'elle était étudiante à l'université", a déclaré le député conservateur Shokrollah Attarzadeh, cité mercredi par l'agence estudiantine Isna. "Cette révélation est le résultat de l'enquête menée par une députée, dont le nom ne peut être citée", a ajouté M. Attarzadeh.
Ce n'est pas la première fois que des Iraniens tentent d'expliquer les positions diplomatiques par des motifs amoureux. Il y a un peu plus d'un an, des rumeurs très insistantes affirmaient que le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer avait durci le ton à l'égard de l'Iran parce qu'il avait commencé une liaison avec une jeune Iranienne vivante en Allemagne et hostile au régime islamique. Une autre rumeur affirmait que Mohamed ElBaradei, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), faisait preuve de souplesse à l'égard du régime iranien parce que sa femme est d'origine iranienne.


Voici un exemple typique d'attaque ad hominem. La 'raison' invoquée par le député conservateur iranien s'en prend à la personne de Rice et évite ainsi les arguments contre la dissémination des technologies nucléaires à usage militaire.

Le diocèse de Rome ouvre la route vers la sainteté à Jean Paul II

ROME (AFP) - Le diocèse de Rome, dont il était l'évêque, a ouvert mardi soir la route vers la sainteté à Jean Paul II par une célébration en la basilique Saint-Jean de Latran, moins de trois mois après la mort à 84 ans du charismatique pape polonais le 2 avril dernier au Vatican.
Le cardinal Camillo Ruini, vicaire de Rome et président du tribunal diocésain chargé d'instruire le dossier de béatification, a laissé entendre que le parcours pourrait être particulièrement rapide.
"Nous demandons au Seigneur, de tout notre coeur, que la cause de béatification et de canonisation qui a commencé ce soir puisse parvenir très vite à son couronnement", a-t-il déclaré à l'issue de la célébration devant plusieurs milliers de fidèles massés à l'intérieur et à l'extérieur de l'immense basilique romaine sous une chaleur accablante.
Après la célébration, le tribunal chargé de l'enquête sur "la vie, les vertus et la réputation de sainteté du serviteur de Dieu Jean Paul II" a tenu sa première audience. Le cardinal Ruini et les autres membres du tribunal, qui siègeront dorénavant à huis clos, ont prêté serment en latin.
Benoît XVI, le successeur de Jean Paul II, avait donné son feu vert à l'ouverture de la procédure de béatification du pape Karol Wojtyla, premier pas vers une éventuelle canonisation, sans attendre le délai minimum réglementaire de cinq ans après la mort du futur saint.
Si les règles sont respectées, le procès en béatification devrait cependant durer plusieurs années, tant la liste des témoins (une centaine), et des experts ainsi que la masse de documents à dépouiller (y compris les écrits du jeune Karol Wojtyla) est impressionnante.
Car en dépit des banderoles "Santo subito" (saint tout de suite) apparues parmi la foule des fidèles place Saint-Pierre lors de ses obsèques le 8 avril, la vie et l'oeuvre de Jean Paul II seront passés au crible pour être sûr qu'elles méritent bien d'être proposées en exemple aux fidèles.
Dans son discours retraçant la vie du pape défunt, le cardinal Ruini a souligné que Jean Paul II a "versé son sang" pour l'Eglise au moment de l'attentat dont il a été victime place Saint-Pierre le 13 mai 1981 et qu'il avait ensuite offert "sa vie entière" durant "les longues années de sa maladie". Il a aussi rappelé que lors des obsèques de Jean Paul II, le cardinal Joseph Ratzinger, qui n'était pas encore Benoît XVI, avait évoqué le pape défunt "qui est aujourd'hui à la fenêtre du Père (Dieu), d'où il nous voit et nous bénit".
"Oui, c'est aussi notre certitude, et c'est pourquoi nous demandons au Seigneur, de tout notre coeur, que la cause de béatification et de canonisation qui a commencé ce soir puisse parvenir très vite à son couronnement", a-t-il déclaré. Le tribunal devra notamment établir si un miracle
posthume (une guérison que la médecine ne peut expliquer) peut être attribué à Jean Paul II, signe de son rayonnement spirituel au-delà de la mort.
Déjà les témoignages écrits ou oraux affluent du monde entier auprès du "postulateur", l'avocat chargé de la cause de Jean Paul II auprès du tribunal, le prêtre polonais Oder Slawomir.
Ecrivant de Pologne, le pays natal de Karol Wojtyla, une femme qui ne parvenait pas depuis dix ans à avoir un enfant raconte qu'elle est devenue enceinte après avoir vu la dépouille de Jean Paul II.
Le site internet ouvert par le père Slawomir reçoit chaque jour une centaine de messages, venant de tous les horizons.
"Pour moi la sainteté ne représente rien", a écrit un athée, "mais il faut faire quelque chose pour signifier l'importance de Jean Paul II". Après sa phase diocésaine, le dossier sera transmis à la congrégation du Vatican pour la cause des saints, et finalement soumis pour ratification au pape.


Peut-être faudrait-il prendre en compte les idées sur la prévention du SIDA de Jean-Paul II , mortelles notamment pour les Africains. Sans doute cette tâche est-elle réservée à l'Avocat du Diable.

