22 avril 2005

Des infections en crèche diminueraient le risque de leucémie infantile

PARIS (AFP) – Les enfants ayant fréquenté d'autres bambins dans des crèches ou haltes-garderies auraient moins de risque de souffrir de la forme de leucémie la plus courante chez l'enfant, la leucémie aiguë lymphoïde, que les enfants privés de tels contacts, selon une étude publiée vendredi.
"L'interprétation la plus plausible est que cette protection résulte d'une exposition aux infections courantes", que les enfants allant en crèche ont plus de risque de contracter, concluent les chercheurs dans un article publié en ligne par la revue médicale britannique British Medical Journal.
"Un certain niveau d'exposition précoce aux infections semble important pour la santé de l'enfant", ajoutent-ils, rappelant que d'autres études ont fait état d'associations similaires entre exposition aux infections et développement d'allergies ou apparition du diabète de type 1 chez l'enfant.
Plus de 6.300 enfants sains et 3.140 enfants souffrant d'un cancer, dont 1.286 d'une leucémie aiguë lymphoïde (LAL), ont participé à cette étude. Leur mère a été interrogée sur leur éventuelle fréquentation, régulière ou non, d'une crèche ou halte-garderie avant l'âge d'un an. Il a également été tenu compte de la présence d'aînés dans la fratrie.
Ces enfants sont inclus dans une vaste étude sur le cancer de l'enfant au Royaume Uni destinée notamment à vérifier si leucémies et lymphomes peuvent être causés par des réponses anormales aux agents infectieux courants.
Au final, les résultats confirment, selon les chercheurs, "l'hypothèse selon laquelle une exposition réduite aux infections dans les premiers mois de la vie augmente le risque d'avoir une leucémie aiguë lymphoïde".
L'hypothèse d'un retard dans l'exposition aux agents infectieux comme facteur de développement de la maladie avait été formulée dès 1988 par le Pr Greaves (Institute of Cancer Research, Londres), qui participait également à la nouvelle étude publiée dans BMJ.
Les résultats sont jugés "statistiquement significatifs" aussi bien dans la tranche d'âge globale (2 à 14 ans) que dans celle plus réduite des enfants chez lesquels la maladie avait été diagnostiquée entre 2 et 5 ans.


Encore une étude qui va dans le sens d’une immunisation suite à l’exposition à une infection (attention : corrélation). Cette hypothèse renforce, s’il en était encore besoin, la nécessité des vaccinations infantiles, qui constituent elles aussi des expositions précoces à des virus atténués, stimulant le système immunitaire des enfants. La protection des vaccins pourrait donc avoir des effets protecteurs contre d’autres maladies que celles pour lesquelles ils sont conçus au départ.

18 avril 2005

En Inde, les arbres s'épousent pour éloigner le mauvais oeil

lundi 18 avril 2005, 15h24
CALCUTTA, Inde (Reuters) - Les habitants d'un quartier de Calcutta ont célébré le mariage d'un banian et d'un arbre de Bô, une union destinée à éloigner le mauvais oeil.
Le mariage entre ces deux arbres sacrés dont les troncs étaient recouverts de tissus rouges et de guirlandes de fleurs a été suivi d'un banquet rassemblant plus de 1.000 personnes.
"Un mauvais sort pesait sur nous. Aussi avons-nous décidé d'avoir recours à la spiritualité pour l'éloigner", a déclaré lundi Gouri Shankar Sengupta, l'un des organisateurs de la cérémonie.
Cette partie de la ville a été le théâtre d'un meurtre, de deux suicides et de nombreux cambriolages, des exactions attribuées à un mauvais sort pour de nombreux habitants. Le mariage a été célébré samedi, mais les festivités ne s'achèveront que lundi.


Hélas, cette ‘magie’ est très peu souvent suivie d’effets. Mais comme elle est également très peu contrôlée sur ses résultats, les croyances peuvent continuer de circuler tranquilles.

