24 décembre 2009

« Docteur Betterave » a été enterrée

Il y a ceux qui ont réellement pleuré, ceux qui ont versé des larmes de crocodiles, et ceux qui se sont réjouis. La mort de l’ancienne ministre sud-africaine de la santé, Manto Tshabalala-Msimang, n’a en tous cas laissé personne indifférent.

Lorsqu’elle était à son poste (1999-2008), elle a été accusée d’avoir entravé la lutte contre le sida en contestant notamment les bienfaits des médicaments antirétroviraux (ARV), produits selon elle d’entreprises guidées par des intérêts post-coloniaux. Dans un pays où 5,7 millions de personnes sont touchées par l’épidémie, elle préférait plutôt recommander une alimentation riche en légumes suscitant ainsi une forte contestation. Cette médecin préconisait son remède pour combattre la maladie : avaler un cocktail à base d’ail, de citron et de betterave, d’où son surnom de « Dr Betterave ».

Certains lui font porter la responsabilité des 365 000 malades qui seraient morts entre 2000 et 2005 faute d’avoir reçu un traitement à temps. D’autres n’oublient pas que cette (absence de) politique n’était qu’une conséquence de la politique de déni de Thabo Mbeki, le président sud-africain de l’époque, qui doutait du lien entre le VIH et le sida. Il estimait que les effet des antirétroviraux étaient pire que le mal qu’ils étaient censés traiter.

Au moment de son enterrement, les dirigeants de l’ANC ont préféré rappeler que Manto Tshabalala-Msimang fut une grande militante et une travailleuse acharnée. D’autres ont dressé un bilan davantage nuancé de son action, en évoquant notamment sa politique de lutte contre le tabac.

Mais pour beaucoup, son parcours restera une énigme. Il semble qu’elle souhaitait s’expliquer avant de mourir.

Le président Jacob Zuma a toutefois bien pris conscience des erreurs du passé. C’est lui qui a définitivement tourné la page de ces sombres années en annonçant le 1er décembre dernier sa volonté d’élargir l’accès aux traitements pour les enfants et futures mères du pays.


Manto Tshabalala-Msimang a été accusée de suivre les inepties de Matthias Rath. La mort de Nozipho Bhengu, qui avait rejeté l'utilisation des anti-rétroviraux pour de l'ail et du jus de citron et l'absence de la ministre à son enterrement avaient alors provoqué un tollé dans l'opinion sud-africaine. En 2006, 65 experts du SIDA avaient demandé sa démission au président Mbeki.

18 décembre 2009

Antennes-relais : l'absence de risque confirmée

C'est l'avis exprimé jeudi par les Académies des sciences, des technologies et de médecine.


Les représentants de l'Académie des sciences, l'Académie des technologies, l'Académie de méde­cine, jeudi, lors d'une conférence de presse commune, fait exceptionnel, ont déclaré que «réduire l'exposition aux ondes des antennes-relais n'est pas justifié scientifiquement». Le groupe d'experts des trois académies sur ce sujet approuve sans réserve les conclusions du rapport scientifique de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset), rendu public le 15 octobre 2009, qui concluait notamment qu'aucun risque sanitaire lié aux antennes-relais n'avait été mis en évidence.

Depuis plusieurs années, une polémique enfle sur les risques de ces antennes qui servent à faire transiter les ondes électromagnétiques des téléphones portables. Cette polémique a atteint son apogée mi-2008 avec la condamnation judiciaire de Bouygues Telecom l'obligeant à retirer une antenne-relais située à proximité d'habitations à Tassin-la-Demi-­Lune, dans le Rhône, au motif de «l'angoisse ressentie» par les familles avoisinantes.


Divergences d'appréciation


Après cette affaire, une expertise scientifique approfondie a été lancée sous la houlette de l'Afsset, expertise rendue publique le 15 octobre 2009. Celle-ci était plutôt rassurante, estimant que les champs électromagnétiques des antennes-relais «ne sont ni génotoxiques, ni cogénotoxiques, ni mutagènes, n'ont pas d'effet cancérogène ou cocancérogène, n'ont pas d'effet délétère sur le système immunitaire, ne provoquent pas d'augmentation des cancers expérimentaux…». Ces conclusions étaient basées sur l'analyse par plus d'une dizaine d'experts de 97 études, dont 86 ne montraient pas d'effets. Onze autres études mettaient en évidence un effet biologique. Mais selon les académiciens, elles n'ont pas été reproduites et les effets n'ont été observés qu'avec des «niveaux d'exposition 5 000 à 30 000 fois plus élevés que ceux créés par la quasi-totalité des antennes-relais».


