09 février 2007

Voyance. Lecture d'aura ou cymbales du Tibet... : c'est le vingt et unième salon Parapsy.

Par Emmanuèle PEYRET
LIBERATION.FR
Salon Parapsy, Espace Champerret (Paris XVIIe), jusqu'à dimanche (www.salonparapsy.com)

Ça sent l'arnaque dès la cafet : 2,90 euros une petite bouteille d'eau ? Ensuite, il n'y a qu'à se balader entre les stands du village du destin installés au 21e salon Parapsy, au milieu des tarots, boules de cristal, taches d'encre, lecture d'aura (oui, lecture d'aura) pour piocher dans le n'importe quoi. Lecture du subconscient avec les cloches tibétaines, clairaudience vibratoire avec les coquillages des Philippines, voyance par les bols chantants du Népal ou par les cymbales du Tibet, sans parler des confs' sur les anges gardiens et les contacts avec les ovnis, et allez donc. Au moins c'est drôle, pas comme cette étrange tribune où se succèdent divers «voyants» ou parapsys, donc, pratiquant ce qui semble une vision flash et gratuite dans une bougie, des fleurs en plastique ou dans le vague.
Bateleur. En direct sur la tribune, le ou la voyante fait la démonstration de ses talents de lecture du futur, présenté par une sorte de bateleur qui recommande vivement, une fois faite la preuve des talents de l'artiste, d'aller sur son stand raquer la consultation. De la pub, quoi. Celle-ci, qui se dit «astrologue pluridisciplinaire», est assez revêche, demande à la dame de tirer une carte sur la table posée sur le podium, ricane, «oui, vous êtes très petite mais vous allez y arriver», et lui intime de poser sa question : «Vais-je trouver du travail dans la bijouterie ?» Réponse : «Oui.» Rachid : «Est-ce que j'aurai le concours que je passe ?» Réponse : «Oui.» Jean-Marie : «Vais-je retrouver du travail ?» Réponse : «Oui.» La dame n'est pas contrariante mais n'aime pas être contrariée : «J'ai dit une question, c'est une seule question», rétorque-t-elle au consultant qui lui demande «quand ?».
Un peu plus loin, au village du destin, une géomancienne (on renonce vite à comprendre l'abscons salmigondis que servit la dame pour expliquer son art divinatoire) parle chiffres. «Nous, au village du destin, la consultation est fixée par les organisateurs à 50 euros, nous touchons dessus 15,24 euros mais ne payons rien pour l'emplacement. De l'autre côté du salon, vous avez tous ceux qui ont payé environ 3 000 euros pour un box et dix jours de salon», explique obligeamment la jeune femme. «Et il leur faut bien cinq jours de consultation à 70 euros pour rentabiliser.» On comprend pourquoi l'ensemble de la profession, «ici environ 130 voyants», poursuit la géomancienne, racole avec tact dans les ruelles du salon, chacun devant son stand, «Je vous offre un stylo ?», «Un petit renseignement ?», «Je vous donne ma carte ?».
Podium. Tiens, une nouvelle artiste sur le podium qui lit l'avenir à très grande vitesse dans une bougie où elle passe une allumette. On choisit les gens pour les questions, curieusement ce sont les mêmes que tout à l'heure mais avec d'autres interrogations. Ce coup-ci, Rachid veut savoir s'il va trouver l'amour, Martine, qui tout à l'heure demandait si ça allait coller avec Roland, cherche du boulot dans le commerce... Des figurants ? Assise devant son box, une dame d'un certain âge au regard fixe confie avoir hérité son don de son arrière grand-mère bretonne qui guérissait les brûlures par imposition des mains. Alléchée, on s'assit près d'elle, pour entendre une fascinante complainte contre l'euro et la vie qui se déglingue, qu'en général elle prend 70 euros par consultant, «sauf à ceux qui ont vraiment du mal, quelque part je suis humaine», et sur cette activité qu'elle ne pratique pas à plein temps : «pas envie de payer plein de charges». Manifestement tout à fait extralucide, elle conclut l'entretien par un «vous y croyez pas, vous, hein, à la voyance». Bien vu.

Aucun commentaire: