27 mai 2008

Une étude falsifiée sur la nocivité des téléphones portables

Courrier International

En 2005 et 2008, des chercheurs de l'université de Vienne avaient fait sensation en révélant que les champs électromagnétiques générés par les antennes de téléphones portables pouvaient causer des ruptures dans les brins d'ADN des cellules. Conséquence possible : le cancer. Les pourfendeurs des antennes relais de téléphones portables s'étaient empressés d'exploiter ces études.

Seul problème : les résultats utilisés par les chercheurs étaient faux. Une technicienne de laboratoire les avait falsifiés, rapporte le magazine allemand Der Spiegel.

Le coup est dur pour Franz Adlkofer, l'un des superviseurs des recherches. Régulièrement cité par les médias, ce professeur munichois coordonnait également l'étude européenne REFLEX, qui avait également conclu, en 2003, à la nocivité des téléphones portables. Selon un autre spécialiste cité par Der Spiegel, il n'a pas pu ne pas s'apercevoir que les données étaient truquées.


Une preuve de plus que les valeureux défenseurs auto-proclamés de notre santé peuvent faire aussi 'bien' que ceux qu'ils dénoncent, pour essayer de prouver leurs théories, au mépris de l'éthique scientifique la plus élémentaire.

25 mai 2008

L’acide folique et les vitamines B sans effet contre les maladies cardiovasculaires

Une supplémentation en acide folique, vitamines B6 ou B12, seuls ou en combinaison, réduisent les concentrations d’homocystéine.

A partir de ces données, un certain nombre d’études randomisées ont cherché à savoir si cette supplémentation prévenait aussi les événements cardiovasculaires.

Des travaux ont été menés dans les populations générales mais on dispose de peu d’études chez les patients ayant déjà une maladie cardiovasculaire. C’est le sujet du travail publié dans le JAMA.

5 442 femmes, professionnelles de santé américaines, âgées de 42 ans ou plus, et qui avaient soit des antécédents d’accident vasculaire cérébral ou plus de 3 facteurs de risque coronarien ont été enrôlées dans une étude randomisée en double insu versus placebo.

Elles ont reçu un comprimé contenant une combinaison de 2, 5mg d’acide folique, 5mg de vitamine B6 et 1 mg de vitamine B12 ou un placebo. Elles ont été traitées pendant plus de 7 années entre avril 1998 et juillet 2005.

796 femmes ont présenté un événement cardiovasculaire (406 dans le groupe du traitement actif et 390 dans le groupe placebo) au cours du suivi.

Les patientes qui recevaient le traitement actif avaient un risque identique de survenue d’un événement cardiovasculaire (évalué par un critère composite d’infarctus du myocarde ou d’AVC ou de procédure de revascularisation coronarienne ou de mortalité d’origine coronarienne).

Pourtant, les concentrations d’homocystéine plasmatique étaient diminuées de 18.5 % dans le groupe actif en comparaison du groupe placebo.

Les auteurs concluent donc, comme pour les autres études déjà réalisées sur ce sujet, qu’après 7 années de traitement et de suivi, un comprimé comprenant à la fois de l’acide folique, de la vitamine B6, de la vitamine B12 ne réduit pas les événements cardiovasculaires chez les femmes à haut risque et cela malgré un abaissement significatif des concentrations d’homocystéine

D'après Albert CM et al. Effect of folic acid and B vitamins on risk of cardiovascular events and total mortality among women at high risk for cardiovascular disease. JAMA 2008 ; 299 : 2027-2036.

22 mai 2008

Attention aux huiles essentielles, dit l'Agence de sécurité sanitaire

PARIS (AFP) - L'agence de sécurité sanitaire des médicaments a invité à la prudence dans l'utilisation des huiles essentielles qui ne sont "pas dénuées de risque", tout en insistant auprès des professionnels sur la nécessité du respect des critères de qualité des matières premières, du mode d'obtention de l'huile et de sa conservation.
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Dans l'attente d'une réglementation européenne, et en l'absence de réglementation française concernant leur emploi dans les produits cosmétiques, l'Afssaps (Agence de sécurité sanitaire des produits de santé) a affirmé que les huiles essentielles devaient être utilisées "avec prudence" car elles peuvent "être toxiques et provoquer des effets indésirables du fait de leur passage à travers la peau et de leur impact sur l'organisme".