28 juin 2005

Vitamin C best in the cold

Roxanne Khamsi
Nature

Supplement protects only in chilly climes.
Upping your intake of vitamin C to ward off the common cold makes sense if you're an extreme skiier or mountaineer, researchers say.
But a review of 55 studies carried out over 65 years shows that prophylactic use of this vitamin in everyday circumstances has little effect. This latter find clashes with the conviction held by many that vitamin C supplements boost the immune system and ward off illness, an idea that gained great popularity during the 1970s thanks to famous chemist and Nobel laureate Linus Pauling.
Pauling advocated the consumption of megadoses of this vitamin. He noted that, unlike most animals, humans can't produce their own vitamin C. In many countries, including the United States, the current recommended daily allowance of vitamin C ranges between 60 and 90 milligrams. But Pauling calculated that the average adult should eat 1,000 milligrams or more.
Recently, large-scale scientific studies have cast doubt over how much vitamin C supplements protect people against the common cold. To tackle the issue, Robert Douglas of the Australian National University, Canberra, and Harri Hemilä of the University of Helsinki, Finland, decided to review the literature on this subject.
Chilling detail
Many of the studies in their review asked whether vitamin C reduces the incidence of the common cold. Pooling the data, Douglas and Hemilä found no significant protective effect overall. But they did find that marathon runners, skiers and soldiers exposed to icy conditions or physical stress experienced a 50% reduction in colds thanks to the vitamin.
They also found that use of the vitamin reduced the duration of colds by only 8% in adults and 14% in children. This, they say, provides poor justification for everyday mega doses of the nutrient. According to Hemilä, most adults catch only one common cold a year. Taking supplements every day to avoid this makes little sense, he says.
Douglas similarly plays down the potential protective benefits of this nutrient: "There is little doubt that vitamin C has some biological impact. Although in the main it is nothing like what Pauling predicted and has little place in therapy," he says.
"For the record, I do not use vitamin C personally at all. But I still remain open to the possibility that a very high dose very early after the onset of cold symptoms could be shown in the future to have a useful effect on reducing the severity of illness," Douglas says. The findings appear this week in the journal PLoS Medicine1.

References
1. Douglas, R. M. & Hemilä, H. PLoS Medicine Published online: doi:0.1371/journal.pmed.0020168 (2005).


Encore une croyance qui se révèle fausse. Nous avons ici un exemple frappant de l'appel à l'autorité: un savant (physicien, prix Nobel) nous donne son opinion dans un domaine qui n'est pas sa spécialité. Sa bonne réputation de scientifique vient au secours de son ignorance du sujet en question et impressionne le chaland.

27 juin 2005

Le débat sur les vaccins et l'autisme relancé aux Etats-Unis

RICHMOND -- Le mercure contenu dans les vaccins peut-il jouer un rôle dans la survenue d'un autisme? Le débat rebondit aux Etats-Unis avec la publication cet été d'un nouveau livre, mais il reste difficile de donner une réponse définitive.
En cause, un conservateur à base de mercure que des mères d'enfants autistes auraient reçu à l'occasion d'une injection de vaccin pendant leur grossesse ou que l'enfant a reçu par ailleurs pendant son enfance. Ainsi le petit Wesley Sykes, un enfant autiste de neuf ans, dont la mère, une femme pasteur, ne décolère pas.
Pourtant, la plupart des scientifiques réfutent l'hypothèse d'une quelconque responsabilité du mercure dans la survenue d'un autisme.
Une position qui ne semble pas satisfaire tout le monde. Sept ans après son éclosion, le débat rebondit, attisé par la sortie du livre "Evidence of Harm" ("Preuve du danger").
Son auteur, David Kirby, pose deux questions fondamentales: les anciens vaccins présentaient-ils plus de risques que les nouveaux? Existe-t-il encore des risques aujourd'hui, quand on sait que le vaccin contre la grippe pour la femme enceinte et l'enfant est utilisé à plusieurs reprises sans précautions particulières vis-à-vis du mercure?
"Je pense que cette hypothèse a tenu, en dépit de l'absence d'arguments scientifiques, parce que les parents d'enfants autistes n'ont pas trouvé de réponses à leurs questions", déclare le Dr Sharon Humiston, pédiatre de l'Université de Rochester.
A l'origine, les adversaires du vaccin accusaient le vaccin contre la rougeole, qui n'a pourtant jamais contenu ce conservateur, d'être à l'origine de l'autisme. De son côté, le gouvernement accusait le vaccin contre la coqueluche, avant de renoncer.
Toutes les histoires se ressemblent: un enfant parfaitement normal reçoit une injection et, quelques semaines, voire quelques mois plus tard, se replie sur luimême, arrête de parler, se montre indifférent aux stimulations et au bruit comme la sonnette, et adopte des comportements compulsifs, comme un hochement de tête.
Les parents accusent le vaccin, "mais ce n'est pas une preuve, quelle que soit la force de leur conviction", souligne le Dr Steve Goodman, bio-statisticien de l'Université Johns Hopkins.
Des convictions, Lisa Sykes en a. Pendant sa grossesse, cette femme pasteur a reçu une injection pour prévenir les problèmes d'incompatibilité sanguine entre elle et son bébé. Elle a appris depuis que cette injection contenait le fameux conservateur mercuriel.
En novembre 1997, le Congrès a été saisi de cette question et a fait obligation à la FDA, l'agence gouvernementale du médicament, de retirer le mercure des préparations vaccinales, des médicaments et de la nourriture.
Le gouvernement et un groupe de médecins ont déclaré qu'il n'y avait aucune preuve de cette responsabilité, mais que les fabricants devaient néanmoins retirer le mercure. Il faudra attendre 1999 pour que cette mesure soit appliquée. Depuis, les parents d'enfants autistes se sont regroupés.
En juin 2000, les pouvoirs publics, des scientifiques et des fabricants de vaccins se sont réunis pour revoir des résultats d'essais détenus par les centres de contrôle et de prévention des maladies d'Atlanta (CDC). Le Dr Tom Verstraeten des CDC (réseau national des Centres de contrôle et de prévention des maladies) a présenté des résultats selon lesquels le mercure pourrait bien être en relation avec un retard dans l'apprentissage du langage.
De son côté, en 2001, l'Institut américain de médecine a jugé la théorie du vaccin "biologiquement plausible" mais a ajouté que la preuve était insuffisante pour en tirer des conclusions. Impliquées dans ce combat, les Eglises se mobilisent tour à tour. Il y a deux semaines, Lisa Sykes a réussi à convaincre les églises méthodistes de Virginie et du Kansas d'exiger le retrait du mercure des préparations vaccinales et des médicaments.
Sa lutte continue.


