Alexandre Sirois
La Presse
Washington
La Maison-Blanche vient à nouveau de prouver qu'elle est prête à tout pour étouffer la dissidence aux États-Unis dans le dossier du réchauffement de la planète. Sa nouvelle arme: la censure.Le scientifique principal en matière de questions climatiques à la NASA, James E. Hansen, l'a appris à ses dépens.L'administration de George W. Bush essaie de le museler depuis le début du mois dernier, a-t-on appris hier.
La Presse
Washington
La Maison-Blanche vient à nouveau de prouver qu'elle est prête à tout pour étouffer la dissidence aux États-Unis dans le dossier du réchauffement de la planète. Sa nouvelle arme: la censure.Le scientifique principal en matière de questions climatiques à la NASA, James E. Hansen, l'a appris à ses dépens.L'administration de George W. Bush essaie de le museler depuis le début du mois dernier, a-t-on appris hier.
Directeur du Goddard Institute for Space Studies, Hansen a fait savoir que les responsables de la NASA tentent par tous les moyens de contrôler ses déclarations publiques. On veut le réduire au silence depuis qu'il fait campagne de façon vigoureuse pour une réduction rapide des émissions de gaz à effet de serre.Hansen se dit victime de censure depuis qu'il a prononcé un discours à San Francisco en décembre. Son crime: il a affirmé que sans le leadership des États-Unis, la Terre deviendra " une planète différente " en raison des changements climatiques.Du même souffle, il a souligné que les émissions pourraient être réduites de façon significative avec les technologies existantes. Particulièrement dans le cas des véhicules à moteur.Une dizaine de jours après son discours controversé, Hansen a publié des données scientifiques selon lesquelles 2005 a probablement été l'année la plus chaude depuis au moins un siècle. Cela a aussi été retenu contre lui.
Critique sévère
Après avoir entendu parler de ces données au réseau ABC, les responsables des affaires publiques de la NASA ont sévèrement critiqué Hansen. Ils auraient fait cette montée de lait à la demande de leurs supérieurs, au siège social de l'agence spatiale." Ils étaient extrêmement insatisfaits et ils nous ont prévenu que si de telles choses se reproduisaient à l'avenir, il y aurait des conséquences terribles ", a-t-il raconté au New York Times. C'est ce quotidien qui a rapporté, à la une hier, les malheurs de ce scientifique renommé." En quelque 30 ans d'expérience au sein du gouvernement, je n'ai jamais vu un degré de contrôle tel que celui qui existe actuellement. Et je pense que cela nuit vraiment à la façon dont notre démocratie fonctionne ", a déclaré Hansen.Dorénavant, les responsables des affaires publiques de la NASA examinent ses conférences, ses articles, ses textes publiés sur Internet et les demandes des reporters qui souhaitent l'interviewer. Ils auraient dit non à au moins une requête, celle d'une journaliste du réseau NPR, le pendant américain de la radio de Radio-Canada." Ils estiment que leur travail est de censurer l'information qui est transmise au public ", a dénoncé Hansen, qui a promis de faire fi des nouvelles mesures prises à son égard.Les responsables des affaires publiques de la NASA ont répliqué en affirmant que tout leur personnel est soumis à des mesures similaires. Un porte-parole, Dean Acosta, a affirmé qu'on permet aux scientifiques de discuter de leurs recherches, mais pas de faire des déclarations quant aux politiques gouvernementales.Il faut préciser que le scientifique n'est plus dans les bonnes grâces de l'administration Bush depuis qu'il a annoncé, avant l'élection présidentielle de 2004, qu'il voterait pour le démocrate John Kerry.Hansen avait affiché ses couleurs publiquement lors d'un discours à l'Université d'Iowa. Il avait déjà, à l'époque, allégué que les scientifiques à l'emploi du gouvernement étaient muselés avec Bush à la Maison-Blanche.
