26 février 2007

La science pour comprendre la spiritualité

lundi 26 février 2007, 18h50

PHILAPELPHIE (AP) - Dieu existe-t-il hors de l'esprit humain ou est-il une création de notre cerveau? Pourquoi croyons-nous en des choses que nous ne pouvons prouver, que ce soit la vie après la mort ou les objets volants non identifiés (OVNIS)? Le nouveau Centre pour la spiritualité et l'esprit, à l'Université de Pennsylvanie, cherche les réponses dans l'imagerie cérébrale.

"Très peu de gens s'intéressent à la spiritualité d'un point de vue neurologique, du côté cérébral", explique le Dr Andrew Newberg, directeur du Centre. Par ailleurs spécialiste de médecine nucléaire, il a co-écrit trois livres sur la relation entre science et spiritualité. Son centre créé en avril abrite d'ailleurs une équipe multidisciplinaire de chercheurs qui s'intéressent au sujet tant d'un point de vue biologique, que psychologique, social et idéologique.

"Le cerveau est une machine croyante, parce qu'il se doit de l'être", estime le Dr Newberg. "Les croyances touchent toutes les parties de nos vies. Elles font de nous ce que nous sommes. Elles sont l'essence de notre Etre."

Toutefois la spiritualité et la croyance ne relèvent pas forcément de la foi religieuse, souligne-t-il. La sensation d'édification ou de bien-être que certains retirent de la religion peut être trouvée pour d'autres dans l'expression artistique, la méditation non religieuse, la contemplation d'un beau coucher de soleil ou encore l'écoute de musique émouvante. "Les athées possèdent aussi un système de croyance."

Dans l'une des études, Andrew Newberg et ses collègues ont observé les cerveaux de chrétiens Pentecôtistes doués de glossolalie, la capacité de parler des langues étrangères que l'on n'a jamais apprises, puis quand ces mêmes personnes chantaient du gospel. Il est apparu à l'imagerie que le centre du langage des sujets doués de glossolalie était moins actif que celui des chanteurs. D'où l'équipe du Dr Newberg en déduit que lorsque l'on parle des langues inconnues, cela vient d'une autre partie du cerveau qui reste à déterminer.

D'autres études récentes se sont penchées sur les cerveaux des moines tibétains pendant la méditation, et sur ceux de religieuses franciscaines en train de prier pour les comparer aux images des mêmes cerveaux au repos.

Parmi les changements observés, les deux groupes ont présenté une diminution de l'activité dans les zones du cerveau en rapport avec la conscience de soi et l'orientation spatiale, ce qui suggère la description du sentiment d'unité avec Dieu ou de transcendance trouvée dans la méditation et la prière. Par ailleurs, la méditation et la prière augmentent le niveau de dopamine, l'hormone du plaisir.

"L'esprit et le corps sont les deux facettes d'une même pièce. Maintenant que nous connaissons certains des mécanismes qui y entrent en jeu, cela devient de mieux en mieux compris", estime le Dr Daniel Monti, qui dirige le centre médical de l'hôpital de l'Université Thomas Jefferson. Cet établissement enseigne notamment aux personnes souffrant d'un cancer, d'une douleur chronique ou d'autres problèmes de santé à intégrer la méditation ou un régime alimentaire adapté à leur thérapie conventionnelle.

"Aujourd'hui, on accepte qu'un traitement vraiment efficace ne se résume pas à la prise d'un comprimé", se félicite le Dr Monti. De son côté, le Dr Newberg étudie actuellement les effets de la méditation sur les personnes atteintes de démence légère ou en début d'Alzheimer.


La science pour comprendre les mécanismes cérébraux des croyances, oui. Pour comprendre la 'spiritualité', c'est une autre affaire. Comparer des choses aussi diverses que l'appréciation d'une musique, d'un coucher de soleil d'un côté et les croyances religieuses de l'autre, sous prétexte que les deux procureraient un même type de bien-être, paraît très discutable. Tout cela ne risque pas de concerner les croyants ni les athées.

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