18 décembre 2009

Antennes-relais : l'absence de risque confirmée

C'est l'avis exprimé jeudi par les Académies des sciences, des technologies et de médecine.


Les représentants de l'Académie des sciences, l'Académie des technologies, l'Académie de méde­cine, jeudi, lors d'une conférence de presse commune, fait exceptionnel, ont déclaré que «réduire l'exposition aux ondes des antennes-relais n'est pas justifié scientifiquement». Le groupe d'experts des trois académies sur ce sujet approuve sans réserve les conclusions du rapport scientifique de l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset), rendu public le 15 octobre 2009, qui concluait notamment qu'aucun risque sanitaire lié aux antennes-relais n'avait été mis en évidence.

Depuis plusieurs années, une polémique enfle sur les risques de ces antennes qui servent à faire transiter les ondes électromagnétiques des téléphones portables. Cette polémique a atteint son apogée mi-2008 avec la condamnation judiciaire de Bouygues Telecom l'obligeant à retirer une antenne-relais située à proximité d'habitations à Tassin-la-Demi-­Lune, dans le Rhône, au motif de «l'angoisse ressentie» par les familles avoisinantes.


Divergences d'appréciation


Après cette affaire, une expertise scientifique approfondie a été lancée sous la houlette de l'Afsset, expertise rendue publique le 15 octobre 2009. Celle-ci était plutôt rassurante, estimant que les champs électromagnétiques des antennes-relais «ne sont ni génotoxiques, ni cogénotoxiques, ni mutagènes, n'ont pas d'effet cancérogène ou cocancérogène, n'ont pas d'effet délétère sur le système immunitaire, ne provoquent pas d'augmentation des cancers expérimentaux…». Ces conclusions étaient basées sur l'analyse par plus d'une dizaine d'experts de 97 études, dont 86 ne montraient pas d'effets. Onze autres études mettaient en évidence un effet biologique. Mais selon les académiciens, elles n'ont pas été reproduites et les effets n'ont été observés qu'avec des «niveaux d'exposition 5 000 à 30 000 fois plus élevés que ceux créés par la quasi-totalité des antennes-relais».


Jeudi, les experts des trois académies ont regretté que Martin Guespereau, directeur de l'Afsset, n'ait pas insisté lors de la présentation publique de ce rapport en octobre 2009 sur les aspects rassurants, mais au contraire sur les onze études rapportant des «effets» biologiques. Les trois académies pointent les contradictions entre le communiqué de presse de l'Afsset, qui commence ainsi : «Le rapport de l'Afsset met en évidence l'existence d'effets des radiofréquences sur des fonctions cellulaires rapportées par une dizaine d'études expérimentales considérées par l'Afsset comme incontestables», et les conclusions du rapport : «Aucune preuve convaincante d'un effet biologique parti­culier des radiofréquences n'est apportée. À ce jour, il ressort de cette analyse que, en conditions non thermiques, les radiofréquences supérieures à 400 MHz ne modifient pas les grandes fonctions cellulaires».



«Notre responsabilité de scientifiques, c'est de donner l'état de la science.


Ensuite, les pouvoirs publics peuvent éventuellement prendre des mesures qui tiennent compte des inquiétudes de la population. Mais ces mesures doivent être bien pesées car elles augmentent l'inquiétude et on part alors dans un cercle vicieux terrible, a expliqué le professeur Jean-François Bach, vice-président de l'Académie des sciences. Ce qui nous a préoccupés, dans la présentation du rapport de l'Afsset, c'est que l'on a tenté de faire endosser à des scientifiques des décisions politiques.» Les représentants des trois académies estiment qu'il est techniquement possible de réduire l'exposition aux antennes-relais en les multipliant, mais en risquant d'augmenter sans justification la puissance d'émission des portables des quelque 85 % de Français qui les utilisent. «Des mesures de réduction des expositions ne peuvent aujourd'hui ­relever que d'une décision de gestion politique, soulignent-ils, Une réduction irréfléchie de l'exposition aux antennes-relais pourrait aboutir à un effet inverse pour la grande majorité des Français, sans bénéfice sanitaire pour les autres.»