Après avoir entendu parler de ces données au réseau ABC, les responsables des affaires publiques de la NASA ont sévèrement critiqué Hansen. Ils auraient fait cette montée de lait à la demande de leurs supérieurs, au siège social de l'agence spatiale." Ils étaient extrêmement insatisfaits et ils nous ont prévenu que si de telles choses se reproduisaient à l'avenir, il y aurait des conséquences terribles ", a-t-il raconté au New York Times. C'est ce quotidien qui a rapporté, à la une hier, les malheurs de ce scientifique renommé." En quelque 30 ans d'expérience au sein du gouvernement, je n'ai jamais vu un degré de contrôle tel que celui qui existe actuellement. Et je pense que cela nuit vraiment à la façon dont notre démocratie fonctionne ", a déclaré Hansen.Dorénavant, les responsables des affaires publiques de la NASA examinent ses conférences, ses articles, ses textes publiés sur Internet et les demandes des reporters qui souhaitent l'interviewer. Ils auraient dit non à au moins une requête, celle d'une journaliste du réseau NPR, le pendant américain de la radio de Radio-Canada." Ils estiment que leur travail est de censurer l'information qui est transmise au public ", a dénoncé Hansen, qui a promis de faire fi des nouvelles mesures prises à son égard.Les responsables des affaires publiques de la NASA ont répliqué en affirmant que tout leur personnel est soumis à des mesures similaires. Un porte-parole, Dean Acosta, a affirmé qu'on permet aux scientifiques de discuter de leurs recherches, mais pas de faire des déclarations quant aux politiques gouvernementales.Il faut préciser que le scientifique n'est plus dans les bonnes grâces de l'administration Bush depuis qu'il a annoncé, avant l'élection présidentielle de 2004, qu'il voterait pour le démocrate John Kerry.Hansen avait affiché ses couleurs publiquement lors d'un discours à l'Université d'Iowa. Il avait déjà, à l'époque, allégué que les scientifiques à l'emploi du gouvernement étaient muselés avec Bush à la Maison-Blanche.
Des précédents
Car ce n'est pas la première fois que l'administration Bush est accusée de vouloir contrôler ce qui sort de la bouche des scientifiques à l'emploi du gouvernement fédéral.On lui a aussi reproché de passer sous silence les conclusions des chercheurs qui ne vont pas dans le même sens que ses politiques.En 2003, par exemple, la secrétaire du département de l'Intérieur, Dale Norton, avait été critiquée dans le dossier du forage possible dans la réserve faunique de l'Arctique.On a soutenu qu'elle avait mis de côté des données fournies par ses propres biologistes sur l'impact potentiel du forage sur les caribous qui se reproduisent dans cet espace protégé.Est-il besoin de rappeler que les États-Unis n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre. Et qu'en novembre dernier, à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Montréal, les représentants de l'Oncle Sam ont uniquement accepté de discuter de la lutte contre le réchauffement de la planète.Hansen est toutefois loin d'être le seul Américain de renom à ne pas être sur la même longueur d'onde que Bush dans ce dossier. L'ancien candidat démocrate à la présidence, Al Gore, demeure en croisade contre la position de la Maison-Blanche.Il a justement défrayé la manchette cette semaine alors qu'un documentaire sur ses efforts pour convaincre les Américains de réduire les émissions de gaz à effet de serre était présenté au festival de cinéma Sundance. Et il publiera, en avril, un livre sur le même sujet. Le titre de ces deux oeuvres sera le même: Une vérité qui dérange.
Car ce n'est pas la première fois que l'administration Bush est accusée de vouloir contrôler ce qui sort de la bouche des scientifiques à l'emploi du gouvernement fédéral.On lui a aussi reproché de passer sous silence les conclusions des chercheurs qui ne vont pas dans le même sens que ses politiques.En 2003, par exemple, la secrétaire du département de l'Intérieur, Dale Norton, avait été critiquée dans le dossier du forage possible dans la réserve faunique de l'Arctique.On a soutenu qu'elle avait mis de côté des données fournies par ses propres biologistes sur l'impact potentiel du forage sur les caribous qui se reproduisent dans cet espace protégé.Est-il besoin de rappeler que les États-Unis n'ont pas ratifié le protocole de Kyoto sur les gaz à effet de serre. Et qu'en novembre dernier, à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Montréal, les représentants de l'Oncle Sam ont uniquement accepté de discuter de la lutte contre le réchauffement de la planète.Hansen est toutefois loin d'être le seul Américain de renom à ne pas être sur la même longueur d'onde que Bush dans ce dossier. L'ancien candidat démocrate à la présidence, Al Gore, demeure en croisade contre la position de la Maison-Blanche.Il a justement défrayé la manchette cette semaine alors qu'un documentaire sur ses efforts pour convaincre les Américains de réduire les émissions de gaz à effet de serre était présenté au festival de cinéma Sundance. Et il publiera, en avril, un livre sur le même sujet. Le titre de ces deux oeuvres sera le même: Une vérité qui dérange.
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