22 novembre 2007

La revue médicale «The Lancet» dénonce l’utilisation de traitements homéopathiques pour des maladies graves.

Que peut-on attendre de l’homéopathie ? Le débat n’est toujours pas clos, entre ceux qui souscrivent à son efficacité et ceux qui pensent que tout cela n’est que sornettes d’un autre siècle. Les interrogations sur l’intérêt de l’homéopathie viennent d’être relancées par des médecins britanniques, qui s’insurgent dans The Lancet du 17 novembre contre la promotion des pilules homéopathiques dans la prise en charge des malades du sida. À l’occasion de la Journée mondiale sur cette maladie, le 1er décembre prochain, l’organisation d’une réunion à Londres sur le thème «homéopathie et symptômes du sida» a jeté le feu aux poudres et provoqué l’ire des médecins allopathiques.

Déjà récemment, les services de santé britanniques ont décidé de ne plus financer un centre de soins spécialisé en homéopathie, et d’autres hôpitaux subissent aussi des réductions de financement. En France, les mêmes questions sont posées à intervalles réguliers. Ainsi en 2003, le gouvernement a décidé de réduire le taux de remboursement de l’homéopathie de 65 à 35 %, tandis qu’en 2004 l’Académie de médecine lançait une offensive pour un déremboursement total. Devant le tollé, notamment des firmes pharmaceutiques concernées, suscité par cette proposition, le statu quo a été de mise. «On n’ose plus en France réaborder le sujet compte tenu de la réaction des firmes», soutient François Chast, professeur de pharmacologie et de toxicologie à l’Hôtel-Dieu, à Paris.

Les médicaments homéopathiques sont produits à partir de dilutions tellement importantes de molécules actives, que celles-ci sont quasi inexistantes dans le produit final. Cinq méta analyses (analyses de tous les essais cliniques réalisés dans le monde) portant sur les effets de l’homéopathie ont été effectuées. Après prise en compte des biais, il apparaît que ces médicaments ne sont pas plus efficaces qu’un placebo, c’est-à-dire une substance dénuée d’activité pharmacologique. Pourtant, comme le raconte The Lancet, ils peuvent dans certains cas avoir des effets bénéfiques : au XIXe siècle, lors de la grande épidémie de choléra à Londres, le taux de décès des malades hospitalisés à l’hôpital homéopathique était trois fois inférieur à celui des patients de l’hôpital du Middlesex. En l’absence de traitement efficace du choléra à l’époque, l’homéopathie ne faisait pas de dégât, contrairement aux saignées réalisées par défaut.


Pas d’effets secondaires

L’homéopathie n’a pas d’effets secondaires. En cas d’affection bénigne, de courte durée, capable de guérir seule, l’homéopathie est un moindre mal par rapport à un médicament présentant des complications potentielles. Le danger souligné par les opposants, qu’ils soient Britanniques ou Français, c’est la perte de chance pour des patients atteints d’affections graves qui ne recevraient que de l’homéopathie, alors que des traitements efficaces auraient pu offrir des chances de guérison. Ainsi, selon The Lancet, certains sites Internet proposeraient des produits homéopathiques contre le paludisme ou d’autres fièvres tropicales, alors que des molécules actives existent. «Une publication du service du professeur Dellamonica au centre hospitalier universitaire de Nice faisait état il y a quelques temps du décès d’une patiente qui avait pris des granules homéopathiques pour se protéger du paludisme et avait présenté un accès palustre pernicieux, raconte le professeur François Chast. L’homéopathie ne fait pas de mal quand elle est destinée aux troubles bénins, mais peut être à l’origine d’un retard de traitement actif.»

L’an dernier, le Conseil supérieur d’hygiène publique de France avait mis en garde contre l’utilisation de pseudo-vaccins homéopathiques contre la grippe, inefficaces, mais pouvant inciter à se détourner de la vaccination classique.

Le succès des médecins homéopathes qui ne se dément pas en France, malgré les polémiques, tient aussi au fait que ces praticiens ont un abord de la médecine bien plus tournée vers le patient. Enfin, les granules homéopathiques ont un coût bien inférieur aux autres médicaments.


Le sucre coute aussi moins cher que les autres médicaments. En effet, ce n'en est pas un et il n'a pas à supporter les couts de mise en production, les tests d'innocuité et les tests d'efficacité pour obtenir l'autorisation de mise sur le marché d'un véritable médicament. Il en va de même pour les préparations homéopathiques qu'il devrait être donc interdit d'appeler "médicament".
Le débat n'est pas clos entre les adeptes de l'homéopathie et les scientifiques ? Dans ce cas, on peut aussi dire que le débat sur l'éther n'est pas clos. Il y a une différence cependant: l'éther était une théorie du 19ème siècle. L'homéopathie date, elle, du 18ème.