Les huiles essentielles "ne doivent pas être considérées comme des ingrédients courants mais comme des substances particulières non dénuées d'effets secondaires", a noté mercredi l'Agence.

Dans une recommandation à l'adresse des industriels producteurs d'huiles essentielles et fabricants de produits cosmétiques, l'Afssaps a souligné que le respect des critères de qualité spécifiques à chaque huile "a un retentissement sur la qualité du produit, en particulier sur son innocuité".

L'Agence a insisté en particulier sur les "critères qualité des matières premières végétales d'où sont issues les huiles essentielles (dénomination botanique, conditions de production de la plante, partie de plante utilisée, famille chimique et méthodes d'identification de la partie de plante destinée à la production de l'huile essentielle)".

Elle a aussi mis l'accent sur la nécessité de vigilance pour le mode d'obtention de l'huile, les méthodes d'analyse et les conditions de conservation et de stockage de ces produits.


Encore une occasion de rappeler que "naturel" ne veut pas dire "sans risque pour la santé", la plupart des poisons étant parfaitement "naturels". Rappelons aussi que les comportements que les tenants des médecines parallèles dénoncent chez les industriels de la pharmacie se retrouvent aussi bien chez les producteurs de poudres de perlimpipmpin et autres produits miracles: recherche du gain maximum, négligences sur la qualité des produits et les effets secondaires. Sans compter qu'il n'y a souvent aucune preuve d'un effet primaire bénéfique !

08 mai 2008

Quand la prière tue


(A S P) – Des parents du Wisconsin ont laissé leur fille de 11 ans mourir dans un coma diabétique parce qu’ils croyaient que la prière suffirait à l’aider.

Cela ne se passe pas dans un lointain pays où la culture scientifique serait une vue de l’esprit, mais dans le pays le plus riche du monde, qui présente les plus gros investissements en recherche et qui a produit le plus grand nombre de Prix Nobel.

À quel moment de ce récit, s’il s’était agi de votre fille, vous seriez-vous rué à l’hôpital?

Vendredi 21 mars: selon le journal local, Dale Neumann, le père, remarque que sa fille « était un peu plus fatiguée, mais souligne qu’elle avait avalé un hamburger McDonald sans problèmes ». Le lendemain, veille de Pâques, il note que sa fille « semblait se comporter comme si elle avait la fièvre, tandis que sa respiration semblait un peu laborieuse ».

Sa femme a déclaré à la police que ce samedi-là, « Kara était étendue sur le divan. Ses jambes avaient l’air décharnées et bleu... Nous l’avons mise dans mon lit où je l’ai réchauffée. Je pensais que c’était une attaque spirituelle. Nous sommes restés à ses côtés et nous avons prié. »

Plus tard dans la journée, Kara est allée à la salle de bains et est tombée des toilettes. Le lendemain, dimanche, son père a tenté de la soulever dans son lit mais elle était incapable de rester assise. Elle ne parlait pas et était incapable de boire de l’eau.

Un ami, Randall Wormgoor, a encouragé Dale Naumann à appeler un médecin, mais celui-ci « s’est dit confiant que la prière la guérirait ». C’est quand il s’est d’urgence livré à des manoeuvres de réanimation que cet ami a appelé le 911.

Les Neumann ont été accusés, le 27 avril, de meurtre au second degré, « pour avoir traité leur fille par la prière plutôt que la médecine » —une accusation inédite au Wisconsin, et qui ne semble pas gagnée d’avance selon les observateurs.

Interrogé par les enquêteurs, Dale Neumann a dit que « dans les mêmes circonstances, il n’abandonnerait pas sa foi dans le pouvoir guérisseur de la prière ». Les Neumann ont trois autres enfants. Leur avocat veut invoquer la liberté de religion. Et ils ont déjà récolté des appuis.