Les effets du sophisme post hoc ont encore frappé. Hélas, rien ne pourra jamais convaincre des personnes crédules que leurs hypothèses sont infondées, même les études scientifiques les mieux faites.

Polls finds many Americans believe cancer myths

Contact: David Greenberg
dgreenbe@wiley.com
201-748-6484
John Wiley & Sons, Inc.

An American Cancer Society survey finds up to half of Americans mistakenly believe surgery can spread cancer, and more than one in four thinks a cure for cancer already exists but is being held back by a profit-driven industry. Results of the survey are published in the August 1, 2005 issue of CANCER (http://www.interscience.wiley.com/cancer-newsroom), a peer-reviewed journal of the American Cancer Society. The authors say it shows the American public is significantly illinformed about cancer, and that most overestimate how much they know.
The medical management of cancer and cancer-related complications, such as pain, has significantly improved over the last three decades, as have survival rates for leading cancers. Still, studies indicate that a patient's own cultural beliefs and understanding of cancer may influence health behavior, such as whether patients get regular screenings and undergo treatment.
Led by Ted Gansler, M.D., M.B.A of the American Cancer Society, researchers conducted a national telephone survey of 957 adults with no history of cancer to assess Americans' understanding of the disease and its management, and identify any demographic characteristics associated with misconceptions. Participants were asked if five misconceptions were true or false.
The authors found only one in four (25 percent) of participants correctly identified all five misconceptions as false. Four in ten (41 percent) of the respondents believed that surgical treatment actually spread cancer in the body and 13 percent said they were unsure whether this was true. Twenty-seven percent believed that there is a cure for cancer available being withheld by the healthcare industry and an additional 14 percent were uncertain. Nineteen percent believed that pain medications were ineffective in treating cancer pain with another 13 percent saying they did not know. Nine in ten (89 percent) correctly disagreed with the statement that "all you need to beat cancer is a positive attitude," but more than one in ten (11 percent) either thought is was true or did not know. A similar percentage (87 percent) correctly disagreed that "cancer is something that cannot be effectively treated," but again, about one in eight (13 percent) either agreed or did not know.
People who were over 65 years, of non-White race, residents of the South, or selfidentified as without much or any understanding of cancer were likely to hold more misconceptions. The survey found little relation between people's self-assessment of cancer knowledge and the accuracy of their answers. For four of the five questions, there was no significant difference in prevalence of endorsement of the inaccuracies between the groups who called themselves "very informed," "somewhat informed," or "not very informed." However, those who called themselves "not at all informed" were generally quite accurate when rating their own health literacy.
"These results indicate that public and patient education interventions are most urgently needed in cancer centers, medical practices, and other community organizations that serve large numbers of patients with these 'at risk' demographic characteristics," conclude the authors.
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Article: "Sociodemographic Determinants of Cancer Treatment Health Literacy," Ted Gansler, S. Jane Henley, Kevin Stein, Eric J. Nehl, Carol Smigal, Edwin Slaughter, CANCER; Published Online: June 27, 2005 (DOI: 10.1002/cncr.21194); Print Issue Date: August 1, 2005. Article is available via Wiley InterScience at http://www.interscience.wiley.com/cancer-newsroom.

