19 juillet 2005

L'éthanol demande trop d'énergie pour être produit

Associated Press
Albany, New York

Selon une nouvelle étude américaine, les carburants alternatifs, comme l'éthanol et les polycarburants, nécessitent davantage d'énergie dans leur production qu'ils ne peuvent en fournir en rendement.
Aux États-Unis, les agriculteurs, entrepreneurs et les autorités investissent actuellement des millions de dollars dans ces sources d'énergie renouvelables en soutenant que leur combustion est plus propre que celle des carburants fossiles tels que le pétrole, en plus de réduire la dépendance envers l'or noir et de constituer un nouveau débouché pour les fermiers.Mais des chercheurs des universités Cornell (État de New York) et de Californie-Berkeley affirment qu'il faut 29 pour cent plus d'énergie fossile pour transformer le maïs en éthanol que la valeur énergétique du produit en résultant. Pour une autre plante, le panic raide, un fourrage utilisé aussi pour fabriquer de l'éthanol, il faut 45 pour cent plus d'énergie pour le produire que sa valeur énergétique, tandis que pour le bois, il faut 57 pour cent plus d'énergie. Enfin, le soya requiert 27 pour cent plus d'énergie pour être métamorphosé que la valeur du biodiesel qu'il donne, alors que pour le tournesol, c'est 50 pour cent de plus, explique-t-on dans le document.
«La production d'éthanol aux États-Unis n'est pas avantageuse pour la sécurité énergétique du pays, pour son agriculture, pour son économie ou pour son environnement», peut-on lire dans l'étude menée par David Pimentel, de Cornell, et Tad Patzek, de Berkeley.Les États-Unis feraient mieux d'investir dans les énergies solaire et éolienne et dans l'hydrogène, ont-ils conclu.L'éthanol est un additif qui, mélangé à l'essence, réduit les émissions de gaz d'échappement et accroît l'indice d'octane. Son usage se répand rapidement depuis 2004, année où Washington a interdit l'additif MTBE dans l'essence. Environ 3,6 milliards de gallons US d'éthanol ont été produits l'an dernier aux États-Unis, selon l'association des énergies renouvelables, qui fait la promotion de l'éthanol.Selon cette industrie, le recours à huit milliards de gallons US d'éthanol par année permettrait aux raffineries de consommer deux milliards de barils de pétrole en moins. Mais les pétrolières rétorquent que l'emploi d'éthanol aurait un effet négligeable sur les importations de pétrole.Les producteurs d'éthanol contestent quant à eux les résultats de l'étude. Ils prétendent que les données sont dépassées et qu'elles ne tiennent pas compte des profits qui surpassent les coûts.


Si cette étude est correcte, cela veut dire que produire de l'éthanol dans une économie où les bases de la production énergétique sont les carburants fossiles conduirait à une hausse de la consommation de ceux-ci. La production d'éthanol ne serait donc intéressante que dans une économie qui aurait déjà effectué une grande partie de sa mutation vers une production à base d'énergies 'propres'.