17 janvier 2008

"Laïcité positive"

On peut légitimement s'étonner des dernières déclarations du président de la république sur la "laïcité positive".

En effet, a-t-on jamais vu un athée ou un agnostique appeler à la croisade contre les religieux ? Appeler au conflit des civilisations ? Demander l'interdiction des pratiques religieuses ? Proclamer le jihad contre l'Église Catholique ? Tuer un docteur refusant de pratiquer des avortements ? Demander que l'athéisme soit nommé religion d'Etat ? Exiger l'inscription de la religion pratiquée sur la carte d'identité ? Demander l'enseignement de l'athéisme en cours de sciences ? Imposer une tenue vestimentaire spécifique à ses enfants ?

Pourquoi s'en prendre ainsi à des gens dont la tolérance est déjà largement supérieure à la moyenne, plutôt qu'à ceux qui propagent la haine religieuse au nom de leur propre religion et qui menacent directement les valeurs de notre république, dont le président est censé être le protecteur ? Ou se trouve l'ennemi de la démocratie, de la pluralité des opinions et de la liberté (privée) des pratiques religieuses ? Faudrait-il revenir trois siècles en arrière et instaurer une monarchie de droit divin pour rassurer les religieux, inquiets sans doute des appels au meurtre d'athées assoiffés de sang ?

Que notre président se prête aux simagrées consistant à lui conférer le titre "d'unique chanoine honoraire" de Saint Jean de Latran, conformément à une tradition de quatre siècles, passe encore. Souligner les racines chrétiennes de la France et rappeler l'expression "fille aînée de l'Église" à la rescousse, au mépris des avancées de la civilisation que l'on doit aux athées ou à des individus pratiquant une autre religion, voilà qui devient fâcheux. Mais quel besoin pour autant de stigmatiser soudain la partie de la population la plus respectueuse et représentative des valeurs de la république ?

Rappelons-donc à notre président que, en tant que divorcé, il est excommunié de l'Église Catholique. Rappelons que son remariage n'est pas non plus reconnu par l'Église Catholique, pour qui il vit donc "dans le péché", chanoine ou pas chanoine. En le recevant, sans doute le Pape faisait-il preuve, à son sens, d'une grande tolérance à son égard, de celles qu'aucun athée n'a jamais nié à personne.

Faudrait-il s'en émerveiller ?

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