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Sujet sensible. Une épreuve d’« enseignement scientifique » proposée cette année à des candidats du bac L (littéraire) fait polémique. Au point qu’hier, le ministre de l’Education nationale, Gilles de Robien, admettait avoir été « étonné » lorsqu’il a pris connaissance de cet énoncé.
Le sujet controversé présentait aux élèves un article de quotidien rédigé à l’occasion des trente ans de la loi Veil. Ce texte affirme notamment que « la contraception, et en cas d’échec le recours à l’IVG, ont permis le passage d’un modèle de maternité sous contrainte à celui de maternité choisie ». Les candidats, qui avaient le choix avec un autre sujet, devaient sur cette base « dégager des arguments en faveur de l’autorisation légale de l’IVG en France ».
Plusieurs associations anti-avortement ont rapidement émis de vives protestations. Puis, avant-hier, la direction diocésaine de l’enseignement catholique s’est emparée du sujet, exprimant sa « désapprobation ». Selon ce service de l’archevêché de Paris chargé des établissements privés catholiques du diocèse (75 000 élèves, soit 25 % des enfants scolarisés dans la capitale), « ce sujet n’aurait pas dû être posé » car « il ne respecte ni les candidats ni les exigences d’une formation intellectuelle authentique ». Au premier abord surpris par le sujet, Gilles de Robien a
néanmoins précisé, hier sur LCI, qu’il n’était pas sur la même ligne que les autorités catholiques,
insistant sur le caractère scientifique de l’épreuve. « Si ça avait été un sujet philosophique, j’aurais réagi autrement. »
La FSU, principal syndicat enseignant, s’étonne que l’affaire fasse si grand bruit. « Il s’agissait non pas de développer un argumentaire, mais de le restituer. C’est une épreuve scientifique et l’IVG est au programme. » Pour le syndicat, l’émoi catholique est révélateur d’un problème plus vaste. « Nous observons une montée de la contestation religieuse de la part des élèves dans les cours de sciences et vie de la terre, justement quand l’IVG, par exemple, est abordée. Cette contestation vient plus souvent de certains élèves musulmans, mais elle est aussi le fait de jeunes catholiques. »
Stéphane Colineau
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