LE MONDE
Prenez un médicament. Ou plutôt un placebo, sans aucun effet pharmacologique. Présentez-le à des prix différents. Surprise, il n'aura pas les mêmes incidences sur le mal. Et dans ce cas, le plus onéreux est aussi le plus efficace. Voici la conclusion déroutante à laquelle parvient une étude publiée dans le numéro daté du 5 mars du Journal of American Medical Association.
Point de départ de la procédure, menée par une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), le recrutement sur Internet de 82 volontaires pour tester un nouvel analgésique aux caractéristiques proches de la codéine. En réalité, un placebo. Les participants sont divisés en deux groupes : les plus chanceux se voient remettre une pilule à 2,50 dollars, les moins heureux le même cachet, présenté en réduction à 0,10 dollar. Tous ont en revanche la joie de subir des séries de décharges électriques pouvant aller jusqu'à 80 volts.
Les participants sont invités à quantifier leur peine. Résultat, 85 % des bénévoles du groupe ayant ingurgité la pilule à 2,50 dollars notent une réduction de la douleur, contre seulement 61 % pour ceux qui ont avalé le médicament en promotion. Le prix joue donc ici un rôle thérapeutique à part entière. Mais il n'est pas seul. "Le prix n'est qu'une des variables du marché, au même titre que l'emballage ou la marque, qui peuvent accentuer l'effet placebo", explique Dan Ariely, docteur en économie comportementale, qui a dirigé l'étude.
"DONNÉ AVEC CONVICTION"
La présentation de la pilule compte également parmi les facteurs. "Pour la pilule à 0,10 dollar, c'est davantage le fait qu'elle soit en promotion que son prix qui a influencé les participants", justifie M. Ariely. Un constat confirmé par Jean-François Bergmann, spécialiste de thérapeutique à l'hôpital Lariboisière, à Paris : "La façon dont un médicament est donné participe pleinement à l'effet pharmacologique. Il doit l'être avec conviction."
L'étude ouvre dans tous les cas de nombreuses perspectives. "Comment peut-on envoyer des médicaments bon marché à des populations dans le besoin sans qu'elles aient le sentiment qu'ils sont de mauvaise qualité ?", lance par exemple Dan Ariely.
Autre piste, les génériques, et la mauvaise perception dont ils souffrent. D'autres questions pourraient survenir. M. Ariely et son équipe préparent en effet une nouvelle expérience. Même schéma, mais cette fois, le placebo sera gratuit.
Alexandre Roos
Prenez un médicament. Ou plutôt un placebo, sans aucun effet pharmacologique. Présentez-le à des prix différents. Surprise, il n'aura pas les mêmes incidences sur le mal. Et dans ce cas, le plus onéreux est aussi le plus efficace. Voici la conclusion déroutante à laquelle parvient une étude publiée dans le numéro daté du 5 mars du Journal of American Medical Association.
Point de départ de la procédure, menée par une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), le recrutement sur Internet de 82 volontaires pour tester un nouvel analgésique aux caractéristiques proches de la codéine. En réalité, un placebo. Les participants sont divisés en deux groupes : les plus chanceux se voient remettre une pilule à 2,50 dollars, les moins heureux le même cachet, présenté en réduction à 0,10 dollar. Tous ont en revanche la joie de subir des séries de décharges électriques pouvant aller jusqu'à 80 volts.
Les participants sont invités à quantifier leur peine. Résultat, 85 % des bénévoles du groupe ayant ingurgité la pilule à 2,50 dollars notent une réduction de la douleur, contre seulement 61 % pour ceux qui ont avalé le médicament en promotion. Le prix joue donc ici un rôle thérapeutique à part entière. Mais il n'est pas seul. "Le prix n'est qu'une des variables du marché, au même titre que l'emballage ou la marque, qui peuvent accentuer l'effet placebo", explique Dan Ariely, docteur en économie comportementale, qui a dirigé l'étude.
"DONNÉ AVEC CONVICTION"
La présentation de la pilule compte également parmi les facteurs. "Pour la pilule à 0,10 dollar, c'est davantage le fait qu'elle soit en promotion que son prix qui a influencé les participants", justifie M. Ariely. Un constat confirmé par Jean-François Bergmann, spécialiste de thérapeutique à l'hôpital Lariboisière, à Paris : "La façon dont un médicament est donné participe pleinement à l'effet pharmacologique. Il doit l'être avec conviction."
L'étude ouvre dans tous les cas de nombreuses perspectives. "Comment peut-on envoyer des médicaments bon marché à des populations dans le besoin sans qu'elles aient le sentiment qu'ils sont de mauvaise qualité ?", lance par exemple Dan Ariely.
Autre piste, les génériques, et la mauvaise perception dont ils souffrent. D'autres questions pourraient survenir. M. Ariely et son équipe préparent en effet une nouvelle expérience. Même schéma, mais cette fois, le placebo sera gratuit.
Alexandre Roos
Petite piqure de rappel pour les adeptes du "ça marche"... comme tout placebo.
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