23 juin 2005

Un sujet du bac hérisse les anti-avortement

20 minutes

Sujet sensible. Une épreuve d’« enseignement scientifique » proposée cette année à des candidats du bac L (littéraire) fait polémique. Au point qu’hier, le ministre de l’Education nationale, Gilles de Robien, admettait avoir été « étonné » lorsqu’il a pris connaissance de cet énoncé.
Le sujet controversé présentait aux élèves un article de quotidien rédigé à l’occasion des trente ans de la loi Veil. Ce texte affirme notamment que « la contraception, et en cas d’échec le recours à l’IVG, ont permis le passage d’un modèle de maternité sous contrainte à celui de maternité choisie ». Les candidats, qui avaient le choix avec un autre sujet, devaient sur cette base « dégager des arguments en faveur de l’autorisation légale de l’IVG en France ».
Plusieurs associations anti-avortement ont rapidement émis de vives protestations. Puis, avant-hier, la direction diocésaine de l’enseignement catholique s’est emparée du sujet, exprimant sa « désapprobation ». Selon ce service de l’archevêché de Paris chargé des établissements privés catholiques du diocèse (75 000 élèves, soit 25 % des enfants scolarisés dans la capitale), « ce sujet n’aurait pas dû être posé » car « il ne respecte ni les candidats ni les exigences d’une formation intellectuelle authentique ». Au premier abord surpris par le sujet, Gilles de Robien a
néanmoins précisé, hier sur LCI, qu’il n’était pas sur la même ligne que les autorités catholiques,
insistant sur le caractère scientifique de l’épreuve. « Si ça avait été un sujet philosophique, j’aurais réagi autrement. »
La FSU, principal syndicat enseignant, s’étonne que l’affaire fasse si grand bruit. « Il s’agissait non pas de développer un argumentaire, mais de le restituer. C’est une épreuve scientifique et l’IVG est au programme. » Pour le syndicat, l’émoi catholique est révélateur d’un problème plus vaste. « Nous observons une montée de la contestation religieuse de la part des élèves dans les cours de sciences et vie de la terre, justement quand l’IVG, par exemple, est abordée. Cette contestation vient plus souvent de certains élèves musulmans, mais elle est aussi le fait de jeunes catholiques. »
Stéphane Colineau

22 juin 2005

Un vrai faux Saint suaire de Turin : science contre crédulité

PARIS (AFP) - La science a marqué une nouvelle victoire contre les partisans de l'authenticité du Saint suaire de Turin, une pièce de lin sur lequel se serait imprimé le corps supplicié du Christ, avec la production d'un faux possédant les mêmes qualités que l'original.
Un vrai faux Saint suaire a été réalisé à la demande du magazine Science et Vie, qui consacre un nouveau dossier à l'affaire dans son numéro à paraître vendredi pour rassembler les éléments scientifiques prouvant que ce linceul n'a jamais accueilli la dépouille du Christ.
Le Dr Jacques di Constanzo, du centre hospitalier universitaire de Marseille, a réussi à fabriquer un suaire en appliquant sur un bas-relief un tissu, puis en le coloriant à l'aide de techniques utilisées au Moyen-Age.
"Il s'agit d'une expérience visuelle qui montre qu'on peut le faire chez soi", a déclaré à l'AFP l'historien Paul-Eric Blanrue, qui devait rééditer l'expérience mardi soir devant la presse.
Le Saint suaire de Turin, un tissu de 4,36 m sur 1,10 m découvert au milieu du XIVe siècle dans la collégiale Notre-Dame à Lirey, près de Troyes, est depuis toujours l'objet d'une bataille entre ceux qui croient à son authenticité, les "sindonologues", et ceux qui en doutent.
En 1988, trois laboratoires (suisse, anglais et américain) avaient conclu après datation au carbone 14 que le tissu remontait au Moyen-Age, entre 1260 et 1390. "Les résultats au carbone 14 sont incontestables", a affirmé à l'AFP Jacques Evin, ingénieur en radiodatation qui avait participé à cette opération.
Malgré d'autres preuves scientifiques, dont le fait que la technique de tissage du suaire date seulement du XIIIe siècle et qu'aucune trace de sang n'a jamais été identifiée, les partisans de l'authenticité, dont des scientifiques fondamentalistes, n'ont pas désarmé.
Science et Vie a voulu apporter un nouvel élément en demandant à Jacques di Constanzo de réaliser un "Saint suaire" en utilisant les techniques des faussaires du Moyen-Age.
Pour ce faire, il a appliqué "un drap de lin mouillé" sur un bas-relief représentant le visage d'un homme barbu aux longs cheveux pour qu'il en "épouse les formes". Après séchage, raconte le mensuel, le tissu "est tamponné avec la solution colorée", de l'oxyde ferrique. "Des empreintes superficielles en +négatif+ du visage sont ainsi obtenues et leur cliché en +positif+ fournit des images très proches de celles du suaire", précise-t-il.
Autre fait important, souligne la revue, "l'empreinte s'est irréversiblement fixée aux fibres" : "le tissu a résisté au lavage, au chauffage à 250°". Il a été également trempé dans des acides, et "l'image n'a pas été altérée".
Selon le scientifique, ce résultat a été obtenu grâce au "liant" employé pour fixer les couleurs sur le tissu, de la gélatine riche en collagène, produit régulièrement utilisé au Moyen-Age.
Le Dr di Constanzo a tenté une autre expérience : réaliser un suaire imprimé par "vaporographie, simulant des réactions chimiques s'opérant sur le corps d'un supplicié". Or, "aucune impression n'a été obtenue", ce qui prouverait que le Saint suaire de Turin n'a pas pu être impressionné par le corps du Christ.
D'ailleurs, rappelle Paul-Eric Blanrue, dès le XIVe, le pape Clément VII avait précisé dans trois bulles que le Saint suaire n'était qu'une image et non pas un original datant du temps de la Passion. Et il ne pouvait être exposé qu'à la condition que ceci soit précisé, sous peine d'excommunication.
Tout plaide donc pour un suaire qui n'a rien de sacré. Mais, relève l'historien, "on ne peut pas convaincre tout le monde".

