13 décembre 2004

Un aveugle doté d'un "sixième sens" pour déceler les émotions

LONDRES (AFP) - Un aveugle a étonné les scientifiques britanniques en faisant preuve d'un "sixième sens" lui permettant de reconnaître des visages tristes ou en colère, indique une étude publiée dimanche par la revue Nature Neuroscience.
Agé de 52 ans, cet homme dont l'identité n'a pas été révélé, a subi deux attaques cardiaques, qui ont endommagé la partie du cerveau qui gère les signaux visuels, le laissant totalement aveugle, même si ses yeux et son nerf optique sont intacts. Il est ainsi incapable de faire la différence entre un visage masculin et féminin ou entre des carrés et des cercles. Mais en face de visages montrant de la colère ou de la joie, il s'est montré capable d'identifier les émotions dans 59% des cas, un taux supérieur à celui obtenu par le fait du hasard, a indiqué le Dr Alan Pegna, de l'Ecole de psychologie de l'Université du Pays de Galles, qui a dirigé l'étude. Les mêmes résultats ont été obtenus face à des visages montrant de la tristesse ou de la crainte d'un côté et d'autres visages heureux de l'autre.
Des scanners de son cerveau ont suggéré qu'il pouvait traiter des informations enregistrées par ses yeux dans des parties de son cerveau qui ne sont pas chargées de la vision.


Ce résultat ressemble furieusement à ceux du remote staring de Rupert Sheldrake. Il a été montré que cette différence avec le pur hasard provenait de l’utilisation de suites pseudo aléatoires, combinée avec l’annonce immédiate faite au sujet par l’expérimentateur du succès ou de l’échec de chaque tentative. L’utilisation de séries pseudo aléatoires générées par des individus permet, dans ces conditions, un taux de réussite de 60% environ : cet effet est baptisé « biais d’alternance ».][1]

[1] Pour la Science, Spécial Einstein, Décembre 2004, Les dés pipés du cerveau, p. 144 et suivantes.

09 décembre 2004

Electrical brainstorms busted as source of ghosts

Nature, published online: 09 December 2004
Roxanne Khamsi

Doubt cast on theory that magnetic fields spark religious feelings.
Studies showing that magnetic stimulation of the brain induces spiritual experiences are being queried by researchers who cannot reproduce key results. If the traditional theory is wrong, scientists will be left struggling to explain how such thoughts and sensations are generated.
In the past, scientists have claimed that religious or out-of-body experiences result from excessive bursts of electrical activity in the brain. In the 1980s, Michael Persinger, a neuroscientist at the Laurentian University in Ontario, Canada, began exploring this idea through a series of experiments.
Participants wore helmets that targeted their temporal lobes with weak magnetic fields, of roughly the same strength as those generated by a computer monitor. Persinger found that this caused 80% of the people he tested to feel an unexplained presence in the room. Persinger suggested that magnetism causes bursts of electrical activity in the temporal lobes of the brain, and he linked this to the spiritual experiences.

Blinding science
A group of Swedish researchers has now repeated the work, but they say their study involves one crucial difference. They ensured that neither the participants nor the experimenters interacting with them had any idea who was being exposed to the magnetic fields, a 'double-blind' protocol. Without such a safeguard, "people in the experimental group who are highly suggestible would pick up on cues from the experimenter and they would be more likely to have these types of experiences," says Pehr Granqvist of Uppsala University, who led the research team. Beyond the double-blind aspect, Granqvist says the nuts and bolts of the experiment mirrored those conducted in the past. He and his colleagues tested 43 undergraduate students by exposing them to magnetic fields that ranged from 3 to 7 microtesla and were aimed just above and in front of the ears, to target the temporal lobes. They also tested a control group of 46 volunteers who wore the helmet but were not exposed to the magnetic field. The volunteers were then asked to complete questionnaires about what they experienced during each session. The researchers report their results online in Neuroscience Letters1.

