03 août 2008

«Doper son moteur à l'eau» pour réduire consommation et pollution


AFP - La hausse des prix à la pompe suscite l'espoir des passionnés de la communauté des «pantoneurs» qui, comme Fabrice Donzeau, un sapeur-pompier français, ont bricolé leur moteur pour le «doper à l'eau» selon le procédé franco-américain dit «G-Pantone».

M. Donzeau, originaire d'Excideuil dans le sud-est de la France, a déjà équipé deux voitures et une tondeuse à gazon. L'installation consiste à «faire chauffer de l'eau par les gaz d'échappement avant de la réinjecter dans le moteur afin d'obtenir un mélange gazeux» à base de vapeur d'eau et d'essence, censément plus efficace que le carburant sous forme liquide.

Bilan du procédé, breveté en 1998 par un ingénieur américain, Paul Pantone, puis amélioré par un Français, Antoine Gillier -d'où le nom de «moteur G-Pantone»-: 30% de consommation en moins et une teneur de CO2 dans les gaz d'échappement inférieure à ce que l'on observe à la sortie d'un véhicule équipé de pot catalytique, soutiennent les utilisateurs.

Bernard Gay, garagiste à Marsac-sur-l'Isle, est formel: «Ca marche». Ayant testé une 2CV équipée par M. Donzeau, il garantit qu'effectivement, les rejets polluants diminuent. Formel, donc, mais prudent: «Je n'ai pas installé le système sur mes propres véhicules. Et je ne sais pas ce que ça donnerait avec des moteurs modernes...»

Sur le site internet de référence des «pantoneurs», qui affiche presque deux millions de connexions depuis 1999, les plans de montage sont en libre accès et au moins 200 expérimentations sont recensées, décrites, photographiées: les maîtres mots sont empirisme et solidarité.

Machines agricoles, voitures, camions, groupes électrogènes, tondeuses à gazon, pelles mécaniques, motos et même un hélicoptère, aucun moteur à explosion n'échappe aux velléités expérimentales de cette communauté discrète, qui échange principalement par internet.

Mais alors, pourquoi un système à ce point économique, simple, efficace -et surtout légal, selon le bricoleur périgourdin, car «on ne touche pas à l'intégrité du moteur"- n'est-il pas encore produit et distribué à l'échelle industrielle, voire monté en série ?

Pouvoir du «lobby pétrolier», pressions des fabricants de pots catalytiques, mauvaise volonté des constructeurs automobile ou des gouvernants, répond M. Donzeau.

Chez Renault, en réalité, on est moins catégorique.

«L'adjonction d'eau au carburant» peut effectivement permettre de «réduire la pollution dans les gaz d'échappement», indique le constructeur dans un communiqué, relevant d'ailleurs que plusieurs procédés techniques de ce type sont déjà exploités par les constructeurs automobile.

«En revanche le moteur Pantone n'a jamais prouvé de gain de consommation en carburant», affirme le constructeur. En effet, aucune démonstration scientifique n'est jamais parvenue à expliquer de manière irréfutable une baisse de consommation.

«Si ça ne marche pas, qu'on vienne m'expliquer pourquoi je consomme 60% de moins avec ma tondeuse!», s'exclame Fabrice Donzeau, qui, en véritable pèlerin, parcourt derrière son engin comices, foires bio et autres rassemblements de vieilles mécaniques, afin de convaincre le public de l'efficacité du procédé G-Pantone.


Chez les adeptes du moteur Pantone, la théorie du complot est aussi fort populaire. Car qu'est-ce qui peut empêcher un entrepreneur indépendant et motivé de créer sa propre entreprise, sinon un complot mondial ?

Les sangsues épinglées


L'Express.fr - La thérapie par les sangsues: c'est l'une des nouvelles médecines à la mode. Difficile, pourtant, de trouver un praticien disposé à en parler. "Chasse aux sorcières" ou "charlatanisme"? Notre enquête.

"J'ai testé les sangsues": ça aurait pu être le pendant Internet du dossier de l'Express sur les médecines du bien-être. Nous devions expérimenter sur nous-mêmes les bienfaits de ces drôles de vampires. L'hirudothérapie, un sujet léger comme l'été.