Jeudi, les experts des trois académies ont regretté que Martin Guespereau, directeur de l'Afsset, n'ait pas insisté lors de la présentation publique de ce rapport en octobre 2009 sur les aspects rassurants, mais au contraire sur les onze études rapportant des «effets» biologiques. Les trois académies pointent les contradictions entre le communiqué de presse de l'Afsset, qui commence ainsi : «Le rapport de l'Afsset met en évidence l'existence d'effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires rapportées par une dizaine d'études expérimentales considérées par l'Afsset comme incontestables», et les conclusions du rapport : «Aucune preuve convaincante d'un effet biologique parti­culier des radiofréquences n'est apportée. À ce jour, il ressort de cette analyse que, en conditions non thermiques, les radiofréquences supérieures à 400 MHz ne modifient pas les grandes fonctions cellulaires».



«Notre responsabilité de scientifiques, c'est de donner l'état de la science.


Ensuite, les pouvoirs publics peuvent éventuellement prendre des mesures qui tiennent compte des inquiétudes de la population. Mais ces mesures doivent être bien pesées car elles augmentent l'inquiétude et on part alors dans un cercle vicieux terrible, a expliqué le professeur Jean-François Bach, vice-président de l'Académie des sciences. Ce qui nous a préoccupés, dans la présentation du rapport de l'Afsset, c'est que l'on a tenté de faire endosser à des scientifiques des décisions politiques.» Les représentants des trois académies estiment qu'il est techniquement possible de réduire l'exposition aux antennes-relais en les multipliant, mais en risquant d'augmenter sans justification la puissance d'émission des portables des quelque 85 % de Français qui les utilisent. «Des mesures de réduction des expositions ne peuvent aujourd'hui ­relever que d'une décision de gestion politique, soulignent-ils, Une réduction irréfléchie de l'exposition aux antennes-relais pourrait aboutir à un effet inverse pour la grande majorité des Français, sans bénéfice sanitaire pour les autres.»

08 décembre 2009

La testostérone ne rend pas si méchant, selon une étude

AP - Contrairement à certaines idées reçues et aux conclusions de précédentes expériences scientifiques, la testostérone ne rend pas l'homme agressif. C'est du moins ce qu'affirme une étude de l'Université de Zurich et de l'université Royal Holloway de Londres publiée dans la revue scientifique "Nature". Cette hormone sexuelle semble même favoriser l'honnêteté dans certaines circonstances.

Depuis des décennies, la littérature scientifique populaire, l'art et les médias font jouer à cette hormone le rôle des stimulant de l'agressivité, explique l'Université de Zurich. Les expériences sur les animaux semblent a priori le confirmer. On a en effet pu observer que des rongeurs mâles castrés montraient moins de velléités belliqueuses. Durant des années s'est ainsi répandu le préjugé selon lequel la testostérone favorise les comportements, agressifs, la prise de risque et l'égoïsme.

Pourtant, selon l'étude publiée dans "Nature", ce constat ne peut pas être transposé à l'être humain.

Cette conclusion découle d'une expérience réalisée auprès de 120 personnes volontaires. Chacun avait à disposition une somme d'argent bien réelle et devait faire une proposition de partage, honnête ou non, à une autre. Cette dernière était libre d'accepter ou non, mais en cas de refus, personne ne recevait le moindre centime.

Avant le jeu, les participants avaient reçu soit une dose de 0,5 milligramme de testostérone, soit un placebo. "Suivant l'opinion ordinaire, on aurait pu s'attendre à ce que les personnes traitées à la testostérone adoptent une stratégie agressive, risquée et égoïste, sans prendre garde aux conséquences négatives possibles sur la transaction", explique Christoph Eisenegger, neuroscientifique à l'Université de Zurich. Mais l'étude a montré exactement le contraire.

Les personnes traitées à la testostérone ont dans une large mesure fait des propositions plus équitables que celles ayant reçu un placebo. Ils ont ainsi minimisé les risques de voir leur offre rejetée.

L'étude montre aussi que la croyance populaire selon laquelle la testostérone stimule l'agressivité est fortement ancrée. Les personnes persuadées d'avoir reçu une dose d'hormone ont fait bien davantage d'offres déloyales que les autres. Selon l'économiste de la Royal Holloway Michael Naef, cela montre que c'est plus le mythe autour de l'hormone que la testostérone elle-même qui renforce l'agressivité.