22 décembre 2004

La science se penche sur le corps intact d'un lama mort en 1927

MOSCOU (AFP) - Ni déshydraté, ni momifié, le corps d'un grand lama bouriate mort en 1927 reste toujours intact et pour ses fidèles, qui attendent avec confiance une expertise scientifique, il ne peut être qu'un saint, un Bouddha réincarné.
Des recherches scientifiques poussées ont commencé en Russie sur le corps d'un lama de Bouriatie (Sibérie), qui reste parfaitement intact 77 ans après sa mort, a annoncé mardi à Moscou un médecin légiste.
Le corps de l'ancien dirigeant des bouddhistes russes, a été exhumé en 2002 - conformément à son testament, où il affirmait son immortalité -, mais les recherches, autorisées par les dirigeants religieux, n'ont commencé qu'en novembre 2004, a déclaré Viktor Zviaguine, chef du département d'identité judiciaire au Centre des expertises médico-légales de Moscou, au cours d'une conférence de presse.
Assis en position de lotus, vêtu de ses habits sacerdotaux, le lama se trouve dans un monastère de Bouriatie, dans la région du lac Baïkal.
"Il s'agit d'un phénomène pour lequel la science actuelle n'a pas de nom", a ajouté l'expert.
Le corps, qui a passé 75 ans dans un cercueil, ressemble toujours à celui d'une personne morte 36 heures plus tôt, selon lui.
Son cas n'est pas absolument inédit, a reconnu M. Zviaguine. Des corps trouvés récemment dans le Caucase de Nord, datés d'abord d'il y a quelques années, ont finalement été identifiés comme des morts du XVIIIe siècle.
Mais ces dépouilles, comme d'autres, découvertes dans les Alpes (le célèbre "Iceman"), au Danemark et en Chine, sont plutôt des exemples de momification sous l'effet de l'environnement
(la tourbe ou la glace, notamment). Dans le cas du lama bouriate, il ne s'agit ni de changement dans la composition chimique du corps ni de déshydratation.
Le chef actuel des bouddhistes russes, le lama Aïouchéïev, a autorisé une analyse de fragments de tissus du corps qui doit permettre, avec des méthodes scientifiques modernes, d'essayer de comprendre ce phénomène.
Maintenant, a indiqué M. Zviaguine, on attend la permission de faire la tomographie du corps,
pour définitivement déterminer s'il est mort ou vivant. Pour le peuple bouddhiste bouriate, le lama n'est pas mort, mais se trouve en état de nirvana, et il revient conformément à sa promesse, à un moment où le bouddhisme est en train de renaître en Russie, a déclaré Mme Ianjima Vassilieva, directrice de l'Institut Lama Itiguelov, récemment créé à Oulan-Oudé, la capitale bouriate.
Le Dalaï Lama, leader mondial des bouddhistes, estime d'ores et déjà que le lama Itiguélov se trouve encore en état de méditation, en voie vers le nirvana. Pour les chefs bouddhistes russes, il est déjà un saint, un Bouddha réincarné. Le lama Dacha-Dorjo Itiguélov, dont le nom peut être traduit par "le soleil et le diamant de la foi", est né en Bouriatie en 1852.
Pour les bouddhistes,
il était une réincarnation de leur premier khamba-lama (chef de l'église bouddhiste locale), mort au XVIIe siècle. Proclamé khamba-lama XII en 1911, Itiguélov jouissait du respect du tsar Nicolas II. Après la Révolution d'octobre 1917, il s'est trouvé isolé dans un monastère en Bouriatie. Juste avant sa mort en 1927, le khamba lama a prédit une terrible persécution des bouddhistes par les Soviétiques, et a demandé à ses fidèles de retrouver son corps, mis dans un
cercueil de bois en position de lotus, 30 ans plus tard. Exhumé pour la première fois en 1955, puis à nouveau en 1973, le corps du lama a été placé de façon permanente dans un temple en 2002, l'année où il avait promis de revenir vers ses élèves.


Entre ressembler à « une personne morte 36 heures heures plus tôt » et « être vivant », il y a tout de même une légère différence. Et pour le rendez-vous de 2002, c’est raté !

21 décembre 2004

Celebrex: pas de retrait si les effets positifs l'emportent sur les négatifs, explique Philippe Douste-Blazy

(AP) - Le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy a expliqué mardi que le Celebrex ne serait pas retiré de la vente s'il présentait "plus d'effets positifs que négatifs".
Au lendemain de la décision du laboratoire américain Pfizer de suspendre la publicité pour son médicament contre l'arthrite, le Celebrex, dont la sécurité a été remise en question vendredi par une étude, le ministre français de la Santé a souligné sur Europe-1 que "tous les médicaments, s'ils sont actifs, ont des effets positifs et certains effets négatifs".
"Oui", le Celebrex "a des effets secondaires, oui des anti-inflammatoires peuvent entraîner des ulcères, des hypertensions artérielles qui peuvent entraîner des accidents vasculaires cérébraux: on le sait", a précisé Philippe Douste-Blazy. Et "tous les ministères de la Santé du monde occidental l'ont permis". "Nous allons nous réunir, toutes les agences nationales du médicament au niveau des pays européens début janvier pour pouvoir regarder très vite ce problème qui est posé par le Celebrex", a annoncé le ministre de la Santé. "Si nous estimons qu'il y a plus d'effets positifs que d'effets négatifs, nous ne le retirerons pas".
Philippe Douste-Blazy a précisé qu'"il y a dans l'autorisation de mise sur le marché des experts qui mettent en balance les deux: si vous avez plus d'effets positifs que négatifs, vous le mettez sur le marché et les médecins donnent des indications".
Par ailleurs, une "Haute autorité en Santé va rentrer dans les faits demain et va pouvoir dire quelle est l'utilité des actes médicaux, l'efficacité des médicaments en toute indépendance de l'industrie pharmaceutique", a-t-il assuré.


Simple rappel d’un fait très général : les médicaments ont des effets secondaires plus ou moins marqués (c’est pour ça entre autres que l’automédication n’est pas souhaitable) et à l’inverse, il y a peu de chances qu’un médicament n’ait pas du tout d’effet secondaire, à moins de n’avoir aucun effet du tout.

16 décembre 2004

Study: Married Adults Healthier Than Most

By RANDOLPH E. SCHMID, Associated Press Writer

WASHINGTON - Confirming what many couples already knew, a government study concludes it's healthy to be married.
Sure, the majority of husbands pack on some extra pounds. But overall, married people are sick less often and more active. They smoke and drink less and in general feel better than single, divorced, never married or even folks just living together. The National Center for Health Statistics report didn't name the reasons why married people are healthier. But health statistician Charlotte Schoenborn in an interview described two major theories.
One is that marriage may be protective of health. For example married couples may have advantages in terms of economic resources, social and psychological support and encouragement of healthy lifestyles.
A second possibility, she said, is marital selection — "the theory that healthy people get married and stay married, whereas less healthy people either do not marry or are more likely to become separated, divorced or widowed."
"Overall, this association between marital status and health persists regardless of socio-economic status, education and poverty, where people were born or their ethnicity," Schoenborn said. Among adults 18 and over, 11.9 percent said they were in fair or poor health, the study found. By comparison, some 10.5 percent of married people reported being in poor or fair health, while all other groups were higher. At 19.6 percent, widows and widowers were the most likely to be in these less healthy categories.
"In general, married adults were the least likely to experience health problems and the least likely to engage in risky health behaviors, with the notable exception of being overweight," Schoenborn wrote. The report was based on a survey of 127,545 people in 1999-2002 conducted by the center, part of the federal Centers for Disease Control and Prevention.
In addition to reporting better health overall, the study found that married people said they had less low back pain, fewer headaches and less psychological stress. They also were less likely to drink and smoke and were more physically active than people in general.
However, they're not immune to the weight problems plaguing America. Currently more than half of all adults are overweight or obese — 56.7 percent — the center said. Some 70.6 percent of husbands were overweight or obese compared with 65.1 percent of all men. For females, 48.6 percent of married women were overweight or obese, virtually the same as the 48.5 percent of women in general. Widows made up the largest share of overweight women at 53.2 percent.
An association between marriage and health was first reported in the 1970s. The relationship persists although much has changed since then. People are waiting longer to marry now, and living with a domestic partner outside of marriage has become more common, Schoenborn noted.
"For most negative health indicators, adults living with a partner had higher rates than married adults: they were more likely to be in fair or poor health, to have some type of limitation of activity for health reasons and to have experienced low back pain and headaches ... and serious psychological distress," Schoenborn reported.
The report found that married people were least likely to light up a smoke, at 18.8 percent, compared with 22.9 percent for all adults. The most likely to smoke were those living with an unmarried partner, 38.4 percent, and divorced and separated people, 34.7 percent. Some 4.7 percent of adults reported they had become heavier drinkers than previously, with the lowest rate among married at 3.7 percent.
Again, those living with an unmarried partner had the largest share reporting more drinking, 8.2 percent, followed by the divorced and separated, 6.4 percent.
Overall the study found that 58.2 percent of adults are married, 10.4 percent are separated or divorced, 6.6 percent are widowed, 19 percent are never married and 5.7 percent are living with a partner.
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On the Net: National Center for Health Statistics: http://www.cdc.gov/nchs


Contrairement au résumé fait en première ligne du corps de l’article, il est difficile de conclure sur une causalité à partir d’une étude de corrélation. Et les deux hypothèses exprimées par la statisticienne dans cet article sont loin d’être les seules.
De façon très générale, l’existence d’une corrélation entre A et B peut signifier que A est la cause de B, que B est la cause de A ou que A et B, bien que ‘sans rapport’, ont une cause commune. Appliqué à cet article : les personnes mariées sont-elles en meilleure santé parce qu’elles sont mariées, ou sont-elles mariées parce qu’elles sont en meilleure santé, ou y a-t-il une raison qui fait que les personnes soient en meilleure santé et soient plus souvent mariées ? Rien dans cette étude ne permet de trancher.

15 décembre 2004

Des compléments diététiques importés d'Asie potentiellement dangereux

WASHINGTON (AFP) - Des niveaux potentiellement dangereux de plomb, de mercure et d'arsenic ont été découverts dans une dizaine de traitements médicinaux à base de plantes importés aux Etats-Unis et provenant d'Asie du sud est, selon une étude publiée mardi par des scientifiques américains. Sur 70 produits, fabriqués selon la médecine ancestrale d'origine indienne, Ayurveda, analysés par ces chercheurs, 14 (20%) avaient des teneurs en plomb, mercure ou arsenic bien supérieurs aux limites fédérales.
Cette équipe de médecins, conduite par le Dr. Robert Saper de l'école de médecine de Boston (Massachusetts, nord-est), a comparé les doses quotidiennes de ces traitements Ayurvédiques recommandées par leurs fabricants aux normes fédérales s'appliquant à ces métaux lourds pour évaluer les risques potentiels d'empoisonnement.
Les 14 produits potentiellement dangereux sont fabriqués par onze firmes toutes situées en Asie du sud est, ont précisé ces chercheurs dans un article paru dans la revue médicale JAMA, "Journal of the American Medical Association", datée du 15 décembre. Certains traitements Ayurvédiques utilisent des métaux lourds mélangés à des extraits de plante pour soigner notamment l'arthrite et le diabète. Ils sont vendus aux Etats-Unis dans les chaînes de magasins de produits diététiques et des épiceries indiennes.
Ces chercheurs ont entrepris leur étude après que des cas d'empoisonnement au plomb eurent été signalés aux centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies infectieuses de 2000 à 2003. Toutes ces personnes prenaient un de ces traitements Ayurvédiques. "Bien que l'on ne sache pas combien de personnes consomment ces produits à haute teneur en métaux lourds, il y en a probablement un nombre important (aux Etats-Unis et dans le monde) à être potentiellement en danger d'empoisonnement", a jugé le Dr. Saper. Selon lui, "les autorités de la santé publique et les organisations communautaires devraient envisager de publier des mises en garde pour les utilisateurs de ces traitements, rappelant que les produits diététiques ne sont pas réglementés comme des médicaments aux Etats-Unis. Aux yeux de la loi américaine, c'est à la FDA (Food and Drug Administration), l'autorité de réglementation des médicaments et des produits alimentaires, de démontrer leur nocivité avant de pouvoir les retirer du marché.
Ces chercheurs estiment que tous les compléments alimentaires importés devraient être obligatoirement testés pour évaluer leur teneur en métaux lourds. Ils ont également indiqué qu'environ 80% de la population indienne, estimée à un milliard d'êtres humains, utilisent les traitements d'Ayurveda pour se soigner. Cette médecine, qui remonte à plus de 2.000 ans, se fonde surtout sur les plantes.


Nouvel exemple de la dangerosité des médecines dites ‘naturelles’. On rappellera que près de 75% de nos médicaments sont également à base de produits végétaux ou dont le principe actif a été obtenu par transformation d’une molécule produite naturellement. La différence est que les véritables médicaments doivent faire la preuve convaincante de leur efficacité et de leur relative innocuité.

Un séminaire d'exorcisme pour le clergé à Rome

ROME (AFP) - L'université pontificale Regina Apostolorum de Rome ouvre un séminaire sur le satanisme et l'exorcisme pour tenter de contrer le développement des sectes diaboliques dans la Péninsule.
"Le satanisme brouille les valeurs humaines, religieuses et culturelles", a expliqué Carlo Climati, un des enseignants, journaliste et écrivain. "L'objectif des cours est de donner des clés de compréhension aux prêtres et aux novices inscrits à ce séminaire".
Il y aurait en Italie un millier de sectes s'adonnant au culte de Satan, selon un groupe de parlementaires qui suit ce problème. De plus en plus de jeunes y adhérent. Sept jeunes adeptes d'une de ces sectes, « les Bêtes de Satan », ont été arrêtés en juin dans la région de Milan, accusés d'avoir assassiné trois de leurs amis et soupçonnés d'avoir poussé au suicide deux autres.
"Ils sont poursuivis pour homicides volontaires et certains d'entre eux ont eux-mêmes revendiqué des pratiques sataniques et déclaré faire partie des « Bêtes de Satan », ce qui est plutôt une circonstance aggravante", avait précisé le magistrat instructeur.
Le séminaire "Exorcisme et prières de libération" de l'université pontificale Regina Apostolorum veut tenter de remédier à l'incapacité du clergé à traiter des "thèmes aussi délicats".
Les cours débuteront en février 2005. Ils aborderont la démonologie, la présence de la notion du diable dans les textes sacrés, les pathologies et les traitements médicaux chez les possédés.
"Ce séminaire s'achèvera par des témoignages de deux exorcistes, qui expliqueront comment distinguer une personne malade devant faire l'objet de soins de la part de médecins et une personne « possédée par le démon »", précise Carlo Climati.


Ou comment lutter contre des pratiques moyenâgeuses avec d’autres pratiques tout aussi moyenâgeuses.

14 décembre 2004

Mystery of 'chirping' pyramid decoded

Nature, published online: 14 December 2004
Philip Ball
Acoustic analysis shows how temple transforms echoes into sounds of nature.

A theory that the ancient Mayans built their pyramids to act as giant resonators to produce strange and evocative echoes has been supported by a team of Belgian scientists.
Nico Declercq of Ghent University and his colleagues have shown how sound waves ricocheting around the tiered steps of the El Castillo pyramid, at the Mayan ruin of Chichén Itzá near Cancún in Mexico, create sounds that mimic the chirp of a bird and the patter of raindrops1.
The bird-call effect, which resembles the warble of the Mexican quetzal bird, a sacred animal in Mayan culture, was first recognized by California-based acoustic engineer David Lubman in 1998. The 'chirp' can be triggered by a handclap made at the base of the staircase.
Declercq was impressed when he heard the echo for himself at an acoustics conference in Cancún in 2002. After the conference, he, Lubman and other attendees took a trip to Chichén Itzá to experience the chirp of El Castillo at first hand. "It really sounds like a bird", says Declercq.

Sound structure
But did the pyramid's architects know exactly what they were doing? Declercq's calculations show that, although there is evidence that they engineered the pyramid to produce surprising sounds, they probably couldn't have predicted exactly what they would resemble. Lubman was at first convinced that the pyramid-builders did create the bird-chirp effect intentionally. But that's not necessarily so, Declercq and his colleagues argue. Their analysis of the pyramid’s acoustics shows that the precise sound caused by the echoes depends on the sound that excites them. Drums, for example, might produce a different type of resonance. The researchers hope that others will make more on-site measurements of El Castillo's acoustics to see what effects other sounds sources induce. Indeed, Declercq heard one such variation during the 2002 trip. As other visitors tramped up the steps of the 24-metre high pyramid, he noticed a flurry of pulse-like echoes that seemed to sound just like rain falling into a bucket of water. Declercq wonders whether this, rather than the quetzal call, could have been the aim of El Castillo's acoustic design. "It may not be a coincidence," he says - the rain god played an important part in Mayan culture.
But perhaps such meaningful interpretations are fanciful. Declercq's team has shown that the height and spacing of the pyramid's steps creates like an acoustic filter that emphasizes some sound frequencies while suppressing others. But more detailed calculations of the acoustics shows that the echo is also influenced by other, more complex factors, such as the mix of frequencies of the sound source.
Ultimately, then, it will be virtually impossible to prove that any specific echo effect is intentional. "Either you believe it or you don't," says Declercq. He himself is now sceptical of the quetzal theory - not least because he has now heard similar effects produced by staircases at other religious sites. At Kataragama in Sri Lanka, for example, a handclap by a staircase leading down to the Menik Ganga river produces an echo in response that resembles the quacking of ducks.


On remarque ici que le mystère du son particulier de l’écho est expliqué et que le reste, l’intention et donc la capacité des bâtisseurs à concevoir ce son avant la construction effective, est prudemment et justement laissé au domaine de la croyance.

13 décembre 2004

Un aveugle doté d'un "sixième sens" pour déceler les émotions

LONDRES (AFP) - Un aveugle a étonné les scientifiques britanniques en faisant preuve d'un "sixième sens" lui permettant de reconnaître des visages tristes ou en colère, indique une étude publiée dimanche par la revue Nature Neuroscience.
Agé de 52 ans, cet homme dont l'identité n'a pas été révélé, a subi deux attaques cardiaques, qui ont endommagé la partie du cerveau qui gère les signaux visuels, le laissant totalement aveugle, même si ses yeux et son nerf optique sont intacts. Il est ainsi incapable de faire la différence entre un visage masculin et féminin ou entre des carrés et des cercles. Mais en face de visages montrant de la colère ou de la joie, il s'est montré capable d'identifier les émotions dans 59% des cas, un taux supérieur à celui obtenu par le fait du hasard, a indiqué le Dr Alan Pegna, de l'Ecole de psychologie de l'Université du Pays de Galles, qui a dirigé l'étude. Les mêmes résultats ont été obtenus face à des visages montrant de la tristesse ou de la crainte d'un côté et d'autres visages heureux de l'autre.
Des scanners de son cerveau ont suggéré qu'il pouvait traiter des informations enregistrées par ses yeux dans des parties de son cerveau qui ne sont pas chargées de la vision.


Ce résultat ressemble furieusement à ceux du remote staring de Rupert Sheldrake. Il a été montré que cette différence avec le pur hasard provenait de l’utilisation de suites pseudo aléatoires, combinée avec l’annonce immédiate faite au sujet par l’expérimentateur du succès ou de l’échec de chaque tentative. L’utilisation de séries pseudo aléatoires générées par des individus permet, dans ces conditions, un taux de réussite de 60% environ : cet effet est baptisé « biais d’alternance ».][1]

[1] Pour la Science, Spécial Einstein, Décembre 2004, Les dés pipés du cerveau, p. 144 et suivantes.

09 décembre 2004

Electrical brainstorms busted as source of ghosts

Nature, published online: 09 December 2004
Roxanne Khamsi

Doubt cast on theory that magnetic fields spark religious feelings.
Studies showing that magnetic stimulation of the brain induces spiritual experiences are being queried by researchers who cannot reproduce key results. If the traditional theory is wrong, scientists will be left struggling to explain how such thoughts and sensations are generated.
In the past, scientists have claimed that religious or out-of-body experiences result from excessive bursts of electrical activity in the brain. In the 1980s, Michael Persinger, a neuroscientist at the Laurentian University in Ontario, Canada, began exploring this idea through a series of experiments.
Participants wore helmets that targeted their temporal lobes with weak magnetic fields, of roughly the same strength as those generated by a computer monitor. Persinger found that this caused 80% of the people he tested to feel an unexplained presence in the room. Persinger suggested that magnetism causes bursts of electrical activity in the temporal lobes of the brain, and he linked this to the spiritual experiences.

Blinding science
A group of Swedish researchers has now repeated the work, but they say their study involves one crucial difference. They ensured that neither the participants nor the experimenters interacting with them had any idea who was being exposed to the magnetic fields, a 'double-blind' protocol. Without such a safeguard, "people in the experimental group who are highly suggestible would pick up on cues from the experimenter and they would be more likely to have these types of experiences," says Pehr Granqvist of Uppsala University, who led the research team. Beyond the double-blind aspect, Granqvist says the nuts and bolts of the experiment mirrored those conducted in the past. He and his colleagues tested 43 undergraduate students by exposing them to magnetic fields that ranged from 3 to 7 microtesla and were aimed just above and in front of the ears, to target the temporal lobes. They also tested a control group of 46 volunteers who wore the helmet but were not exposed to the magnetic field. The volunteers were then asked to complete questionnaires about what they experienced during each session. The researchers report their results online in Neuroscience Letters1.

Strong spirits
In contrast to the results from Persinger and others, the team found that the magnetism had no discernable effects. Two out of the three participants in the Swedish study that reported strong spiritual experiences during the study belonged to the control group, as did 11 out of the 22 who reported subtle experiences.
Granqvist acknowledges that this seems to be quite a high level of spiritual experiences overall, but says that it matches the level that Persinger saw in his control groups.
The researchers say they do not know what neurological mechanism could be generating the experiences. However, using personality tests they did find that people with an orientation toward unorthodox spirituality were more likely to feel a supernatural presence, as were those who were, in general, more suggestible.

Field defence
Persinger, however, takes issue with the Swedish attempts to replicate his work. "They didn't replicate it, not even close," he says. He argues that the Swedish group did not expose the subjects to magnetic fields for long enough to produce an effect. He also stresses that some of his studies were double-blinded. Although the experimenters knew when the magnetic field was being applied, he says that they did not know what effect the field was expected to induce.
Susan Blackmore, a psychologist based in Bristol, UK, is also reluctant to give up on the theory just yet. She has firsthand experience of Persinger's methods. "When I went to Persinger's lab and underwent his procedures I had the most extraordinary experiences I've ever had," she says. "I'll be surprised if it turns out to be a placebo effect."
She too thinks that the Swedish researchers may have used magnetic fields that varied subtly from those of Persinger. "But double-blind experiments will ultimately give us the final answer," she says.

References
1. Granqvist P., et al. Neurosci. Lett., published online
doi:10.1016/j.neulet.2004.10.057 (2004).


Cette étude vient contredire les résultats d’une étude précédente. Une fois de plus, l’absence du double aveugle et probablement le petit nombre de sujets et de tests expliquent ces controverses.

01 décembre 2004

Le biais d’alternance

Bien des expériences scientifiques utilisent des séquences aléatoires pour tester une hypothèse par rapport au pur hasard. Lorsque ces séquences ne sont pas réellement aléatoires, les résultats peuvent être faussés par ce biais. Il y en a de plusieurs types.
Les expériences scientifiques utilisant des tests à deux possibilités équiprobables sont identiques à un test de « pile ou face ». Sur un grand nombre de lancers d’une pièce « parfaite », nous savons que le nombre de résultats « pile » sera approximativement le même que le nombre de résultats « face ». Si l’on demande à quelqu’un de produire une suite aléatoire de « piles » ou « faces », il produira sans problème une suite équilibrée en « piles » et en « faces ».
Pourtant, cela ne suffit pas à rendre une telle suite véritablement aléatoire : la suite « pile-face-pile-face-pile-face… » est bien équilibrée, mais elle n’est pas du tout aléatoire car elle répète à l’infini une séquence « pile-face ». Il est donc très simple de deviner le résultat suivant un « pile » ou un « face ». On dit que cette suite a un taux d’alternance de 100% (c’est-à-dire que le résultat précédent est toujours différent du résultat suivant).
Une suite véritablement aléatoire suffisamment longue aura un taux d’alternance qui se rapprochera de 50% (une condition nécessaire mais pas suffisante). En effet, chaque lancer étant indépendant (on dit aussi que le jeu est sans mémoire), il y a une chance sur deux pour que le résultat change au coup suivant. Alors qu’un ordinateur pourra produire une telle suite correctement, une personne aura tendance à alterner plus que nécessaire : le taux d’alternance des suites humaines atteint environ 60%. C’est-à-dire que si quelqu’un essaye de deviner le résultat suivant en connaissant le précédent, il aura 60% de chances de gagner s’il parie sur un résultat différent du précédent.
Cette erreur était fréquemment commise du temps des parapsychologues de l’ère pré-informatique, mais elle se produit malheureusement aussi de notre temps. Ainsi Rupert Sheldrake, dans ses expériences de « remote staring » de 1994 (un sujet essaye de deviner s’il est regardé dans son dos) conduites sans double (ni simple) aveugle et utilisant des suites pseudo-aléatoires ayant un taux d’alternance de 60%, a-t-il cru déceler des capacités parapsychiques chez ses sujets lorsqu’il a obtenu un pourcentage de réussite de près de 60% sur 18000 essais. Le sujet était averti du résultat précédent et pouvait donc changer à l’essai suivant, ce qui lui donnait une meilleure chance de gagner.
Le biais d’alternance permettait donc au sujet, par l’absence de double aveugle, de réussir pratiquement à hauteur du taux d’alternance de la suite pseudo-aléatoire, sans aucun don parapsychique comme « explication » de ce résultat.

Références :
« Les dés pipés du cerveau », Pour la Science spécial de décembre 2004, page 144 et suivantes.
« The Psychic Staring Effect », CSICOP