15 avril 2005

Charabia scientifique généré par ordinateur plus vrai que nature

CAMBRIDGE, Massachusetts (Reuters) – Un charabia incohérent entièrement créé par un ordinateur et présenté comme un travail universitaire par trois étudiants du MIT (Institut de technologie du Massachusetts) a été accepté pour une présentation lors d'une conférence scientifique.
Jeremy Stribling a expliqué jeudi que lui et deux de ses camarades du MIT, guère convaincus par le niveau d'exigence de certaines conférences, avaient élaboré un programme informatique permettant de générer automatiquement des articles de recherche remplis de phrases, diagrammes et tableaux totalement ineptes.
Les trois étudiants ont fait parvenir deux articles créés aléatoirement par ce programme à la Conférence mondiale sur les systèmes, la cybernétique et l'informatique (WMSCI) qui doit se tenir du 10 au 13 juillet à Orlando, en Floride.
A leur grande surprise, ils ont été invités par les organisateurs de la conférence pour y présenter un de ces articles. On peut lire dans ce texte des phrases telles que : "Le modèle de notre heuristique se compose de quatre éléments indépendants: le trempage simulé, les réseaux actifs, les modalités flexibles et l'étude de l'apprentissage du renforcement."
Nagib Callaos, l'un des organisateurs de la conférence, a expliqué que l'article avait été accepté car les trois personnes chargées de le lire et de l'évaluer n'avaient pas renvoyé leurs commentaires avant la date limite fixée pour l'admission à la conférence.
"Nous avons pensé qu'il serait injuste de refuser un article qui n'a été refusé par aucun de ses trois critiques", a-t-il dit. Callaos a cependant précisé que les organisateurs avaient décidé de revoir leurs procédures de sélection à la lumière de ce canular.
Les trois étudiants ont de leur côté fait savoir que leur invitation à la conférence n'avait pas encore été officiellement annulée. Ils recherchent actuellement des fonds pour pouvoir faire le déplacement.

Référence :
Article du Guardian
http://www.pdos.lcs.mit.edu/scigen/ (le générateur de charabia)


Cet ‘exploit’ rappelle un peu celui d’Alan Sokal et souligne la nécessité des comités de lecture pour les revues scientifiques et les organisateurs de conférences. Comme pour les journaux scientifiques, il y a des conférences plus réputées que d’autres. Sur le web, il existe d’autres générateurs de charabia, spécialisés dans d’autres domaines, tous plus hilarant les uns que les autres :
Exemples : le
Blablator et le Postmodernism Generator.

12 avril 2005

Le téléphone mobile n'augmente pas les risques de cancer, selon une étude

COPENHAGUE (AFP) - Le téléphone mobile n'augmente pas les risques de tumeurs cancéreuses au cerveau selon une nouvelle enquête danoise réalisée par la Société danoise de lutte contre le cancer, Kraeftens Bekaempelse.
Les chercheurs de cette association ont interrogé 427 danois atteints d'une tumeur au cerveau et 822 autres, non atteints, sur leur usage du portable, et en se basant sur leur relevé des communications téléphoniques.
"Cette enquête montre très clairement que l'utilisation du portable n'accroît pas les risques de développer le cancer au cerveau. Et nos résultats sont en phase avec ce que d'autres grandes enquêtes ont révélé, dont une récente publiée en Suède", a déclaré lundi le professeur de médecine Christoffer Johansen, qui a dirigé l'étude danoise.
Une autre enquête nordique, à laquelle Kraeftens Bekaempelse a participé, a abouti aux mêmes conclusions, a-t-il rappelé.
"Il est trop tôt pour dire si, à long terme, les fréquences des téléphones mobiles, introduits au Danemark au début des années 80 (...) ont un effet négatif sur le cerveau", a estimé le Dr. Johansen.
"Mais comme nous n'avons pas vu depuis 20 ans la moindre tendance vers des risques accrus de tumeurs cérébrales, il est difficile d'imaginer que l'usage du portable constituerait un facteur essentiel de risques de cancer au cerveau", a-t-il souligné.
Kraeftens Bekaempelse continue cependant de recommander aux enfants, aux jeunes et aux adultes d'utiliser des oreillettes pour téléphoner avec leurs portables.


Un groupe de 427 malades, un groupe de contrôle de 822 personnes une étude rétrospective sur la base des communications effectuées, preuves en main, et vingt ans de recul. Encore une étude qui invalide les affirmations des croyants de la nocivité des ondes électromagnétiques (radio, TV, fours à micro-ondes, lignes haute tension). Cette étude n’infirme néanmoins pas l’existence d’autres effets biologiques de ces ondes.

Le président indonésien prié d'abattre 1.000 moutons pour prévenir un séisme

JAKARTA (AFP) - Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a annoncé avoir été prié de sacrifier 1.000 moutons pour prévenir de nouveaux séismes en Indonésie, mais qu'il avait refusé cette demande fondée sur une superstition.
"J'ai reçu de nombreux SMS indiquant: S'il vous plaît Monsieur le président abattez 1.000 moutons", a déclaré le chef de l'Etat cité mardi par l'agence officielle Antara.
De nombreux séismes ont frappé ces dernières semaines l'Indonésie, en particulier l'île de Sumatra. La secousse terrible du 26 décembre, de magnitude 9,3 sur l'échelle de Richter, a selon des scientifiques déséquilibré la région et ouvert la voie à des "séismes en cascade".
M. Yudhoyono a refusé d'accéder à cette demande, en expliquant que les tremblements de terre étaient des phénomènes naturels, explicables sur le plan scientifique.
Les croyances aux phénomènes paranormaux et aux esprits sont courantes en Indonésie, immense archipel à majorité musulmane et à minorités chrétienne, hindoue ou animiste.
Les Indonésiens sont friands de SMS, alors que moins de 4% de la population a accès à une ligne fixe.


A quand les demandes de sacrifices humains ?

Men guessed right on women's intuition

Tim Radford, science editor
The Guardian
Women are not more intuitive than men: they just think they are. A national internet experiment involving more than 15,000 people has confirmed that women are no better than men at spotting which smile is a fake, which sincere.
Richard Wiseman, a psychologist at the University of Hertfordshire, challenged Britons to log on to a website, (www.sciencefestival.co.uk), study a series of partly masked photographs, and decide which smiles were from the heart, which ones calculated. Asked before the challenge, 77% of women classified themselves as "highly intuitive". Only 58% of men made the same claim. But performance did not match self-perception.
Men spotted 72% of the genuine smiles, women 71%. Feminine intuition failed even more signally when it came to reading men's faces. Men, it turned out, could correctly detect 76% of the fake female smiles. Women spotted only 67% of the dissembled smirks by the opposite sex.
"These findings question the notion that women really are more intuitive than men. Some previous research has found evidence for female intuition, but perhaps over time men have become more in touch with their intuitive side," Prof Wiseman said.
The participants found it hardest to unmask fake smiles when the mouth was covered.


Encore un préjugé qui s’effondre. Certains accros de l’étrange considèrent l’intuition comme un don paranormal. Dans le cas présent, difficile de voir du paranormal dans le fait de détecter correctement si un sourire est authentique ou simulé.

11 avril 2005

Le successeur de Jean Paul II, pape "de la gloire de l'olivier"?

ROME (Reuters) – Nul ne sait s'il s'agit d'un indice sur la couleur de sa peau ou sur son lieu de naissance, mais le successeur de Jean Paul II sur le trône de saint Pierre sera le pape "de la gloire de l'olivier", affirme la prophétie de Saint-Malachie.
Souvent citées et contestées, les prédictions de l'évêque d'Armagh, en Irlande, qui remontent au XIIe siècle, portent sur les 112 souverains pontifes appelés à succéder à Célestin II jusqu'au Jugement dernier. Comme toute prophétie digne de ce nom, la référence à "la gloire de l'olivier" concernant le prochain pape, 111e et avant dernier sur cette fameuse liste, a donné lieu à toutes sortes d'interprétations. Pour certains, elle aurait trait à la couleur de sa peau, due à son origine africaine, latino-américaine ou méditerranéenne.
"Il pourrait également s'agir d'un pape d'origine juive, dans la mesure où le rameau d'olivier est un symbole biblique du peuple d'Israël", avance le quotidien italien La Stampa.
Certains spécialistes de la prophétie de Saint-Malachie évoquent par ailleurs de longue date l'hypothèse d'une référence à l'ordre des Bénédictins, auquel appartiennent les Olivétains. Reste que l'unique représentant de cet ordre parmi les cardinaux, âgé de 93 ans, a dépassé la limite d'éligibilité fixée à 80 ans.
Assurant qu'il s'agit d'un faux datant du XVIe siècle, beaucoup ont vu dans ces prédictions une simple manipulation destinée à orienter la décision des cardinaux. D'autres soulignent l'exactitude des prophéties.
La 110e "devise" de Malachie, qui correspond à Jean Paul II, le décrit comme le pape "du travail du soleil" (de labore solis). Or Karol Wojtyla est né le 18 mai 1920, jour d'une éclipse de soleil, et a été inhumé le 8 avril, date d'une autre éclipse, partielle celle-ci, visible en Amérique du Sud.
La précédente parle de "lune médiane" (de meditate lunae), or Jean Paul Ier, prédécesseur de Jean Paul II, fut élu et mourut lors d'une demi-lune.
Plus inquiétantes sont les prédictions au sujet du 112e et dernier successeur présumé de Célestin II. "Dans la dernière persécution de la Sainte Eglise romaine, le siège sera occupé par un Romain nommé Pierre, qui fera paître les ouailles au milieu de grandes tribulations; après quoi, la ville des sept collines (Rome) sera détruite et un juge terrible jugera son peuple", peut-on y lire.


On remarque que quel que soit le candidat finalement élu (Africain, Juif, Latino-américain, Bénédictin, etc.), la prophétie de Saint-Malachie pourra être interprétée comme étant avérée, ce qui lui enlève toute valeur prédictive. Le choix du nom « Benoît XVI » par Ratzinger (ni Africain, ni Juif, ni Latino-américain, au fait) a quand même fait jaser les amateurs de surnaturel (« Benoît », donc « Bénédictin », bien sûr !). Quant à l’affirmation que Jean-Paul Ier ait été élu et soit mort lors d’une demi-lune, elle paraît douteuse, vu que son mandat a duré 33 jours et non 28 (un mois lunaire). Alors à moins d’une tolérance de 3 jours en plus et en moins, sur la date de la demi-lune, difficile de donner crédit à cette affirmation.

04 avril 2005

Hépatite B: la plainte contre trois ministres de la Santé est classée

PARIS (AFP) – La Cour de Justice de la République (CJR) a classé, le 24 mars, une plainte contre trois ministres ou ex-ministres de la Santé, déposée par des familles s'estimant victimes des effets secondaires du vaccin contre l'hépatite B, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
La commission des requêtes de la CJR -seule juridiction habilitée à juger les crimes et délits commis par les membres du gouvernement "dans l'exercice de leurs fonctions" - avait été saisie d'une plainte en septembre 2004 et visant Jean-François Mattei, Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy.
Cette plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui", "publicité tronquée en matière de santé publique" et "non-assistance à personne en péril", avait été déposée par Me Gisèle Mor au nom de cinq familles, dont celles de deux enfants aujourd'hui décédés.
La plainte ne fera donc pas l'objet d'une instruction devant la commission d'instruction de la CJR, composée de trois magistrats de la Cour de cassation.
En 1994, le gouvernement, dans lequel M. Douste-Blazy était ministre de la Santé, a organisé une campagne pour vacciner plus de 20 millions de Français contre l'hépatite B. Des effets indésirables, dont des scléroses en plaques, se sont manifestés sur certains patients, qui se sont estimés victimes du vaccin.
Plusieurs plaintes ont ensuite été déposées au pénal, instruites aujourd'hui par la juge du pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris Marie-Odile Bertella-Geffroy.
Toute personne qui pense être victime d'un acte commis par un membre du gouvernement dans l'exercice de ses fonctions peut saisir la commission des requêtes de la CJR, formée de sept hauts magistrats de la Cour de cassation, du Conseil d'Etat et de la Cour des comptes.
Le classement d'une plainte décidé par cette commission ne peut faire l'objet d'aucun recours.


Voilà qui devrait calmer les ardeurs des fanatiques de la dérive juridique à l’américaine.

01 avril 2005

Etudes cliniques : les critères de jugement

Ces dernières années, nous avons pu observer une recrudescence des attaques contre les vaccinations (ROR, Hépatite B, etc.). Certaines de ces attaques utilisent des études cliniques alarmistes publiées dans des journaux scientifiques. Une étude clinique permet de tester un produit, un médicament, un aliment, un facteur environnemental etc., sur une population donnée, généralement pour en mesurer l’influence sur une pathologie.
Il est bon de rappeler quelques ‘évidences’ :
a) les scientifiques peuvent se tromper. Il n’est pas rare qu’une publication soit suivie d’une rétractation des auteurs.
b) certains journaux scientifiques sont moins cotés que d’autres : les meilleurs possèdent un comité de lecture constitué de scientifiques compétents qui relisent les articles et émettent leur avis avant toute publication (on parle de peer-reviewed journal). D’autres ne possèdent aucun comité de lecture.
c) certaines études cliniques présentent des défauts de conception scientifique. Ces failles sont assez facilement repérables, même par des non-initiés car les informations nécessaires figurent obligatoirement dans le résumé de l’étude qui est généralement publié en tête d’article. Nous allons détailler quelques-unes de ces failles dans la suite de cet article.
d) Enfin, certaines études cliniques sont financées par des groupes ayant un intérêt, généralement financier (groupe industriel) ou idéologique (groupe politique, sectaire). C’est parfois plus difficile à savoir, car certains auteurs restent discrets sur leurs sources de financement. Ce conflit d’intérêt (entre l’intégrité scientifique sur le résultat et la partialité du financeur) peut conduire un auteur à favoriser, même inconsciemment, un résultat plutôt qu’un autre. Généralement, cela suffit pour qu’un journal scientifique sérieux refuse la publication, s’il est averti de ce conflit d’intérêt.
Il suffit qu’une étude clinique présente un des problèmes mentionnés ci-dessus pour qu’elle soit mise en doute par la communauté scientifique, comme une preuve douteuse doit être rejetée par un jury.