Strong spirits
In contrast to the results from Persinger and others, the team found that the magnetism had no discernable effects. Two out of the three participants in the Swedish study that reported strong spiritual experiences during the study belonged to the control group, as did 11 out of the 22 who reported subtle experiences.
Granqvist acknowledges that this seems to be quite a high level of spiritual experiences overall, but says that it matches the level that Persinger saw in his control groups.
The researchers say they do not know what neurological mechanism could be generating the experiences. However, using personality tests they did find that people with an orientation toward unorthodox spirituality were more likely to feel a supernatural presence, as were those who were, in general, more suggestible.

Field defence
Persinger, however, takes issue with the Swedish attempts to replicate his work. "They didn't replicate it, not even close," he says. He argues that the Swedish group did not expose the subjects to magnetic fields for long enough to produce an effect. He also stresses that some of his studies were double-blinded. Although the experimenters knew when the magnetic field was being applied, he says that they did not know what effect the field was expected to induce.
Susan Blackmore, a psychologist based in Bristol, UK, is also reluctant to give up on the theory just yet. She has firsthand experience of Persinger's methods. "When I went to Persinger's lab and underwent his procedures I had the most extraordinary experiences I've ever had," she says. "I'll be surprised if it turns out to be a placebo effect."
She too thinks that the Swedish researchers may have used magnetic fields that varied subtly from those of Persinger. "But double-blind experiments will ultimately give us the final answer," she says.

References
1. Granqvist P., et al. Neurosci. Lett., published online
doi:10.1016/j.neulet.2004.10.057 (2004).


Cette étude vient contredire les résultats d’une étude précédente. Une fois de plus, l’absence du double aveugle et probablement le petit nombre de sujets et de tests expliquent ces controverses.

01 décembre 2004

Le biais d’alternance

Bien des expériences scientifiques utilisent des séquences aléatoires pour tester une hypothèse par rapport au pur hasard. Lorsque ces séquences ne sont pas réellement aléatoires, les résultats peuvent être faussés par ce biais. Il y en a de plusieurs types.
Les expériences scientifiques utilisant des tests à deux possibilités équiprobables sont identiques à un test de « pile ou face ». Sur un grand nombre de lancers d’une pièce « parfaite », nous savons que le nombre de résultats « pile » sera approximativement le même que le nombre de résultats « face ». Si l’on demande à quelqu’un de produire une suite aléatoire de « piles » ou « faces », il produira sans problème une suite équilibrée en « piles » et en « faces ».
Pourtant, cela ne suffit pas à rendre une telle suite véritablement aléatoire : la suite « pile-face-pile-face-pile-face… » est bien équilibrée, mais elle n’est pas du tout aléatoire car elle répète à l’infini une séquence « pile-face ». Il est donc très simple de deviner le résultat suivant un « pile » ou un « face ». On dit que cette suite a un taux d’alternance de 100% (c’est-à-dire que le résultat précédent est toujours différent du résultat suivant).
Une suite véritablement aléatoire suffisamment longue aura un taux d’alternance qui se rapprochera de 50% (une condition nécessaire mais pas suffisante). En effet, chaque lancer étant indépendant (on dit aussi que le jeu est sans mémoire), il y a une chance sur deux pour que le résultat change au coup suivant. Alors qu’un ordinateur pourra produire une telle suite correctement, une personne aura tendance à alterner plus que nécessaire : le taux d’alternance des suites humaines atteint environ 60%. C’est-à-dire que si quelqu’un essaye de deviner le résultat suivant en connaissant le précédent, il aura 60% de chances de gagner s’il parie sur un résultat différent du précédent.
Cette erreur était fréquemment commise du temps des parapsychologues de l’ère pré-informatique, mais elle se produit malheureusement aussi de notre temps. Ainsi Rupert Sheldrake, dans ses expériences de « remote staring » de 1994 (un sujet essaye de deviner s’il est regardé dans son dos) conduites sans double (ni simple) aveugle et utilisant des suites pseudo-aléatoires ayant un taux d’alternance de 60%, a-t-il cru déceler des capacités parapsychiques chez ses sujets lorsqu’il a obtenu un pourcentage de réussite de près de 60% sur 18000 essais. Le sujet était averti du résultat précédent et pouvait donc changer à l’essai suivant, ce qui lui donnait une meilleure chance de gagner.
Le biais d’alternance permettait donc au sujet, par l’absence de double aveugle, de réussir pratiquement à hauteur du taux d’alternance de la suite pseudo-aléatoire, sans aucun don parapsychique comme « explication » de ce résultat.

