01 avril 2008

De la télékinésie au gène gai: les recherches les plus hasardeuses

Odile Clerc et Pascal Lapointe
Agence Science-Presse

Selon la sagesse populaire, quand on cherche, on trouve! En science, cela n'est pas toujours vrai: on peut chercher et ne rien trouver, on peut trouver sans avoir cherché... Petit tour d'horizon de pistes hasardeuses célèbres.

La télékinésie est-elle possible? Le désir d'agir sur la matière est si fort qu'il est tentant d'y croire!

De nombreux scientifiques ont cru en la possibilité de faire bouger des objets par la seule force de notre pensée. Le magicien israélien Uri Geller, qui prétendait tordre des cuillères rien qu'en y pensant, a par exemple attiré l'attention de chercheurs. Mais les pouvoirs paranormaux ont la désagréable habitude de diminuer à mesure qu'on les étudie.

Ainsi, au XIXe siècle, les «spirites» prétendaient déplacer des tables ou des chaises; après qu'on les eut pris en flagrant délit de triche, ils se contentent de tasses ou d'assiettes.

Dans les années 40, un médium soviétique prétend pouvoir séparer le blanc d'oeuf du jaune. Au même moment, le scientifique américain Joseph B. Rhine soutient que les plus doués de ses sujets peuvent influencer un dé pour qu'il tombe plus souvent sur le six. Depuis les années 80, ses successeurs prétendent que certains peuvent influencer la position d'un électron.

En un siècle et demi, on est donc passé d'objets de quelques dizaines de kilos à moins d'un milliardième de milliardième de milligramme... et on n'a toujours rien prouvé!

La fièvre de la fusion froide

La fusion froide - une réaction nucléaire du type de celle qui fait briller notre Soleil, mais déclenchée à la température de la pièce - a fait rêver à la découverte d'une source inépuisable d'énergie.

En 1989, les docteurs Stanley Pons et Martin Fleischmann, de l'Université de l'Utah, ont annoncé avoir obtenu une réaction de fusion nucléaire au cours d'une simple expérience d'électrolyse menée avec deux électrodes de palladium plongées dans un récipient d'eau additionnée de deutérium. Ils auraient observé une production anormale de chaleur et ont invoqué la fusion nucléaire comme seule explication plausible du phénomène. Là où le bât blesse, c'est que personne n'a réussi à reproduire l'expérience de façon probante depuis et que ceux qui ont prétendu l'avoir fait ont, tout comme Pons et Fleischmann, trop peu documenté leurs travaux.

L'ardeur déclenchée par cette importante «découverte» s'est donc gentiment tiédie...

La combustion spontanée

La combustion spontanée a intrigué nombre de médecins... jusqu'à ce qu'un cochon révèle les secrets du mystère!

Le 4 avril 1731, la comtesse Cornelia Bandi est découverte partiellement calcinée à son domicile de Vérone sans cause apparente d'incendie. En 1885, le corps d'un homme est retrouvé en cendres dans sa cuisine. Sa tête, ses mains et ses pieds sont par contre intacts et aucune trace de feu n'est visible autour de lui. En 1980, une jeune fille s'enflamme spontanément dans une discothèque en Angleterre.

Les cas de disparition mystérieuse par combustion dite «spontanée» existent bel et bien; depuis le XVIIe siècle, on en aurait recensé plusieurs centaines dans toutes les régions du monde.

Longtemps considérée comme une vengeance divine ou une attaque des feux diaboliques, la combustion spontanée a dévoilé ses secrets grâce à différentes expériences dont une menée dans les années 60 sur un gigot emballé dans un torchon! On sait dès lors que la combustion spontanée est un phénomène biophysique post-mortem qui combine deux conditions : l'inertie de la victime et la proximité d'une source de chaleur. À l'instar d'une bougie, le corps s'enflamme lentement, les vêtements jouant le rôle de mèche.

Le gène gai

En 1993, on annonçait en grande pompe la découverte du gène responsable de l'homosexualité. Quinze ans plus tard, la science court toujours.

Dans la revue Science, Dean Hamer, généticien à l'Institut national du cancer, à Bethesda, au Maryland, annonçait avoir identifié le gène Xq28 transmis par la mère, comme gène responsable de l'homosexualité. Ce mythe n'aura duré que six ans, le temps pour les neurologues George Rice et George Ebers, de l'Université Western Ontario, à London, de publier un nouvel article prouvant le contraire.

Depuis, on a beau essayer de cartographier les zones du cerveau impliquées dans l'excitation sexuelle, de quantifier la présence d'hormones mâles et femelles, de démontrer la relation entre la quantité de glutamate entourant les neurones et l'orientation sexuelle, les origines de l'homosexualité restent impénétrables!

Au-delà des recherches scientifiques en cours, la question de la légitimité de telles études se pose, car elles sous-entendent que l'homosexualité, bien qu'elle ne soit plus considérée comme une pathologie depuis plus de 30 ans, reste une affaire de déviance à décoder... Pas rancunier, Dean Hamer pourchasse maintenant la signature génétique de la spiritualité!

Des bactéries «extrêmes»

Alors qu'aucune trace de vie sur Mars n'a encore été détectée, les conditions de vie sur Terre se révèlent beaucoup plus complexes qu'on ne le pensait. «Extrêmophiles», c'est le nom que les chercheurs ont donné à ces organismes capables d'endurer des conditions de vie jugées impossibles il y a encore une quarantaine d'années.

En étudiant, entre autres, les fonds des océans, là où les volcans crachent leurs énormes volutes de roches en fusion, là où la température, la pression, l'acidité et la radioactivité atteignent des niveaux mortels pour tout organisme «normal», les chercheurs ont découvert des bactéries, organismes unicellulaires sans noyau, parfaitement adaptées au milieu.

Et, ce n'est pas tout. Les «extrêmophiles» ne se cantonnent pas au fond des océans, on en trouve aussi dans les glaces de l'Antarctique ou de l'Arctique, dans les eaux saturées en sel de la mer Morte, etc. Autre surprise, certaines bactéries ont un métabolisme capable de revenir à la vie après plusieurs dizaines de milliers d'années de congélation! Et si la planète Mars nous réservait, elle aussi, des surprises?