Nous pensions pouvoir tester sans difficulté cette pratique de plus en plus répandue... et de plus en plus médiatisée. Las, les obstacles se sont multipliés.

Il faut d'abord savoir que la thérapie par les sangsues est un traitement long, qui se pratique surtout en chirurgie réparatrice et plastique. Peu propice à une séance éclair.

Par ailleurs, nous ne sommes pas parvenus, dans un premier temps, à trouver les coordonnées de médecins sur Paris, tous réticents à s'exprimer devant des journalistes pour des raisons de "déontologie". Pourquoi se cacher ainsi si la pratique est efficace?

Les autorités médicales (Conseil national de l'ordre des médecins, Académie de médecine, Haute autorité de la santé) ne reconnaissent pas l'hirudothérapie, alors même qu'elle est utilisée en hôpital.

Une pratique confidentielle

Nous ne sommes pas seuls en quête: nombre d'internautes demandent sur les forums médicaux où trouver un praticien spécialisé. Et ne trouvent aucune réponse.

Une solution? Contacter la société Ricarimpex, spécialisée, la seule en France, dans l'élevage des sangsues. On nous y dirige vers un praticien d'Aix-en-Provence, qui, lui, pratique à plaque découverte.

C'est avec une pointe d'ironie que le docteur Gillard évoque une "chasse aux sorcières". "Les médecins qui pratiquent l'hirudothérapie ne sont pas bien vus par leurs confrères. Je ne parle à personne de ce que je fais", explique-t-il.

Les mauvaises expériences, il n'en veut plus. Des clients, qui n'avaient pas réalisé ce que représente ce type de traitement, ont porté plainte devant l'ordre des médecins. Depuis, il est impossible de venir à son cabinet sans recommandation d'un autre patient: "C'est grâce au bouche à oreille que ma clientèle s'est constituée. Pour les sangsues, je ne prends pas n'importe qui, seulement les gens vraiment motivés".

Les hirudothérapeutes parisiens ne parlant pas aux journalistes, nous décidons de nous faire passer pour des patients. Et là, tout devient plus simple. Ricarimpex nous communique, sans même vérifier notre identité, les coordonnées d'un docteur en pharmacie.

Nous appelons le cabinet. Le médecin est en vacances, mais son assistante détaille sans rechigner le protocole. Après le premier rendez-vous, d'une durée de deux heures, pour établir un "bilan général", le patient doit suivre un traitement homéopathique d'une quinzaine de jours. Dans le même temps, il doit changer de régime alimentaire. L'application des sangsues, "remarquables pour combattre l'arthrose", commence à l'issue de cette période de préparation. Au programme, une séance de deux heures par mois pendant six mois.

A la question du prix, nous sommes estomaqués: la première consultation est à 100 euros. Le bilan général oblige... Puis, 50 euros pour les séances qui suivent. Sans compter le prix des sangsues!

Le point de vue des autorités médicales

L'hirudothérapie est-elle reconnue? Est-elle l'objet d'une interdiction? Le Conseil national de l'ordre des médecins estime que l'efficacité de l'hirudothérapie n'est pas scientifiquement prouvée.

Evelyne Acchiardi, attachée de presse du Conseil, affirme même ne jamais avoir entendu parler de recherches sur ce thème au sein de l'institution.

L'Académie Nationale de médecine est beaucoup moins clémente. Sans langue de bois, le professeur Jacques-Louis Binet considère qu'il s'agit de "charlatanisme". "C'est le retour à l'époque d'Hippocrate! On ne sait même pas d'où elles sortent, ces sangsues. C'est de la sorcellerie et, si les médecins se cachent, c'est bien que ce n'est pas une pratique anodine", s'emporte-t-il. Pourtant, certains hôpitaux les utilisent, comme au CHU de Nancy, en chirurgie plastique et réparatrice.

"Les sangsues servent en cas de problèmes de retour veineux, explique le Professeur Etienne Simon. Nous utilisons cette méthode très rarement, une à deux fois par an maximum. Mais la sangsue draine le sang. Elle est reconnue pour ses vertus anticoagulantes".

Aucun médecin que nous avons contacté n'a confirmé que les sangsues soulageaient l'arthrose, les varices ou les acouphènes.