Références :
« Les dés pipés du cerveau », Pour la Science spécial de décembre 2004, page 144 et suivantes.
« The Psychic Staring Effect », CSICOP

22 avril 2004

Une cobaye verte et inquiète

Le test sanguin de Marie-Anne Isler-Béguin a révélé 51 substances toxiques.
Par Denis DELBECQ (Libération)

Un cocktail de molécules qui portent un nom à coucher dehors. Marie-Anne Isler-Béguin, députée européenne verte, ne connaissait que de loin ces familles de produits chimiques. Jusqu'à ce qu'elle découvre, mardi, lors d'une réunion à huis clos, la composition de son propre sang.

«Je ne sais pas si je détiens le record, on ne me l'a pas dit, mais je suis dans le peloton de tête des plus contaminés», explique-t-elle. Là où les volontaires affichent en moyenne 41 des 101 substances recherchées, le test pratiqué sur Marie Anne Isler-Béguin en a repéré 51. Avec des niveaux qui frisent, pour bon nombre de substances, le double de ce qui a été trouvé chez ses collègues, parfois même huit fois plus.

«C'est inquiétant. Je n'arrive pas à comprendre, s'interroge la députée. Je vis dans ce que je crois être un environnement sain, à la campagne, même si c'est dans une région, la Lorraine, réputée polluée par l'industrie. Les médecins qui nous ont présenté l'étude penchent pour une contamination alimentaire, ou par les vêtements. Ils m'ont demandé si je mange beaucoup de poisson, notamment d'élevage, pour expliquer mon taux de PCB. Ce n'est pas le cas. Si je réchauffe mes plats avec un film plastique au micro-ondes, pour mon taux de phtalates, mais je n'ai pas eu de tel four jusqu'à il y a quelques mois.»

Reste que personne ne peut dire si les niveaux chez les eurodéputés auront des incidences ou non sur leur santé.

«Encore faut-il chercher à le savoir, questionne Marie Anne Isler- Béguin. C'est incroyable que cela soit une ONG qui soit obligée de faire ce type d'études pour qu'on puisse avoir en quelque sorte des données de référence. C'est aux autorités, et notamment à la Commission européenne, de lancer des enquêtes.»

En attendant, la députée entend demander aux présidents des régions Lorraine et Franche-Comté de commanditer des études épidémiologiques sur leur population.


Une députée Verte beaucoup plus 'polluée' que ses collègues, l'affaire pourrait prêter à sourire si elle n'était pas aussi grave. Il est clair que les théories écologistes sont quelque peu battues en brèche par ce résultat inattendu: il montre, bien qu'un seul exemple ne soit pas significatif, que des pollutions inconnues peuvent être beaucoup plus importantes pour la santé que celles que l'ont peut éviter par un style de vie réputé "sain". L'ignorance de ces pollutions rend les écologistes aussi impuissants à les combattre que n'importe qui, et c'est ça que démontre le cas de la députée.

