17 juin 2008

Hépatite B : la France toujours à la traîne

Par Destination Santé

Plus de 10 ans après « l'affaire » du vaccin anti-hépatite B et de son rôle supposé dans l'apparition de cas de sclérose en plaques (SEP), la France nage toujours dans ses contradictions. Onze études ont déjà écarté toute relation entre la SEP et ce vaccin… Et pourtant rien n'y fait : les Français et une partie des professionnels de santé le boudent toujours. Petit retour sur une épine dans le pied, dont un récent rapport de l'OMS ravive le piquant…
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« Dix ans après, la France a encore du mal à augmenter sa couverture vaccinale contre l'hépatite B » nous explique sur un ton très diplomatique (devoir de réserve oblige !) Eric Laurent. Au bureau régional de l'OMS pour l'Europe, il est « Conseiller adjoint en charge du programme des vaccinations ». Un conseiller donc, qui rappelle à l'envi que « le rôle de l'OMS n'est certainement pas de critiquer ses Etats-Membres ».

Critiquer, peut-être pas… Mais l'Organisation sait trouver son franc-parler quand il s'agit de mettre en garde contre les risques sanitaires liés à des choix politiques hasardeux ! En 1998, elle ne s'était pas privée de dire son désaccord avec la décision – prise par Bernard Kouchner – de suspendre la vaccination systématique des adolescents contre l'hépatite B. « Vous savez, nous sommes en contact régulier avec les autorités sanitaires françaises. Mais la situation est délicate, la vaccination contre l'hépatite B est un dossier sensible en France ». Sensible et surtout explosif : avec une couverture vaccinale qui oscille entre 33% et 42%, notre pays prend le risque sérieux de laisser « filer » les cirrhoses et les cancers primitifs du foie…

Pourquoi sommes-nous les seuls en Europe à nous défier de ce vaccin, le seul encore très récemment, à protéger d'un cancer ? Pour Eric Laurent, l'affaire est entendue : c'est la campagne de vaccination de masse lancée contre l'hépatite B en 1997 qui serait en cause. « C'est connu, les populations établissent très facilement un lien de cause à effet entre un vaccin et un effet secondaire. En revanche, défaire ce lien est une entreprise beaucoup plus longue et difficile. Il y a un grand travail d'information à fournir de la part des autorités ».

Aussi bien en direction du public, que des professionnels de santé ? « Oui, tout à fait, il est impératif d'avoir une position claire sur le sujet. La France devrait peut-être lancer une vaste campagne médiatique afin de rassurer une fois pour toute ses citoyens quant à l'innocuité du vaccin. A l'instar de celle qui a été menée en Grande-Bretagne il y a 4 ans. Elle avait alors permis de réconcilier les Anglais avec le vaccin ROR ».

Source : Bulletin de l'OMS, 6 juin 2008 ; interview d'Eric Laurent, Conseiller adjoint en charge du programme des vaccinations, OMS/Europe, 13 juin 2008


"Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain" écrivait Schiller. La pseudo-affaire du vaccin de l'hépatite B range la France dans la queue de peloton des nations occidentales. Nous remercierons les crieurs "au feu" dans quelques années, en leur mettant le nez dans l'augmentation des cirrhose et cancers du foie. Gageons qu'ils n'auront pas l'intelligence de reconnaître leurs erreurs.

ACADEMIE DE MEDECINE: Les risques du téléphone portable, Mise au point

COMMUNIQUE DE L'ACADEMIE NATIONALE DE MEDECINE, le 17 juin 2008

Les risques potentiels des téléphones portables ont fait l’objet de très nombreuses études, justifiées par le développement massif de la téléphonie mobile depuis 1993. Ces études relèvent soit d’une approche expérimentale (sur l’animal, sur des cultures cellulaires, voire sur des végétaux) soit d’une approche épidémiologique fondée sur des études cas-témoins.