Voici quelques-unes des failles les plus courantes du type mentionné au paragraphe c ci-dessus :
1) une étude statistique doit porter sur un nombre suffisant de cas. Il est difficile d’être plus précis sans savoir le phénomène sur lequel porte l’étude, mais typiquement cela se compte en centaines de personnes plutôt qu’en dizaines, pour pouvoir obtenir une significativité du résultat. Plus l’effet à démontrer est faible ou proche de l’effet placebo, plus il faudra augmenter le nombre de personnes participant à l’étude. La taille du groupe est généralement indiquée dans le résumé. Pour s’affranchir de ce problème on peut regrouper plusieurs études similaires en une seule méta-analyse, dont les résultats seront plus fiables. Néanmoins, une méta-analyse n’est pas une panacée pour faire du bon avec du mauvais (une méta-analyse fondée sur de mauvaises études ne fournira pas un bon résultat pour autant).
2) une étude doit comporter un groupe de contrôle (controlled study) qui indiquera quelles sont les valeurs ‘normales’ pour une population considérée. Ce groupe ne subit pas de traitement particulier et ses résultats sont comparés avec ceux du groupe traité. Chaque groupe doit avoir une taille suffisante pour valider un résultat statistique crédible.
3) une étude doit être conduite en double aveugle, dans la mesure du possible. Dans une étude en double aveugle (double-blind study), les intervenants ignorent les informations qui pourraient influencer les sujets et les sujets ignorent s’ils font partie du groupe de contrôle ou du groupe étudié. Par exemple, les médecins ignoreront quels patients ont reçu un médicament et quels autres ont reçu la pilule sucrée.
4) La répartition dans les différents groupes doit être effectuée de façon aléatoire (randomized test), sans connaissance des intervenants. Seul le statisticien de l’étude pourra reconstituer le puzzle en fin d’étude, sachant qui appartenait à quel groupe, ce qui assure l’objectivité de chacun.
5) les patients étant influençables par suggestion, on obtient parfois un effet placebo en donnant un faux médicament (généralement une pilule sucrée) en lieu et place d’un médicament faisant partie de l’étude. On peut alors mesurer l’effet placebo sur le groupe qui a reçu la pilule sucrée par rapport à celui qui n’a rien reçu. On parle d’étude « contre placebo ». Un médicament efficace doit obtenir un score significativement meilleur que le placebo, sans quoi il n’a aucune valeur thérapeutique. Remarque : l’effet placebo varie en fonction de plusieurs facteurs, dont le type de pathologie, l’environnement médical, le pouvoir de conviction des intervenants, etc. Il faut donc refaire l’étalonnage du placebo pour chaque nouvelle étude car il est très difficile de chiffrer l’effet placebo de façon universelle. Il faut également s’assurer que le traitement placebo ne peut pas être distingué du traitement réel par les patients ou les intervenants, sous peine d’invalider le double-aveugle.
6) Une étude statistique ne peut seule mesurer une causalité, sauf dans des cas très simplistes, qui n’existent virtuellement pas en médecine. Elles ne peuvent mesurer qu’une corrélation (voir l’éditorial du numéro de mars 2005 de Sens Commun).

En résumé, une bonne étude clinique portera sur un groupe de quelques centaines de personnes (selon les besoins statistiques), aura un groupe de contrôle (controlled study), sera conduite en double-aveugle (double-blind), ‘randomisée’ (randomized) et comparée à un placebo.
Résumé de l’étude Wakefield :

Summary

Background We investigated a consecutive series of children with chronic enterocolitis and regressive developmental disorder.

Methods 12 children (mean age 6 years [range 3-10], 11 boys) were referred to a paediatric gastroenterology unit with a history of normal development followed by loss of acquired skills, including language, together with diarrhoea and abdominal pain. Children underwent gastroenterological, neurological, and developmental assessment and review of developmental records.
Ileocolonoscopy and biopsy sampling, magnetic-resonance imaging (MRI), electroencephalography (EEG), and lumbar puncture were done under sedation.
Barium follow-through radiography was done where possible. Biochemical, haematological, and immunological profiles were examined.