24 octobre 2002

Les "breatharians", une secte qui ne manque pas d'air

Il se peut que les cristaux renforcent l'aura et que les aimants guérissent le mal de dos. Mais renoncer définitivement à la nourriture et à l'eau est une aberration. Une aberration mortelle. A part ça, le breatharianism - le "respirianisme" - qui consiste à se nourrir uniquement d'air et de lumière - apporte d'incroyables bienfaits. Au bout d'une semaine sans boire ni manger, le musicien Steve Torrence, 37 ans, affirme avoir acquis l'énergie et la force extraordinaires décrites par les "respiriens". Sa femme et lui en seraient à leur quatrième année de jeûne complet - ils boivent un ou deux verres de jus de fruits par semaine, pour s'amuser. Ils ne sont jamais malades, ont besoin de très peu de sommeil et sont en prise avec une puissante force porteuse de vie. Torrence a aussi davantage de temps à consacrer à sa musique : "Pensez au nombre d'heures perdues à acheter, préparer et consommer la nourriture", s'exclame-t-il.

Les adeptes de la méthode citent les références au jeûne faites dans la Bible, ou certaines traditions extrême-orientales comme le qijong en Chine, qui compte parmi ses millions d'adeptes une poignée de personnes prétendant se passer de nourriture depuis plusieurs semaines, voire plusieurs années. Le reste, ils l'inventent au fur et à mesure. Certains respiriens croient que les extraterrestres qui ont jadis peuplé la planète vivaient d'air et de lumière.

Nous pouvons tous nous brancher sur la force nourricière, affirment les respiriens. Il suffit d'atteindre leur niveau de discipline et de sagesse - ce qui, admettent-ils avec un soupçon de condescendance, n'est peut-être pas à la portée de tous. "Les gens n'arrivaient pas à comprendre, alors j'ai arrêté d'en parler", explique Wiley Brooks, qui dit avoir introduit le respirianisme en Occident. Dans les années 70, en Californie, ses cours payants attiraient une foule d'élèves, jusqu'à ce que ses disciples le découvrent en train de s'empiffrer de junk food. Ce qu'ils n'avaient pas compris, explique Brooks, c'est que la pollution diminuait ses capacités à absorber l'énergie de l'air et de la lumière. Agé aujourd'hui de 66 ans, il gère un site web respirien et a découvert que les hamburgers pouvaient neutraliser les effets nuisibles pour la santé des lignes électriques. "Je n'en tire aucun plaisir, explique-t-il. Pour moi, c'est comme prendre un médicament."

Aujourd'hui, le chantre du respirianisme est Jasmuheen, une Australienne qui dit ne plus manger depuis 1993 et avoir modifié son ADN pour rendre la nourriture encore plus inutile. Apparemment, elle a fait fortune grâce aux livres, séminaires et retraites d'une semaine qu'elle vend sur son site web, où elle affirme avoir rallié plus de 10 000 personnes au respirianisme. Sa popularité a même survécu, il y a trois ans, à un programme de télévision australien, 60 Minutes, qui l'a mise au défi de vivre sous surveillance continue. Le test prit fin quelques jours plus tard, lorsqu'un médecin donna l'alerte : la santé de Jasmuheen était en train de se détériorer. Elle accusa la pollution causée par une autoroute proche. Le scandale éclata après la mort par déshydratation en 1999 d'une Australienne retrouvée dans la lande écossaise avec un exemplaire d'un livre de Jasmuheen intitulé Living on Light [Vivre de lumière]. En 1998, deux respiriens australiens avaient fini en prison pour avoir laissé un autre initié mourir de faim, et le décès d'un Allemand l'année précédente est également lié à la pratique. Dans un e-mail signé "Amour, lumière et joie", Jasmuheen a refusé toute interview sur le sujet. Elle a toutefois reproché aux victimes de s'être précipitées dans une expérience forte sans être bien préparées. Si sa méthode était suivie à la lettre, dit-elle, le monde ne connaîtrait pas la faim et vivrait dans l'harmonie.

David LaGesse
US News and World Report

On appréciera l'histoire de celui qui ne mange rien mais qui se 'soigne' au hamburger contre les effets des lignes électriques. Des mauvaises langues suggèrent que que ce serait le jeûne qui aurait des effets nocifs et non les lignes électriques.