02 mars 2005

Psychothérapies: polémiques chez les psys français autour d'un rapport contesté

mercredi 2 mars 2005, 12h54
Psychothérapies: polémiques chez les psys français autour d'un rapport contesté
PARIS (AFP) – Entamé voici un an, un affrontement entre partisans des différentes méthodes de psychothérapies à propos d'un rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), vient de connaître de nouveaux rebondissements.
Le Forum des psys, qui regroupe des psychanalystes et des psychothérapeutes opposés au rapport, a décidé mardi de publier sur son site internet la "synthèse complète" du texte contesté, après s'être félicité, voici un mois, de son retrait du site du ministère de la Santé.
Satisfaits de voir retirée ce qu'ils considéraient comme une "caution" ministérielle, les opposants ne souhaitent pas pour autant que "ce travail soit caché", a expliqué à l'AFP le psychanalyste Gérard Miller, professeur à l'université de Paris VIII. Le rapport évaluant l'efficacité de différentes psychothérapies avait reçu, dès sa publication en février 2004, le soutien des partisans des thérapies comportementales et suscité les critiques des défenseurs de la psychanalyse et des psychothérapies d'inspiration analytique nées des travaux de Sigmund Freud.
Ces derniers lui reprochent notamment de faire une part trop belle aux thérapies comportementales et cognitives (TCC) visant notamment à résoudre des problèmes concrets (phobie des araignées, de la foule...) en réapprenant comment les affronter.
Le 5 février, le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy avait annoncé lors du Forum des psys à Paris, le retrait du site internet du ministère du rapport qui avait pourtant été accueilli positivement par plusieurs associations de malades.
En marquant ses distances, M. Douste-Blazy a donné "satisfaction à l'immense majorité des psychanalystes et des psychothérapeutes", selon le Forum des psys, animé par Jacques-Alain Miller, chef de file de l’Ecole de la cause freudienne, d'orientation lacanienne.
La publication d'une synthèse du rapport sur le site du Forum des psys (www.forumpsy.org) vise, selon un communiqué de ce mouvement, à "permettre à ceux qui le souhaiteraient d'en découvrir les présupposés sectaires", voire "les conclusions fantaisistes".
L'Association française de thérapie comportementale et cognitive (AFTCC), qui déclare regrouper un millier de professionnels, a pour sa part manifesté son "étonnement", sa "protestation" et son "inquiétude" dans une lettre ouverte adressée le 10 février à Philippe Douste-Blazy.
"Il ne faudrait pas que votre position doctrinaire conduise à des pertes de chances pour les malades", écrivait la présidente de l'AFTCC Annick Craignou. Le Syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS) a également critiqué dans un communiqué "l'affront fait à l'Inserm", qui "s'apparente à un pur acte de censure dans une optique parfaitement clientéliste", qualifiant de "scandale" la décision de retrait du rapport du site du ministère.
Ce rapport reste toujours accessible sur le site de l'Inserm.
Jeanne Etiemble, qui a dirigé l'expertise collective de l'Inserm, réalisée à la demande de la Direction générale de la santé et de deux associations de patients, souligne avoir utilisé la "démarche classique" en s'appuyant sur la littérature scientifique internationale pour évaluer les différents types de psychothérapies à partir de plusieurs centaines d'études.
La "mission a été remplie", a-t-elle déclaré à l'AFP, en reconnaissant que seulement une quinzaine d'études portant sur l'efficacité des techniques psychanalytiques avaient pu être retenues, car il en existe moins pour ces techniques que pour les TCC.


Il est attristant de voir que la volonté de voir la médecine justifier de son efficacité soit mise en échec par des décisions politiciennes. Reste un rapport qui souligne le peu d’efficacité des techniques freudiennes. Le peu d’études retenues souligne l’incapacité générale de la profession de proposer des protocoles permettant une reproductibilité méritant le qualificatif de « scientifique ».