07 mai 2008

Cosmetic chain told to withdraw homeopathic malaria remedy

James Meikle, The Guardian

The cosmetic chain Neal's Yard Remedies has been ordered to withdraw a homeopathic remedy for malaria after medicines watchdogs decided its sale was potentially dangerous and misleading.

The product, which was "clearly intended to be viewed as a treatment or preventative" for a serious disease, had not been approved as required by law, the government's Medicines and Healthcare products Regulatory Agency (MHRA) said yesterday.

It clamped down on the remedy, Malaria Officinalis 30c, after being alerted by the BBC and a member of the public last month. Neal's Yard has already withdrawn the product, which had been available for more than 20 years.

Homeopathic remedies are classed as medicines and require MHRA authorisation before going on the market, the watchdog said. It could find no record of such approval. David Carter, head of the team investigating such products, said: "We regard the promotion of an unauthorised, self-medicating product for such a serious condition to be potentially harmful to public health and misleading. We are pleased that Neal's Yard Remedies have complied with our request and removed this product from the market."

Susan Curtis, the company's medicines director, denied it had advertised or sold the remedy as a prevention for malaria. "It has been supplied on request by practitioners working in Neal's Yard Remedies stores and in fact practitioners have been trained to always explain that the remedy should not be considered as a guarantee of prevention of malaria.

"The name of the remedy is based on its Latin name and not on its claim to cure or prevent an ailment. However, as this was obviously a contentious issue which could cause our customers' concern, and at the request of the MHRA, Neal's Yard Remedies took the decision to withdraw the product from sale with immediate effect, from April 17 2008." The company added that it was not aware of any other remedies being under question.

The warning follows the airing of the BBC's Inside Out programme, Homeopathy and Malaria, last month. Its presenter Janine Jansen was sold homeopathic remedies at Neal's Yard's store in Exeter and was advised she could use them to help deal with malaria, according to the programme.

After the programme was aired, a statement on Neal's Yard website said that Curtis had been interviewed for the programme and "unfortunately a lot of what she was trying to say was not shown".

The website statement added: "We know there have been no clinical trials for the use of homeopathy in the prevention of malaria but homeopathy does have a good track record in preventing and treating other endemic diseases."


Autant certaines croyances peuvent prêter à rire, autant dans un cas comme celui-ci, on aurait tendance à demander des peines très sévères pour mise en danger de la vie d'autrui, exercice illégal de la médecine ou de la pharmacie. Le paludisme est une maladie très sérieuse et rien ne justifie son traitement avec de la poudre de perlimpimpin en espérant que le mal passera tout seul en quelques jours.

02 mai 2008

De nouvelles preuves de la sélection naturelle

D'où viennent les variations génétiques entre les populations humaines ? Une équipe de chercheurs parisiens répond aujourd'hui: de la sélection naturelle.

Chère à Darwin, la sélection naturelle est un lent processus qui distingue, au fil des générations, les individus les mieux adaptés à leur environnement. Mais si elle est souvent citée pour expliquer les caractéristiques d'animaux ou de plantes, son rôle est-il confirmé dans l'espèce humaine ? Oui, assure aujourd'hui une équipe de l'unité "Génétique évolutive humaine" de l'Institut Pasteur, à Paris (1). La sélection naturelle a bel et bien modelé notre patrimoine génétique.

Pour la première fois, les chercheurs apportent la preuve, à l'échelle du génome entier, qu'elle est responsable des différences qui existent entre les populations. "Avant toute chose, il faut rappeler que génétiquement le concept de races humaines – c'est-à-dire le fait de vouloir subdiviser l'espèce humaine d'après des caractères physiques héréditaires – n'a aucun sens, signale Lluis Quintana-Murci, directeur de l'unité. L'espèce humaine est jeune, et la diversité génétique s'avère finalement très faible. Sans compter que le génome d'un Lillois, par exemple, peut présenter plus de différences avec celui d'un Montpelliérain qu'avec celui d'un Dakarois."