Jennifer Aniston strikes a nerve

Roxanne Khamsi
Nature

Single brain cells show selective response to specific celebrity photos.
Is a single cell in your brain devoted to Jennifer Aniston or Bill Clinton? Maybe so, according to new research.

A recent experiment showed that single neurons in people's brains react to the faces of specific people. Researchers see the findings as evidence that our brains use fewer cells to decode a given image than previously thought.
The subject of visual processing has sparked much scientific speculation in the past. Exactly how our brains extract meaning from an image remains unclear.
At one end of the spectrum of possibilities, a network of cells would process various bits of information in a scene and piece it all together to form an understandable picture.
At the other extreme, the brain would contain a separate neuron to recognize each and every object in the world. Neurobiologist Jerome Lettvin coined the term 'grandmother cell' to parody this view, as it would mean that the brain contains a specific cell to recognize one's own grandmother.
Very few experts believe that grandmother cells exist. But that did not dissuade Rodrigo Quian Quiroga of the California Institute of Technology in Pasadena and his colleagues from investigating single neurons in the brain, to find out how devoted they might be to single people or objects.

Fired up
The study involved eight patients suffering from epilepsy, all of whom had been temporarily implanted with devices to monitor brain-cell activity as part of their treatment. Quian Quiroga and colleagues took advantage of this opportunity to monitor the firing behaviour of their neurons.
Using a laptop, they presented the subjects with a series of one-second snapshots of celebrities, animals, objects and landmark buildings. Each person was shown a total of almost 2,000 pictures; in each sitting they saw about 90 pictures showing roughly a dozen distinct items. The recordings taken as they viewed the photographs revealed just how selective cells within the medial temporal lobe - located deep inside the brain- can be. For example, a neuron of one patient responded almost solely to different pictures of Bill Clinton.
The researchers say that these types of cell are involved in sophisticated aspects of visual processing to identify a person, for example, rather than just a simple shape.
Acting on cue
Various pictures of Jennifer Aniston elicited a response in a single neuron inside the medial temporal lobe of another patient. Interestingly, images of her with her former husband Brad Pitt did not sway this cell, the authors of the paper report. Their findings appear this week in the journal Nature1.
Quian Quiroga also found that a lone neuron in one subject responded selectively to various pictures of the actress Halle Berry - as well as drawings of her and her name written down. Other cells were found to respond to images of characters in The Simpsons or members of The Beatles.
The team thinks that these brain cells probably respond to a range of different items, but that this limited study didn't include all the various pictures that might make a particular cell. In this case it almost seems to be a cell that responds the concept of Halle Berry as it were. But nobody's saying that it's a grandmother cell.
Despite appearing to find a 'Halle Berry cell', notes Martin Tovee, a neuroscientist at the University of Newcastle upon Tyne, UK, who has conducted similar research in monkeys, "nobody's saying that it's a grandmother cell".
Nevertheless, the researchers say the results hint that we might use fewer brain cells to recognize familiar objects than previously thought.

References
1. Quian Quiroga R., et al. Nature, 435. 1102 - 1107 (2005).

20 juin 2005

Maquiller ses données

(Agence Science-Presse) - Amis chercheurs, vous arrive-t-il d'adopter des comportements à l'encontre de l'éthique? Cette question, posée par des chercheurs à des chercheurs, révèle un tiers de "oui".
Les accrocs à l'éthique couvrent, il est vrai, un large spectre de comportements, certains bénins: avoir publié ses résultats dans plus d'une revue par exemple (4,7%) ou avoir mal rapporté les noms des auteurs d'une étude (10%). D'autres plus graves, comme le plagiat (2%). Mais ce qui surprend, c'est surtout le fait d'avoir occulté ou relégué à l'arrière-plan des données: 15% des 3247 chercheurs qui ont renvoyé le questionnaire ont reconnu l'avoir fait.
L'équipe américaine dirigée par Brian Martinson, qui publie ses résultats dans la revue britannique Nature, en conclut que les scientifiques devraient procéder à une remise à jour de leurs débats sur les comportements éthiques. L'évolution des deux dernières décennies, caractérisée notamment par une présence de plus en plus grande de l'entreprise privée dans le financement de la recherche, et par le déferlement d'Internet, dont l'influence sur les jeunes chercheurs est encore mal connue, a inévitablement conduit à une évolution des comportements des scientifiques. Et par conséquent, à l'évolution des accrocs à l'éthique. Il est temps d'en prendre acte.


Encore une raison de plus de douter des études scientifiques bâclées. Et la nécessité d'insister sur la reproductiobilité des résultats.