L’étude internationale Interphone a été lancée car la plupart des études épidémiologiques antérieures apportent en réalité peu d’informations en raison d’une faible puissance statistique (peu de cas de la pathologie suspectée), d’un faible recul dans le temps (la plupart des cancérogènes connus ont des délais d’action d’environ 10 à 15 ans) et surtout, du fait de la difficulté principale des études cas-témoins, d’incertitudes importantes sur les expositions.
Ces incertitudes sont liées, en effet, au fait que l’estimation de l’exposition repose le plus souvent sur l’interrogatoire des cas et des témoins. On se heurte alors à la difficulté objective de se rappeler quel usage on faisait de son portable 5 ou 10 ans avant (ce type d’incertitude pourrait être pris en compte par des techniques statistiques adéquates, mais ce n’est presque jamais fait) et surtout à d’éventuels « biais d’anamnèse », les cas ayant tendance à mieux se rappeler leurs expositions que les témoins. Ce biais ne peut être corrigé de manière fiable sans mesure objective de l’exposition.
L’étude Interphone, conduite dans 13 pays, aura une puissance statistique importante puisqu’elle repose sur 6.600 cas de tumeurs (2.700 gliomes, 2.400 méningiomes, 1.100 neurinomes de l’acoustique et 400 tumeurs de la parotide). La publication de ses résultats globaux a été plusieurs fois annoncée et ajournée mais certains résultats partiels ont été publiés concernant le Danemark, la Suède, la Norvège, le Japon, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France.
Les résultats de ces études partielles sont pour le moment rassurants :
- les six études qui examinent les cas de neurinomes de l’acoustique ne montrent pas d’augmentation du risque, avec une incertitude à lever pour les utilisateurs depuis plus de dix ans ;
- les cinq études sur les méningiomes ne montrent pas d’augmentation du risque ;
- aucune des six études concernant les gliomes ne montre de risque significatif d’utilisation du portable mais le regroupement des études anglaises et nordiques montre un risque relatif de 1,39, à peine significatif (intervalle de confiance à 95% : 1,01 – 1,92) pour une utilisation du portable supérieure à 10 ans et du même côté que la tumeur.

L’étude Interphone France n’a pas montré d’excès de risque statistiquement significatif et ses auteurs ne font que suggérer la possibilité d’un risque pour des utilisations de 10 ans ou plus.
Ces résultats doivent être consolidés par le regroupement de toutes les études partielles, mais Interphone n’échappe pas à de sérieuses réserves méthodologiques : les expositions des cas et des témoins ont été estimées à partir d’interrogatoires sources d’incertitudes (non prises en compte dans les analyses statistiques) et de biais possibles d’anamnèse (pratiquement impossibles à corriger) ; les multiples tests statistiques devraient se fonder sur des techniques statistiques adéquates (pour ne pas augmenter le risque de résultat positif par simple hasard), ce qui n’est pas le cas.

Il sera donc important que la communauté scientifique dispose des données de base de cette étude pour pouvoir en vérifier la validité méthodologique.
L’Académie de médecine rappelle :
- que la médecine n’est ni de la publicité ni du marketing, et qu’il ne peut y avoir de médecine moderne que fondée sur les faits. Inquiéter l’opinion dans un tel contexte relève de la démagogie mais en aucun cas d’une démarche scientifique. On ne peut pas raisonnablement affirmer qu’ « un risque existe qu'il favorise l'apparition de cancers en cas d'exposition à long terme » et, en même temps, qu’ « il n'y a pas de preuve formelle de la nocivité du portable » ;
- que le principe de précaution ne saurait se transformer en machine alarmiste, surtout quand plusieurs milliards de portables sont utilisés dans le monde sans conséquences sanitaires apparentes depuis 15 ans.

L’Académie de médecine recommande :
- d'évaluer sérieusement les risques régulièrement évoqués, en privilégiant dans chaque cas une grande étude inattaquable sur sa méthodologie (ce qui n'est le cas ni d'Interphone ni du grand nombre d'études sur le même sujet qui l'ont précédée), plutôt que de nombreuses études de moindre envergure dotées de moyens et d’une puissance statistique insuffisants ;
- de privilégier les études de cohorte qui permettent une estimation beaucoup plus fiable des expositions et évitent les biais d’anamnèse entre les cas et les témoins ;
- de mettre systématiquement à la disposition de la communauté scientifique les données de base des études épidémiologiques, après un délai raisonnable pour ne pas priver ses auteurs de la priorité de leurs publications, afin de pouvoir faire l’analyse pertinente de leur fiabilité.

Contact Presse / Nicole Priollaud
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