Findings
Onset of behavioural symptoms was associated, by the parents, with measles, mumps, and rubella vaccination in eight of the 12 children, with measles infection in one child, and otitis media in another. All 12 children had intestinal abnormalities, ranging from lymphoid nodular hyperplasia to aphthoid ulceration. Histology showed patchy chronic inflammation in the colon in 11 children and reactive ileal lymphoid hyperplasia in seven, but no granulomas.
Behavioural disorders included autism (nine), disintegrative psychosis (one), and possible postviral or vaccinal encephalitis (two). There were no focal neurological abnormalities and MRI and EEG tests were normal. Abnormal laboratory results were significantly raised urinary methylmalonic acid compared with age-matched controls (p=0·003), low haemoglobin in four children, and a low serum IgA in four children.

Interpretation We identified associated gastrointestinal disease and developmental regression in a group of previously normal children, which was generally associated in time with possible environmental triggers.

Lancet 1998; 351: 637-41*


On constate l’absence de groupe de contrôle, l’absence de double-aveugle, le faible nombre de cas étudiés (12) et une association faite a priori avec la vaccination par les parents, donc par un raisonnement erroné de type « sophisme post hoc » (« c’est arrivé après, donc ça a été causé par… »).
Le Lancet est néanmoins un journal médical très réputé. Suite aux études qui ont invalidé les affirmations de l’étude Wakefield et la révélation d’un conflit d’intérêt (Wakefield était payé par des parents d’enfants autistes, pour une deuxième étude qui incluait des patients de la première, en vue d’une action en justice), le Lancet a présenté ses excuses. Les co-auteurs de l’étude se sont rétractés en exprimant leurs regrets pour les effets négatifs de la panique injustifiée soulevée au nom de leur étude, qui a provoqué une baisse spectaculaire de la couverture vaccinale, avec pour conséquence une épidémie de rougeole au Royaume Uni, de rubéole aux Pays-Bas.

Résumé de l’étude danoise ayant contredit les affirmations de l’étude Wakefield :
Reference
KM Madsen et al. A population-based study of measles, mumps and rubella vaccination and autism. New England Journal of Medicine 2002 347: 1477-1482.

Study
This was a retrospective study of all children born in Denmark between January 1991 to December 1998. In Denmark, a system of unique personal identification numbers, linked to vaccination registers and linked information about the diagnosis of autism makes almost complete follow up possible. A record review of 40 children with autism by a consultant in child psychiatry confirmed that 92% of children met operational criteria for autism.
The national Danish vaccination program recommends first vaccination a 15 months and again at 12 years.

Results
There were 440,655 children vaccinated, and 96,648 children who were unvaccinated. The mean age of vaccination was 17 months, and 99% of children vaccinated had their first vaccination before they were three years of age. The proportion of vaccinated boys and girls was the same, at 82%.
Table 1 shows the number and percent of children who developed autism or autistic spectrum disorders.

Table 1: Autism and MMR vaccination in Denmark

VaccinatedUnvaccinated
Total440,65596,648
Number with autism26353
Percent with autism0.0600.055
Number with autistic spectrum disorder34577
Percent with autistic spectrum disorder0.0780.080

Using person-years of exposure, there was no statistically significant difference between vaccinated and unvaccinated children for autism (relative risk 0.9, 95% confidence interval 0.7 to 1.2) or autistic spectrum disorders (relative risk 0.8, 0.7 to 1.1). There was no association between development of autism and age at vaccination (95% before two years of age) or the interval between vaccination and development of autism with no clustering at any particular time.


Groupe de 440665 enfants vaccinés, groupe de contrôle de 94648 enfants non vaccinés, pas de sélection des enfants inclus dans l’étude (tous les enfants nés de 1991 à 1998). Comme il s’agit d’une étude rétrospective, le double-aveugle n’a pas de sens (impossible de remonter dans le temps pour influencer les patients). Le New England Journal of Medicine est également un journal très coté. Son impact factor, une mesure de son influence dans les milieux scientifiques, est de 29,065 contre 13,251 pour le Lancet, en 2001.
Le résultat de l’étude montre l’absence totale de différence statistiquement significative entre les deux groupes, donc l’absence d’influence du MMR sur l’autisme.