18 juin 2005

"Il fallait chasser le démon du corps de Maricica"

LE MONDE
BUCAREST de notre correspondant

Orphelinat, monastère, crucifixion, le parcours de Maricica Cornici, 23 ans, n'aura pas été long. Le 15 juin, la jeune femme meurt au monastère orthodoxe de la Sainte-Trinité de Tanacu, un village au nord-est de la Roumanie, à la suite d'une séance d'exorcisme qui rappelle le Moyen Age.
Maricica Cornici avait la réputation d'être trop violente avec la dizaine de nones qui vivaient avec elle. Le jeune pope Petru Corogeanu, 29 ans, responsable depuis trois mois de la vie spirituelle de ce lieu de culte traditionnel et pressé de faire ses preuves, est donc passé à l'action. "Elle était possédée par le démon et il fallait chasser ce démon de son corps" , a-t-il déclaré à la police. Le 10 juin, avec l'aide de quatre nones, le pope attache les mains et les pieds de la jeune récalcitrante et l'enferme dans une cellule sombre et humide du monastère. Ce traitement ne donne aucun résultat.
Le 13 juin, avec l'aide des mêmes soeurs, il attache avec des chaînes la femme démonisée sur une croix et lui enfonce un chiffon dans la bouche pour interdire au démon de s'exprimer. Elle n'a droit qu'à quelques gouttes d'eau bénite aspergée régulièrement sur son corps, frappé à intervalles réguliers. Cependant, le démon résiste et ne se décide à s'enfuir que trois jours plus tard, dans la matinée du 15 juin, mais en prenant au passage l'âme de Maricica, trouvée morte sur la croix. "Le décès de la victime est dû à une violence corporelle très grave" , a précisé Mihaela Straub, porte-parole de la police locale.
Elevée dans un orphelinat de Deva, petite ville située à l'ouest de la Roumanie, Maricica Cornici était entrée au monastère faute de travail et avec l'espoir de trouver une vie plus décente dans le monde fermé de l'orthodoxie. Le 10 avril, elle s'était fait examiner à l'hospice de Vaslui, ville
voisine de son village. "Le diagnostic était correct, reconnaît le médecin Lelia Croitoru. Cette femme était schizophrène." Opinion partagée par le pope exorciste. "Oui, elle était malade, mais c'était une possédée, explique-t-il. Du point de vue religieux, ce que nous avons fait est absolument correct. Nous avons célébré des messes trois jours de suite pour la désenvoûter. Je ne lui ai pas cassé la tête, je ne lui ai rien cassé, sauf les mains et les pieds."
L'Eglise a qualifié ce drame d'"abominable" , mais la none Marta, comme ses autres consoeurs, a un avis tranché : "Si elle est morte, c'est parce que Dieu l'a voulu !" Le prêtre et les policiers envoyés sur place pour enquêter et arrêter l'exorciste se sont fait tabasser par les nones en colère. Seule l'intervention en force de la gendarmerie a permis l'accès au monastère, que l'Eglise orthodoxe a décidé de fermer prochainement.

Mirel Bran
Article paru dans l'édition du 19.06.05

17 juin 2005

La justice saisie d'un horoscope jugé diffamatoire par un lecteur doubiste

MONTBÉLIARD (AFP) - Un habitant de Montbéliard qui jugeait insultantes à son égard les prévisions d'un horoscope paru fin mai dans un hebdomadaire vendu en Franche-Comté a saisi le tribunal d'instance pour réclamer des indemnités.
Le lecteur, natif du bélier, n'a pas apprécié que ce signe soit, dans les pages du journal, associé à la prédiction suivante : "Certains retrouveront les émois de l'adolescence, surtout dans le domaine sentimental où l'envie de s'amuser prend le pas sur le besoin de construire du solide".
Dans sa déclaration transmise au tribunal de Montbéliard, le plaignant se présente comme "un père de famille sérieux et ordonné" et estime diffamant qu'on lui attribue des émois adolescents qu'il est loin de ressentir et qu'on mette en question son "besoin de construire du solide".
Il réclame 51 euros d'indemnités et un avertissement contre l'astrologue à laquelle il recommande "d'aller voir un médecin".
Une citation à comparaître le 28 juin prochain devant le juge du tribunal d'instance de Montbéliard a été reçue cette semaine par la rédaction du journal concerné qui n'a pas souhaité être cité.
La juridiction civile est tenue d'enregistrer ce type de requête portant sur de petites créances et qui ne nécessite pas d'assignation, a précisé le tribunal d'instance, qui précise être confronté depuis six mois à de nombreuses saisines émanant de ce Montbéliardais qui s'est "emparé du droit à la consommation" au point d'en faire un usage "pathologique".


Encore une dérive judiciaire à l'américaine. Ce genre de demande n'a aucune chance d'aboutir, tant il est difficile de justifier qu'on prenne ce genre d'horoscopes au sérieux.

Loto: deux fois le gros lot en 8 jours dans la même commune de Moselle

METZ (AFP) - La commune mosellane de Stiring-Wendel (12.000 habitants) a vu deux joueurs du loto gagner le gros lot à une semaine d'intervalle et empocher ainsi près de 900.000 euros pour l'un et 200.000 pour l'autre, a rapporté vendredi le Républicain Lorrain.
"C'est un hasard extraordinaire. Deux fois les six bons numéros dans un même patelin à deux tirages successifs", s'est étonné le propriétaire du tabac-loto, cité par le journal, où un "fidèle client" a remporté le pactole de 888.936 euros lors du tirage du 15 juin.
Huit jours plus tôt, c'est un autre Stiringeois qui s'adjugeait la somme de 199.506 euros grâce à une grille validée chez un second buraliste de la ville.
"Depuis le 8 juin, nous avons remarqué de nouvelles têtes (...). Les gens posent plein de questions sur le gagnant, ils veulent savoir comment gagner" a confié l'épouse de ce dernier au quotidien régional.
"Jamais deux sans trois", a assuré son confrère qui invite ses clients à venir jouer dans son échoppe, garantissant que "la chance est là".


