Le Point.fr
Anne JEANBLANC avec Destination santé
En matière de couverture vaccinale, la France fait parfois figure de parent pauvre parmi les pays développés. Une enquête de l'Institut des mamans - menée l'hiver dernier auprès de 7.000 mères qui ont relevé dans les carnets de santé tous les vaccins administrés à leurs enfants ainsi que les dates de ces vaccinations - dévoile ainsi plusieurs points faibles, notamment concernant la rougeole et l'hépatite B. Deux maladies qui peuvent pourtant être mortelles.
Selon cette enquête, seuls 91,5 % des enfants de 24 à 35 mois ont reçu au moins une dose de vaccin RRO (rougeole-rubéole-oreillons). Un chiffre qui tombe à 60,3 % pour les deux doses. Or, pour éliminer la maladie, l'Organisation mondiale de la santé estime qu'il faudrait atteindre une couverture vaccinale de "95 % au moins pour la 1re dose et de 80 % pour la 2e dose".
Conséquence directe, la France a enregistré une très forte résurgence de la rougeole en 2008 : près de 600 cas ont été recensés sur tout le territoire, particulièrement au sein d'écoles confessionnelles où les enfants sont très peu vaccinés. Plus inquiétant, la rougeole n'est plus comme autrefois une maladie de l'enfance : un tiers des cas déclarés cette année-là avaient plus de 15 ans...
D'où l'absolue nécessité, pour les parents, de bien respecter le calendrier vaccinal de bébé. Ils doivent être attentifs aux âges où les vaccinations sont recommandées. Aussi bien pour la première que pour la deuxième dose. Quant aux enfants plus âgés et aux jeunes adultes, il ne faut surtout pas qu'ils oublient les rattrapages !
Concernant l'hépatite B, la situation est encore plus préoccupante. Avec une couverture vaccinale de 29 % en 2007 chez les nourrissons de deux ans, la France est la lanterne rouge de l'Europe. Et ce n'est pas un hasard. La vaccination systématique contre l'hépatite B a été interrompue en 1998 par les autorités sanitaires françaises. La France est ainsi le seul pays développé à s'être écarté des normes de l'OMS dans ce domaine. Résultat, dix ans déjà que les petits Français ne sont plus protégés contre le virus de l'hépatite B, pourtant à l'origine de près de 80 % des cancers primitifs du foie.
Les effets néfastes du "principe de précaution" apparaissent aujourd'hui clairement. La "précaution" consiste à bloquer tout progrès médical, au nom des risques encourus, alors que les risques de ne rien faire sont largement pires.
Par contre, il n'y aura personne pour faire un procès contre ceux qui, par leur bêtise, ont provoqué des épidémies de rougeole. Parce que la bêtise, ce n'est pas interdit par la Constitution.
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