Il n'empêche, il existe une réelle variabilité à l'échelle des populations, qui se traduit par des traits physiques et physiologiques distincts. Par exemple, les Asiatiques ne digèrent pas le lactose du lait, contrairement aux Européens du Nord et à certaines populations africaines. Et les Européens du Nord, eux, résistent bien moins au paludisme que les Africains. L'enjeu est donc de savoir si ces grandes tendances prennent leur source dans la dérive génétique, c'est-à-dire dans le simple hasard des brassages démographiques, ou dans la fameuse sélection naturelle. Dans ce cas, une mutation génétique qui confère un avantage dans un environnement donné se répand plus rapidement au sein de la population.

Pour résoudre ce dilemme, les chercheurs se sont intéressés aux mutations de simples bases dans le génome humain. Quèsaco ? Notre patrimoine génétique est écrit avec un alphabet qui ne contient que quatre lettres, ou bases – A, T, C, G –, dont l'ordre d'assemblage définit toutes les substances constituant notre organisme. Or il arrive que dans une séquence donnée, une base soit malencontreusement remplacée par une autre. Lluis Quintana-Murci et ses collègues ont comparé près de 3 millions de ces mutations uniques chez plus de deux cents Nigérians, Chinois, Japonais et Européens du Nord, répertoriées dans le cadre du projet international Hapmap (2). L'idée était alors de calculer le degré de variabilité entre les populations pour chaque mutation. En clair, il s'agit d'une mesure statistique qui établit la présence ou non d'une mutation donnée dans une population. Un cas extrême serait par exemple que tous les Européens possèdent, à un endroit précis de leur génome, une base A alors que le reste du monde possède une base G. Le degré de variabilité pour cette mutation serait alors maximal, puisque tous les membres d'une unique population la porteraient.

Les chercheurs ont calculé le degré de variabilité pour chaque classe de mutations: selon qu'elles affectent un gène avec ou sans conséquences sur la protéine correspondante, qu'elles touchent une région du génome qui régule l'expression d'un gène ou n'a aucune fonction particulière...

"Si les fréquences des mutations étaient gouvernées par la simple dérive génétique, celles-ci toucheraient le génome dans son ensemble et aucune classe de mutations ne serait avantagée par rapport à une autre, explique Lluis Quintana-Murci. En revanche, si leurs fréquences ont été influencées par la sélection naturelle locale, et donc impliquées dans l'adaptation à l'environnement de chaque population, il est évident que les régions du génome les plus importantes pour la bonne marche de l'organisme montreront le degré de variabilité le plus élevé." Et c'est bien ce que les chercheurs ont découvert. Les mutations qui affectent directement les gènes et leurs protéines, et les régions régulatrices des gènes montrent une plus grande variabilité entre populations que les autres. En fait, 582 gènes exactement sont impliqués. Il s'agit évidemment de ceux contrôlant les traits morphologiques, comme la couleur de peau ou le type de cheveux, mais aussi de ceux qui régulent le métabolisme ou la réponse immunitaire aux pathogènes. C'est ainsi qu'une mutation du gène CR1, impliqué dans la résistance aux attaques de paludisme, se retrouve chez 85 % des Africains mais est absente chez les Européens et les Asiatiques.

L'équipe de Lluis Quintana-Murci ne va pas s'arrêter en si bon chemin. Elle souhaite maintenant mieux connaître le rôle de la sélection naturelle dans les interactions de l'homme avec les pathogènes et savoir dans quelle mesure celles-ci sont affectées par le mode de vie des populations humaines.

Notes:
(1) Unité CNRS "Hôtes, vecteurs et agents infectieux: biologie et dynamique".
(2) Financé par le Japon, la Chine, le Royaume-Uni, le Canada, le Nigéria et les États-Unis, le projet Hapmap vise à cataloguer les similitudes et les différences génétiques entre les humains, notamment pour l'identification de gènes associés à des maladies et à la réponse aux traitements.