Comme quoi, même des évnements a priori extrêmement improbables se produisent. Dans un cas précédent, un fortune cookie avait permis à une centaine de personnes de toucher une forte somme au Powerball américain. Ici, ce n'est pas le même genre d'événement puisqu'il s'agit de deux tirages indépendants.

14 juin 2005

Portables: pas d'effet avéré sur la santé, mais des études complémentaires recommandées

PARIS (AP) - En l'état actuel des connaissances, l'utilisation des téléphones portables et les stations relais ne constituent pas un risque avéré pour la santé, selon un rapport de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale (AFSSE) publié mardi, qui plaide pour des études complémentaires.
Dans ce document de 130 pages, le groupe d'experts "estime qu'il ne peut pas, à ce jour, conclure définitivement sur l'existence d'effets sanitaires causés par les champs électromagnétiques des téléphones mobiles" et les stations relais. "Dans l'état actuel des connaissances scientifiques, de tels effets ne sont pas avérés", explique-t-il.
Le rapport préconise cependant de "conserver une attitude de vigilance scientifique", plaidant pour des recherches sur des populations "potentiellement plus sensibles", comme les enfants, et pour la poursuite d'études sur les "effets sanitaires éventuels des nouveaux signaux".
Le groupe d'experts recommande le recours au "principe de précaution" et des "mesures de bon sens": "limiter les temps de communication, privilégier les zones de bonne réception, éloigner le terminal mobile de la tête" par une généralisation des kits mains libres.
Concernant les relais de téléphonie, "malgré l'absence d'effets avérés sur la santé (...), il faut mettre en oeuvre le principe d'attention préconisé par l'AFSSE en restant attentifs aux plaintes qui peuvent servir d'événements sentinelles", précise le rapport, qui recommande également une évaluation des niveaux d'exposition des riverains.
Dans un communiqué, les associations Agir pour l'environnement et Priartém ont accusé le comité scientifique de l'AFSSE de "chercher une nouvelle fois à valider certaines hypothèses erronées qu'elle a elle-même produites à plusieurs reprises".
Rejetant les conclusions du rapport, elles dénoncent la composition "monolithique et partiale" du groupe d'experts et demandent au nouveau ministre de la Santé Xavier Bertrand "de revoir intégralement l'architecture de l'Agence française de sécurité sanitaire environnementale".

10 juin 2005

Benoît XVI prône l'abstinence pour lutter contre le sida

CITE DU VATICAN (Reuters) - Benoît XVI s'est exprimé pour la première fois sur l'épidémie de sida, condamnant l'usage du préservatif et estimant que l'Eglise se battait "en première ligne" contre la maladie en enseignant la chasteté et la fidélité.
"L'enseignement traditionnel de l'Eglise s'est avéré être le seul moyen infaillible de prévenir l'épidémie du virus HIV", a-t-il déclaré devant les évêques du continent africain ravagé par l'épidémie.
"Il est très inquiétant que la structure de la vie africaine, sa source fondamentale d'espoir et de stabilité, soit menacée par le divorce, l'avortement, la prostitution, le trafic d'êtres humains et une mentalité ouverte à la contraception, autant de facteurs qui contribuent à la dégradation de la moralité sexuelle".
"L'Eglise catholique a toujours été en première ligne à la fois dans la prévention et dans le traitement de la maladie", a poursuivi le souverain pontife.
Son prédécesseur Jean Paul II avait suscité les critiques des associations engagées dans la lutte contre la maladie, et même d'une part importante des fidèles, en refusant avec constance de faire de l'usage du préservatif une méthode admissible de prévention.
Benoît XVI, autrefois préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a confirmé depuis son élection le 19 avil qu'il maintiendrait une ligne conservatrice sur les questions de moeurs.
Il est clair que l'Eglise catholique ne peut que maintenir cette position d'arrière-garde mortelle dans les conditions africaines actuelles. Combinées aux idées fausses sur la nutrition et son effet sur le virus du SIDA, les chances de l'Afrique de se sortir de la pandémie sont pratiquement nulles.

