24 février 2008

Pas de protocoles occidentaux pour la médecine traditionnelle

JOHANNESBURG (AFP) - La pharmacopée traditionnelle employée par les guérisseurs africains ne doit pas être soumise aux essais cliniques à l'occidentale, qui ne feraient qu'"embourber" son développement, a estimé samedi la ministre sud-africaine de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang.

"Nous ne pouvons pas suivre les protocoles occidentaux pour la recherche et le développement", a déclaré la ministre au groupe de travail sur la médecine traditionnelle africaine mis en place par la présidence pour réglementer la profession.

"Nous devons prendre garde à ne pas nous embourber dans des essais cliniques", a-t-elle ajouté, selon l'agence sud-africaine de presse Sapa, présente à la réunion du groupe de travail à Pietermaritzburg (est).

La ministre a expliqué ne pas être opposée par principe aux essais cliniques mais souhaiter des "protocoles adaptés" à une pharmacopée "utilisée par les guérisseurs traditionnels parfois depuis des milliers d'années."

Tshabalala-Msimang a toutefois mis en garde contre "les charlatans qui nuisent à l'image" de la médecine traditionnelle, "qui font toutes sortes de promesses irréalisables à des gens désespérés."

Par ailleurs, "l'absence de documentation (sur les plantes et autres ingrédients utilisés par les guérisseurs) pose parfois des problèmes légaux sérieux", a-t-elle reconnu.

Le groupe de travail doit rendre ses conclusions au gouvernement en mars. Un autre des aspects abordés est celui des droits intellectuels sur les substances actives recensées.

La ministre de la Santé, une fidèle du président Thabo Mbeki très critiquée pour sa réticence aux médicaments anti-rétroviraux utilisés pour soigner les malades du sida, prône une reconnaissance de la médecine traditionnelle.

Une majorité des Sud-Africains, notamment ceux qui vivent à la campagne, ont recours aux guérisseurs. Mais, en l'absence d'une éducation suffisante pour identifier les cas d'urgence, les malades d'une des maladies favorisées par l'effondrement du système immunitaire qu'entraîne le virus du sida, notamment la tuberculose, arrivent souvent trop tard dans les services hospitaliers.


Il est inquiétant de constater tous les dégâts que peuvent causer des politiciens crédophiles, lorsqu'ils se mêlent de sujets scientifiques. Comme si l'Afrique du Sud avait besoin de ça.