Il y a ceux qui ont réellement pleuré, ceux qui ont versé des larmes de crocodiles, et ceux qui se sont réjouis. La mort de l’ancienne ministre sud-africaine de la santé, Manto Tshabalala-Msimang, n’a en tous cas laissé personne indifférent.
Lorsqu’elle était à son poste (1999-2008), elle a été accusée d’avoir entravé la lutte contre le sida en contestant notamment les bienfaits des médicaments antirétroviraux (ARV), produits selon elle d’entreprises guidées par des intérêts post-coloniaux. Dans un pays où 5,7 millions de personnes sont touchées par l’épidémie, elle préférait plutôt recommander une alimentation riche en légumes suscitant ainsi une forte contestation. Cette médecin préconisait son remède pour combattre la maladie : avaler un cocktail à base d’ail, de citron et de betterave, d’où son surnom de « Dr Betterave ».
Certains lui font porter la responsabilité des 365 000 malades qui seraient morts entre 2000 et 2005 faute d’avoir reçu un traitement à temps. D’autres n’oublient pas que cette (absence de) politique n’était qu’une conséquence de la politique de déni de Thabo Mbeki, le président sud-africain de l’époque, qui doutait du lien entre le VIH et le sida. Il estimait que les effet des antirétroviraux étaient pire que le mal qu’ils étaient censés traiter.
Au moment de son enterrement, les dirigeants de l’ANC ont préféré rappeler que Manto Tshabalala-Msimang fut une grande militante et une travailleuse acharnée. D’autres ont dressé un bilan davantage nuancé de son action, en évoquant notamment sa politique de lutte contre le tabac.
Mais pour beaucoup, son parcours restera une énigme. Il semble qu’elle souhaitait s’expliquer avant de mourir.
Le président Jacob Zuma a toutefois bien pris conscience des erreurs du passé. C’est lui qui a définitivement tourné la page de ces sombres années en annonçant le 1er décembre dernier sa volonté d’élargir l’accès aux traitements pour les enfants et futures mères du pays.
Manto Tshabalala-Msimang a été accusée de suivre les inepties de Matthias Rath. La mort de Nozipho Bhengu, qui avait rejeté l'utilisation des anti-rétroviraux pour de l'ail et du jus de citron et l'absence de la ministre à son enterrement avaient alors provoqué un tollé dans l'opinion sud-africaine. En 2006, 65 experts du SIDA avaient demandé sa démission au président Mbeki.
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