07 juin 2005

Spolié de son arme virtuelle, il tue avec un vrai couteau

PEKIN, 7 juin 2005 (AFP) - - Un chômeur de Shanghai a été condamné à mort mardi avec un sursis à exécution de deux ans pour avoir tué un internaute qui avait revendu sans son autorisation une "arme suprême" gagnée dans un jeu électronique en ligne, a rapporté l'agence Xinhua (Chine nouvelle).
Après avoir réussi à terrasser un monstre cybernétique, Qiu Chengwei, ainsi qu'un autre internaute surnommé Li, étaient devenus début 2004 détenteurs du "sabre pourfendeur de dragon", arme suprême dans le jeu Chuanqi.
Ils avaient prêté cette arme virtuelle à un certain Zhu, qui l'a revendue pour 7.000 yuans sonnants et trébuchants (environ 700 euros) puis a refusé de leur donner cette somme.
Pour réclamer son dû, Qiu s'est rendu au domicile de Zhu où il l'a poignardé au coeur avant de se rendre à la police et de tout avouer.
La Cour intermédiaire populaire numéro deux de Shanghai a déclaré Qiu coupable d'homicide volontaire, mais a reconnu que Zhu avait aussi sa part de responsabilité dans l'affaire.
Comme de plus Qiu s'était lui-même rendu à la police, le tribunal a fait preuve de clémence dans son verdict, a précisé l'agence officielle chinoise.
Les peines de mort assorties d'un sursis à exécution de deux ans sont dans la plupart des cas commuées en prison à vie.


Encore un meurtre pour des affaires virtuelles. Un précédent du 30/3/2005 avait également fait une victime.

02 juin 2005

Une molécule qui inspire confiance

Selon une étude, l'ocytocine, pulvérisée dans les narines, rendrait crédule.
Par Corinne BENSIMON
Liberation

De l'ocytocine en spray. Voilà ce qui manquait à Chirac, Hollande et tous les leaders du oui. Trois pschitts dans chaque narine du citoyen, et la méfiance était laminée, la Constitution votée, la France rassemblée. Car l'ocytocine, proprement nébulisée dans les voies nasales, suscite chez l'humain la confiance en son prochain. C'est là le résultat d'une expérience publiée aujourd'hui dans la revue scientifique Nature. Conduite à l'université de Zurich, en Suisse, fruit d'une collaboration entre neurobiologistes et économistes, elle met en lumière une base biologique du lien de confiance. Ce faisant, elle instruit le débat (émergent) sur les utilisations futures de la connaissance du cerveau humain. «Cette découverte pourrait être détournée afin d'induire des comportements de confiance que des sujets pourraient exploiter à des fins égoïstes», avertissent les auteurs. «L'alarme citoyenne face à de tels mésusages aurait dû être donnée bien avant que ne débute cette étude, commente le neurobiologiste américain Antonio Damasio. On ne peut reprocher aux auteurs de la sonner.»
Jeu de rôles. C'est donc avec une grande confiance dans les vertus du débat éthique que l'équipe suisse a scruté la physiologie de la confiance, comportement «indispensable à l'amitié, l'amour et l'organisation sociale». L'évolution aurait-elle sélectionné un stimulus biologique simple l'augmentation de la sécrétion d'une molécule, par exemple pour contrôler une attitude si vitale ? L'ocytocine (ou oxytocine), parient d'emblée les chercheurs, est la meilleure candidate. Sécrétée par l'hypothalamus, cette petite molécule dont la synthèse a valu un Nobel, il y a cinquante ans, est connue pour favoriser les contractions lors de l'accouchement et l'excrétion du lait maternel. Plus récemment, on a découvert qu'elle suscite, chez l'animal, l'attachement social entre la mère et son petit, et entre la femelle et le mâle. L'ocytocine serait-elle impliquée chez l'homme dans un semblable «lien de confiance», interindividuel ?
Oui, répondent les chercheurs après avoir proposé à des étudiants un singulier jeu de rôles.
Un jeu d'argent. D'un côté, le sujet de l'expérience : l'«investisseur», qui peut placer plus ou moins d'argent, de zéro à douze unités. De l'autre, un «banquier» qui reçoit cette somme, dont la valeur triple, et qui rend à l'investisseur ce qui lui chante. Les deux ne se voient pas. Le jeu ne se joue qu'une fois. Vingt-neuf investisseurs reçoivent avant la partie trois pulvérisations d'ocytocine dans chaque narine (dosages normaux d'une préparation de Novartis destinée aux maternités). Vingt-neuf autres reçoivent un placebo. Plusieurs groupes ont défilé. Résultat : 45 % des «investisseurs» sous ocytocine ont choisi de faire une mise maximale, contre 21 % dans les groupes placebo.
«Remarquable». «Une administration intranasale d'ocytocine provoque une augmentation substantielle du comportement de confiance», concluent Ernst Fehr et son équipe, après avoir éliminé une série d'hypothèses susceptibles de biaiser leur observation.
«Une découverte remarquable», estime Antonio Damasio avec un enthousiasme que tempère le neurobiologiste de la toxicomanie, Pier-Vicenzo Piazza (Inserm, Bordeaux) : «La question est de savoir si cette expérience permet de cerner ce que l'on appelle la "confiance". Il faudrait tester d'autres situations.»
En attendant de savoir si un déficit français en ocytocine est un des ressorts du non référendaire, un groupement d'instituts de recherche européens s'apprête à poser aux citoyens de l'UE la question de confiance sur les neurosciences (1) : «L'utilisation de substances chimiques pourrait conduire à améliorer, altérer, voire contrôler les facultés mentales. Quel usage doit-on faire des nouvelles connaissances sur le cerveau ?» A débattre sous ocytocine.

(1) Projet «Meeting of minds», soutenu par la Cité des sciences et de l'industrie.


Molécule très utile à vaporiser à hautes doses pour tous les négociateurs de paix !